Athlétisme

Europe indoor : sur la route de Pékin

Partager
Poste Le 5 mars 2015 par adminVO2

Les championnats d’Europe indoor, qui débutent ce jeudi 5 mars avec les qualifications du poids et de la longueur, s’achèvent ce dimanche 8 mars. 27 Français seront en lice dans la capitale tchèque pour ce premier championnat depuis la razzia suisse, à quelques mois des championnats du Monde de Pékin, objectif majeur de l’année. Présentation.
Dans le sillage de cinq champions d’Europe suisses (Eloyse Lesueur, Antoinette Nana Djimou, Yoann Kowal, Renaud Lavillenie ainsi que les relayeuses du 4×400 m), l’équipe de France retrouve le goût des championnats après le record de médailles établit à Zurich en août dernier (lire le bilan ici). Une équipe de France forte de quelques leaders, donc, mais pas que, certains ayant fait l’impasse sur le rendez-vous pour se concentrer exclusivement sur la saison estivale.
Les Bleus avaient glané neuf médailles à Göteborg lors de la précédente édition en 2013 (trois en or), et douze en 2011, à domicile à Bercy (cinq en or).

Lavillenie, encore marquer l’histoire

La performance de Renaud Lavillenie sera comme à l’accoutumée très suivie, lui qui vise un quatrième titre continentale indoor consécutif, ce qui n’a jamais été réalisé par le passé. Le Clermontois, auteur de quatre concours à six mètres et plus cet hiver, pourrait bien de nouveau s’attaquer à son propre record du Monde (6,16 m), après l’avoir titillé à Nevers, Berlin (6,17 m) et Aubière (6,18 m).

Les 6,02 m de Renaud Lavillenie à Berlin, meilleure perf mondiale de l’hiver :

http://youtu.be/Dn5KWdILL2A
Le Polonais Piotr Lisek, auteur d’un saut à 5,90 m cet hiver (record personnel) sera un concurrent sérieux, alors que Valentin Lavillenie (5,80 m cet hiver) et Kévin Ménaldo, bronzé à Zurich, lorgneront un podium qui s’annonce très ouvert. En 2011 à Paris, il y avait eu un doublé français avec Jérôme Clavier en argent derrière Lavillenie.
Eloyse Lesueur, championne du Monde indoor l’année dernière à Sopot en Pologne et qui apprivoise sa nouvelle technique du double ciseau, sera en lice pour le titre à la longueur, de même que le relais 4×400 m, où figurent trois des six médaillées de Zurich (Marie Gayot, Floria Gueï et Agnès Raharolahy, ces trois là avaient couru la finale).

Le relais 4x400 m vainqueur à Zurich et honoré aux France Elite à Aubière (Photo Yves-Marie Quemener)
Le relais 4×400 m vainqueur à Zurich et honoré aux France Elite à Aubière (Photo Yves-Marie Quemener)
Individuellement, Floria Gueï et Marie Gayot auront aussi un bon coup à jouer. La première a réalisé avec brio les minima (52’’34) lors du dernier jour qualificatif à l’occasion des interrégionaux à Lyon le 22 février, au lendemain de sa disqualification en séries aux France Elite (52’’92, pour avoir marché dans le couloir intérieur). Il s’agissait seulement de son second 400 m de l’hiver, Floria Gueï ayant dû observer une période de repos de dix jours après s’être déchiré l’ischio gauche (stade 2) sur un 200 m début février. « J’avais un petit stress car ça fait trois ans que je n’ai pas fait de 400 m en salle. Je suis en forme sur la vitesse. J’en avais encore sous le pied » avait-elle dit à Aubière. « Psychologiquement, j’ai un peu plus confiance en moi » avait ajouté celle qui a conclu un 300 canon à Metz le 25 février (37’’07) et  qui avait ébaubi la planète athlé (et au-delà) lors de son fameux dernier relais à Zurich.
De son côté, Marie Gayot a impressionné en finale des France, claquant en solitaire un solide 52’’14, à quelques encablures de son record perso (51’’98, 2013). La Britannique Seren Bundy-Davies est la seule à être descendue sous les 52’’ cet hiver (51’’72).

Souvenir de Zurich…


Double tenante du titre (Paris 2011 et Göteborg 2013) et victorieuse à Zurich (après Helsinki en 2012), Antoinette Nana Djimou visera la passe de cinq à Prague, dans une pentathlon qui s’annonce féroce avec la Britannique Katarina Johnson-Thompson, la Néerlandaise Nadine Boersen, la Biélorusse Yana Maksimava, l’Ukrainienne Alina Fyodorova ou encore la Belge Nafissatou Thiam.

Un triplé sur les haies ?

Fort d’une insigne régularité cet hiver autour des 7’’50 et une performance pointe de 7’’48, Dimitri Bascou sera le favori du 60 m haies. Et l’athlète coaché par Giscard Samba escompte bien glaner sa première médaille internationale, lui qui fut le très éphémère médaillé de bronze européen à Zurich (lire ici). Auteur d’une éclatante performance à Aubière (7’’53), Wilhem Belocian, champion du Monde junior, disputera son premier championnat international chez les seniors.
« Je n’aime pas trop perde. Je me transcende, je me dis que c’est aujourd’hui, je me dis de reproduire ce que j’ai fait à l’entraînement. Et voilà » relevait en toute placidité l’élève de Ketty Cham et Rico Vaitilington (et Olivier Vallaeys quand il s’entraîne en France) pour expliquer sa propension à se dépasser dans les gros évènements (Mondiaux cadets 2011, Mondiaux juniors 2012, Europe juniors 2013, Mondiaux juniors 2014 notamment) et qui a retardé pour le coup son retour à la Guadeloupe, prévu initialement au surlendemain des France Elite.

