Cross Country

Aurore Guérin : « Je n’ai jamais autant souffert »

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Poste Le 1 avril 2015 par adminVO2

La vice-championne de France de cross a pris part à ces premiers Mondiaux de cross samedi 28 mars à Guiyang en Chine, terminant 58e, dans la foulée d’un dernier tour au courage.
Ces derniers mois, Aurore Guérin a la justesse d’une biathlète. Vite sur les jambes, précises dans ses cibles. A l’occasion de sa première sélection en équipe de France en décembre dernier aux Europe de cross, elle escomptait terminer « entre la 25 et la 30e place ». Résultat ? 27e.
France de cross, 1er mars. « J’aurais été contente si j’avais fait 5e ». Elle est finalement montée sur la 2e marche du podium. « C’était inespéré. Je n’ai jamais eu de médaille aux France jeunes, alors chez les seniors…ce n’était possible. Après, il manquait pas mal de monde. J’ai juste tenté ma chance ».
Quinze jours plus tard, elle matérialise sa forme en claquant un très gros temps sur 10 km, à Bayeux, explosant son record de plus d’une minute (33’33’’). « Cela permet de confirmer ma place et de jauger mon niveau avec un chrono » relève t-elle
Viennent alors les Mondiaux de cross, ses premiers, et pour lesquels elle a hésité dans un premier temps à participer, avec son coach Loïc Lettelier. « Il y avait déjà le long déplacement. Je n’avais pas de passeport et je ne savais pas trop si j’allais avoir le temps de l’avoir. La saison a aussi été assez longue. Je me demandais si j’allais tenir jusqu’à fin mars. Mais on a pesé le pour et le contre avec Loïc et on s’est dit que ça serait enrichissant si j’y allais ».

« Je ne savais pas si je courais vite, ou pas »

 
A la suite des foulées de Bayeux, l’accent a surtout été mis sur la fraîcheur. « Il a juste fallu que je pousse mentalement. Et il y avait du monde à côté pour me remobiliser et m’encourager » glisse Aurore Guérin.
En Chine, elle espérait terminer parmi les 60 premières, et s’était fixée un « petit challenge perso ». En 2004 à Bruxelles, Loïc Lettelier avait pris la 59e place des Mondiaux sur le long (49e deux plus tard pour la dernière édition des Mondiaux de cross court). A l’arrivée, la sociétaire de l’Ea Mondeville Hérouville a pris…la 58e place. « Loïc m’a dit que je l’avais fait exprès » sourit-elle.
« Je suis satisfaite de ma place. Je ne regrette pas d’avoir fait le déplacement. C’était enrichissant et j’ai appris des choses. J’avais quatre boucle (de deux km) à faire, et j’ai souffert comme jamais sur le dernier tour. Je pense que j’ai mal géré ma course. J’ai voulu suivre un groupe et je pense que je suis partie trop vite (45e au premier tour). Je me suis battue contre moi pour finir et tout donner jusqu’à la ligne. Et avec l’altitude (un peu plus de 1 000 mètres), je n’arrivais à ventiler. J’ai aussi appris sur tous les à-côtés. Comme j’étais la seule senior, il a fallu que je me prenne en main. Je me sentais un peu seule dans la chambre d’appel. Je n’étais pas non plus stressée avant le départ, et les dirigeants m’ont accompagnée avant le départ ».

« Ça me donne encore plus de motivation pour progresser et gagner des places»

 
Par rapport au rendez-vous continental de Samokov en décembre dernier, Aurore Guérin n’avait « aucun repère. Aux Europe, il y avait les filles (de l’équipe de France) avec moi. Je savais donc à peu près où je me situais. Là, je ne savais pas si je courais vite, ou pas. C’était un peu déstabilisant ».
Et aux Mondiaux, le niveau et la densité sont de facto plus élevés. « J’ai l’habitude de partir vite. Aux France, j’étais vite devant. Là, je suis partie encore plus vite et j’étais dans les 50. Je n’ai rien vu des Kényanes et des Ethiopiennes durant la course. Elles étaient déjà parties au bout de 200 m. C’est impossible de suivre la cadence » raconte t-elle.

A l'arrivée des France de cross (Photo Yves-Marie Quemener)
A l’arrivée des France de cross (Photo Yves-Marie Quemener)
Pas difficile justement de figurer dans une sorte de « seconde » course dans la course ? « On m’avait dit de ne pas m’affoler, que je serais à l’arrière du peloton. J’étais préparée à ça. Je ne me suis pas occupée des filles devant. Je me suis concentrée sur moi. Il faut faire abstraction de la place où l’on se trouve » reprend la vice-championne de France, dont l’envie est décuplée.
« Ça me donne encore plus de motivation pour progresser et gagner des places, si j’ai la chance de refaire une compétition comme ça. Là, j’ai du boulot à faire ».
Place désormais à « minimum » une semaine de repos, bien méritée. Avant de basculer sur la piste, et les Interclubs comme premier rendez-vous en mai, puis le 5 000 m. L’an passé à Carquefou, Aurore Guérin avait battu son record perso (16’19 »71). Dans le sillage d’une inextinguible progression (« pourvu que ça ne s’arrête pas, j’espère continuer à gravir les échelons »), les 16’ seront dans son viseur.
« 15’59’’, ça serait pas mal ». La cible est ajustée…

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