Athlétisme

Des championnats d'Europe d'athlétisme avec vue sur Rio

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Poste Le 5 juillet 2016 par adminVO2

Présentation des championnats d’Europe d’athlétisme, qui s’ouvrent ce mercredi 6 juillet à Amsterdam, deux ans après la razzia de Zurich pour les Français. 
Ces 22e championnats d’Europe auront un très fort goût de Jeux Olympiques. Et pas seulement parce qu’ils vont se disputer dans l’écrin de l’Olympisch Stadion, qui avait accueilli les Jeux en 1928. Plus sûrement parce que le rendez-vous brésilien se rapproche à grands pas.
Si bien que l’épreuve continentale, désormais organisée tous les deux ans, est quand même dévaluée en année olympique et va sonner comme une sorte de répétition générale : si les athlètes montent en puissance, les pics de forme sont attendus pour le mois d’août, sans compter que certains font l’impasse.
Il y en a un que ça ne dérange pas, c’est le chef d’orchestre Renaud Lavillenie. Champion d’Europe en 2010 à Barcelone, en 2012 à Helsinki, puis en 2014 à Zurich, il visera un quatrième titre continental en plein air. Et il pourrait bien aller chercher la première barre à six mètres de son été, après s’être emparé de la meilleure performance mondiale de l’année aux France Elite à Angers il y a dix jours (5,95 m).
Jimmy Vicaut aura la grosse pancarte de favori sur la ligne droite. Blessé en 2014 à Zurich, fort de ses 9’’86 (désormais 3e chrono mondial, l’homme-qui-est-censé-allé-plus-vite-propre-que-dopé-Justin-Gatlin ayant claqué 9’’80 aux sélections US, devant Trayvon Bromell, 9’’84), il est lancé vers son premier titre continental et ses adversaires vont devoir s’accrocher pour prendre sa roue.
Les 9 »86 de Jimmy Vicaut à Montreuil :

Mais il ne s’alignera pas avec le relais 4×100 m. On avait pourtant cru comprendre l’an passé à Pékin que le staff et collectif tricolore étaient enclins à mettre les moyens dans l’optique de glaner une médaille à Rio. Visiblement non ! Pourtant, à un gros mois des Jeux, sûr que la répétition eût été utile…
Christophe Lemaitre avait lui prévu de s’aligner et sur 100 m, 200 m et le relais. Mais une légère lésion au mollet contractée à l’issue des séries du 100 mètres aux France où il avait réalisé pile poil les minima (10’’09) a rendu caduque ses ambitions. Il préfère logiquement ne pas prendre de risque en vue des JO.
Fort d’un ébouriffant record de France (1’42’’53), il était le grand favori il y a deux à Zurich. Mais Pierre-Ambroise Bosse avait perdu ses moyens (lire ici), à quelques secondes du départ, finissant à une anonyme huitième place. Très impressionnant cet été, il domine les bilans européens (1’44’’51 à Rabat où il s’était imposé pour la première fois de sa carrière en Ligue de Diamant), et le maillot jaune l’attend au bout des deux tours de piste. Mais gare notamment au tenant du titre Adam Kszczot, 4e au bilan européen (1’44’’99) mais redoutable en championnat (vice-champion du Monde l’an dernier à Pékin, dans une course où Bosse avait pris la 5e place).
Ce sera en tout cas une bonne préparation, en configuration championnats –qui sous-entend donc une course tactique- avant son grand objectif à Rio.
Le 800 à Zurich il y a deux ans :
https://youtu.be/3l5PwAgGFuA
Même topo pour Rénelle Lamote, qui, nonobstant un hiver difficile (lire ici), affiche la meilleure référence européenne en 1’58’’01 (record personnel), une seconde devant la Britannique Lynsey Sharp. Aux France à Angers, la championne d’Europe espoir avait fait forte impression en allant chercher le titre devant Justine Fedronic (6e au bilan européen, 1’59’’86) au terme d’une très grosse dernière ligne droite.
Ce 800 mètres féminin aura une saveur particulière, puisque la lanceuse d’alerte Yuliya Stepanova, l’une des principales protagonistes du scandale de dopage et de corruption ayant touché la Russie et l’IAAF, qui vit désormais cachée et recluse avec son mari et sa fille aux Etats-Unis, prendra le départ des séries.
Sur 1 500 mètres, le triple champion de France Florian Carvalho, deuxième en 2012 et actuellement en ballottage pour une sélection aux Jeux, fera parti des favoris, alors que le demi-finaliste mondial Morhad Amdouni aura sans doute aussi son mot à dire.
Si l’intérêt de ces championnats d’Europe est à géométrie variable selon les athlètes, ils devraient permettre à Mahiedine Mekhissi de monter crescendo vers les Jeux Olympiques, lui qui a besoin de courses pour reprendre confiance. Cette fois-ci, promis, il n’entonnera pas le même refrain et n’enlèvera pas son maillot dans la ligne droite finale…comme à Zurich il y a deux ans, où le titre était revenu à Yoann Kowal (Mekhissi avait réagi deux jours plus tard en s’adjugeant le 1 500 m).
La fin du steeple à Zurich :

Un Yoann Kowal absent aux France élite  (mollet touché après avoir tapé une barrière à l’entraînement) qui sera bien présent à Amsterdam, fort du meilleur chrono des engagés (8’17’’83, Mahiedine Mekhissi est troisième avec 8’20’’10, alors que Dijali Bedrani, pour son premier grand championnat chez les seniors, affiche la 8e marque européenne de la saison, 8’28’’34).
Toujours du côté du demi-fond et du fond, Christelle Daunay sera en lice dès mercredi soir sur le 10 000 mètres, épreuve disputée dans le cadre de sa préparation pour le marathon olympique, le gros objectif de sa saison, alors que Clémence Calvin a déclaré forfait, de même que sur le semi-marathon (elle devait s’aligner sur les deux épreuves).
Un semi-marathon qui remplace le marathon, année olympique oblige, et pour lequel l’équipe de France présente un collectif bancal, où les états de forme paraissent pour le moins hétéroclites (sélectionnés, Séverine Hamel, James Theuri et Romain Courcières n’ont pas réalisé le niveau de performance requis, 1h15’ et 1h04’, de même que Timothée Bommier – ce dernier a dû déclarer forfait en raison d’un souci au psoas).
Sinon, Floria Gueï, deux ans après son exploit sur le relais 4×400, apparaît en plus d’être la leader de ce collectif en bonne position pour décrocher son premier podium individuel, voire le titre, à ce niveau de compétition (en tête du bilan européen). Elle figure parmi les valeurs sûres de cette équipe de France, au même titre que Mélina Robert-Michon, Dimitri Bascou et le très talentueux Wilhem Belocian (110 m haies), alors qu’Alexandra Tavernier (marteau), Jeanine Assani Issouf (triple saut), Kévin Ménaldo (perche) peuvent briguer une médaille.
Le dernier relais de Floria Gueï à Zurich :

De son côté, Romain Barras aura pour objectif de réaliser les minima olympiques, lui qui se bat pour recouvrer son meilleur niveau en jonglant entre une multitude de blessures (lire ici). Dans le cas contraire, le champion d’Europe 2010 mettra un terme à sa carrière comme il l’a souligné hier.
Tous les engagés : cliquez-ici.
La sélection française : cliquez-ici.
Le programme complet : cliquez-ici.
Photo de une : Rénelle Lamote aux Mondiaux de Pékin (Julien Crosnier / KMSP).

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