Wilhem Belocian (Photo Yves-Marie Quemener)
Wilhem Belocian (Photo Yves-Marie Quemener)
Belocian engloutit les obstacles quatre à quatre, et ça pourrait continuer à Prague…alors que Pascal Martinot-Lagarde aura bien évidemment son mot à dire. Crédité de 7’’63 pour sa rentrée, le médaillé d’argent mondial à Sopot l’hiver 2014 s’était ensuite blessé, mais un dernier test probant effectué mardi 24 février lui a donné le feu vert. De là à imaginer un podium estampillé 100 % Français ?
Marion Fiack, recordwoman de France cet hiver (4,71 m) briguera de son côté un podium à la perche, de même que Kafétien Gomis. Les adversaires du médaillé de bronze zurichois sont prévenus : le Lillois, apprécié de tous en équipe de France, ne lâche jamais rien et son sixième essai, redoutable comme il l’a de nouveau démontré à Aubière aux France Elite (8,18 m : minima et meilleure perf mondiale par la même), pourrait lui permettre de décrocher un nouveau podium continental (avec également l’argent à Barcelone en 2010 et l’argent à Paris en indoor en 2011). Sur la plus haute marche ?
Pourquoi pas une belle surprise avec Gaël Quérin et Bastien Auzeil à l’heptathlon, après leur convaincante performance à Aubière (6 065 points pour le premier ; 5 999 pour le second).

Des espoirs en demi-fond

Côté demi-fond, Rénelle Lamote va poursuivre son apprentissage du très haut niveau avec son deuxième championnat internationale chez les seniors. Eliminée en demi-finale à Zurich, l’athlète coachée par Thierry Choffin, recordwomen de France espoir du 800 m (2’01’’97, lire ici), a à cœur de prendre « sa revanche », comme elle le soulignait aux championnats de France Elite à Aubière (lire ici).

Photo Yves-Marie Quemener
Photo Yves-Marie Quemener
Si tout est possible en finale (dimanche), il faudra au préalable contourner les pièges en séries (vendredi) et demi-finale (samedi). La meilleure performeuse mondiale de l’année, la Britannique Jennifer Meadows (1’59’’21, la seule à être passée cet hiver – à deux reprises- sous les 2’) partira avec les faveurs des pronostics, sans oublier la junior islandaise Anita Hinriksdóttir, championne du Monde cadette puis championne d’Europe junior en 2013, qui dans son style heurté si singulier, a battu cet hiver le record d’Europe junior de la distance (2’01’’77). A noter également la présence de la locale Zuzana Hejnova, championne du Monde 2013 du 400 m haies, et qui pourrait faire valoir sa pointe de vitesse en cas de course tactique (elle a couru en 2’03’’60 cet hiver).

Jennifer Meadows, meilleur chrono de l’année sur 800 m, à Vienne : 


Passer en finale, ce sera aussi l’objectif du champion de France Brice Leroy, qui a trouvé les conditions idoines pour poursuivre sa progression (lire ici) et de Paul Renaudie, qui avait réalisé les minima au tout dernier moment, alors que le Polonais Marcin Lewandoswki, 3e meilleur performeur de l’hiver, possède a priori une marge substantielle sur sa concurrence, fort de ses 1’45’’78 réalisés (son compatriote Adam Kszczot, 1’45’’77, cet hiver, n’est pas engagé), même si sur ce genre de course tactique, tout est possible, a fortiori en indoor.
Auteur d’une très grosse rentrée à Karlsruhe sur 1 500 m, Yoann Kowal est depuis beaucoup moins tranchant. Pas à son aise aux championnats de France, le champion d’Europe du steeple a eu un peu moins de 15 jours pour recouvrer les bonnes jambes.
Remember Zurich : Yoann Kowal fut tout près de passer à la trappe en séries sur le steeple, avant d’être en bien meilleure forme trois jours après pour la finale. Son stage probant en Afrique du Sud et ses 3’39’’22 à la sortie de celui-ci attestent de ces capacités.
Le médaillé de bronze 2009 sur la distance (à Turin) fait donc partie des sérieux outsiders afin de jouer les empêcheurs de tourner en rond, ce qui ne manque d’ailleurs pas de sel sur l’anneau de 200 m…
L’Allemand d’origine éthiopienne Homiyu Tesfaye fait figure de (très) grand favori dans la foulée de ses (très) impressionnants 3’34’’13 (meilleur chrono mondial de l’année).
Avec ces qualités de miler, Florian Carvalho a les moyens de s’immiscer sur le podium du 3 000 m, où il retrouvera –entre autres- le Norvégien Henrik Ingebrigtsen, champion d’Europe en 2012 et médaillé d’argent sur 1 500 m à Zurich derrière Mahiedine Mekhissi. Il faudra au préalable passer l’écueil des séries.
Parmi les têtes d’affiche continentales, à suivre la double championne d’Europe sur 100 et 200 m Dafne Schippers (60 m), la supersonique Néerlandaise Sifan Hassan qui visera le doublé 1 500 m – 3 000 m, le champion du Monde indoor 2014 Pavel Maslak sur 400 m, qui évoluera à domicile (il domine les bilans mondiaux cet hiver avec 45’’27) ainsi que l’Allemand David Storl au poids dans un concours où l’on retrouvera deux Français qui avait mis l’épreuve à l’honneur aux France à Aubière, Tumataï Dauphin (20,10 m), et Gaétan Bucki (20,09 m).
Le programme : cliquez-ici.
Tous les engagés : cliquez-ici.
La sélection française : cliquez-ici.
Ces Europe indoor sont à suivre sur France Ô et Eurosport.
Photo de une : Twitter FFA

X