Athlétisme Cross Country Route Trail

La FFA s'attaque au hors stade et au running

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Poste Le 17 décembre 2015 par adminVO2

La FFA a noué un partenariat avec la société Golazo afin d’organiser des courses hors stade. Une société, France Running Evènements, a été créée.
La Fédération Française d’Athlétisme (FFA) ne veut pas (plus) être à la remorque du hors stade, comme ce fut le cas lorsque les courses sur route se sont développées à l’orée des années 70 et 80.
« J’avais annoncé lors du sommet de la course à pied que l’on allait devenir un acteur de la course à pied (lire ici) » expose le président de la FFA Bernard Amsalem.
« On s’est ensuite demandés comment le faire. Soit on le fait directement en tant que Fédération, soit par l’intermédiaire d’une société extérieure. La licence hors stade puis le pass running n’ont pas été un grand succès. Toutes les tentatives fédérales n’ont pas abouties. On se rend compte aujourd’hui que le marché s’est développé loin de la Fédé, ni par l’intermédiaire des clubs ni par l’intermédiaire des structures déconcentrées de la Fédé – très peu sont engagées même s’il y a en quelques unes ».

Bernard Amsalem lors du sommet sur la course à pied en mars dernier (Photo KMSP / Stéphane Kempinaire)
« A partir du moment où le mouvement n’est pas priorisé par nos acteurs, nous avons pensé qu’une société privée extérieure, très affiliée à la Fédé puisque nous avons 50% de parts, pouvait être une bonne entame, car aujourd’hui la course  à pied est un marché et il faut avoir les mêmes outils que ceux qui sont dans le business –il ne faut pas avoir peur des mots. Il faut se situer à égalité de stratégie, de vision, d’objectifs etc… » poursuit Bernard Amsalem, qui glisse : « En athlétisme, on sait parfaitement organiser ce qui coûte mais on a du mal à organiser ce qui rapporte. Aujourd’hui, notre objectif est de faire les deux et faire en sorte que ce qui rapporte puisse alimenter ce qui coûte ».
Cette société se nomme France Running Evènements (« les statuts sont en cours de validation juridique »), et sera déclinée France Running Events « à l’étranger, car l’objectif est aussi d’attaquer les marchés à l’extérieur, comme en Europe. Pourquoi pas ailleurs que l’Europe ».
Différents circuits
Lors du sommet sur la course à pied en avril, le DG d’ASO (Amaury Sport Organisation, sous l’égide duquel sont organisés le marathon et le semi de Paris, les Run In etc…), Yann Le Moener, avait fait un pas vers la FFA. Mais cela n’a pas abouti et la Fédération s’est rapprochée de la société belge Golazo (et Golazo Sport France dans l’Hexagone, depuis avril 2014), organisatrice de pléthores d’évènements, et notamment très bien implantée en Belgique.
« Nous allons faire de la création. La première des opérations est l’Ekiden. Suite au succès de l’Ekiden de Paris et du partenariat avec la Fédé (1), on va décliner une série d’Ekiden dans de grandes métropoles en France, entre trois et cinq en incluant Paris » confirme Laurent Boquillet, consultant à Golazo.
Pourquoi l’Ekiden ? Car c’est une sorte de « niche » où aucun gros organisateur n’est encore impliqué. Ce qu’évoquait André Giraud il y a deux ans à la création de l’épreuve (lire ici).
Photo Yves-Marie Quemener
Photo Yves-Marie Quemener
« L’Ekiden est un produit intéressant. Nous (Golazo) avons un savoir-faire car nous avons un des plus gros Ekiden d’Europe à Bruxelles. Le but est de mêler notre savoir-faire Ekiden Golazo avec l’Ekiden FFA ».
Mais cela ne va pas s’arrêter là, loin s’en faut. « On a en prévision de développer toute forme de running, route ou trail, je ne peux pas vous donner tous les éléments car on communiquera en janvier. L’idée est de créer des circuits de marathons, de 10 km, de trail (mais autre chose que le TTN), avec des propositions nouvelles. Ce sont des choses qui n’existent pas encore. La vocation est d’être soit propriétaire de la course, soit copropriétaires – de l’organiser avec nos membres (club, comités, ligues) -, ou bien de racheter des courses existantes ici ou là, voire de répondre à des appels d’offre de collectivités. Nous nous placerons également sur ce marché » développe Bernard Amsalem. Des discussions sont ainsi très avancées avec le marathon de Toulouse.
La mise en place de ces circuits va se faire progressivement en 2016. « On a le temps devant nous. On ne va pas se précipiter. On veut bien s’installer dans le paysage et le faire de manière professionnelle ».
Courses à obstacles
Cette stratégie globale, articulée également autour d’un objectif d’animation territoriale (2), est aussi susceptible de se décliner sur le format des courses à obstacles. « Nous sommes les numéros un en Belgique avec le produit Spartacus ; nous en avons fait un en France à Fontainebleau en juin. L’idée est d’amener un savoir-faire que l’on a en Belgique ou en Europe, pour faire des choses en France en collaboration avec la Fédé (3) » indique Laurent Boquillet, également directeur du meeting de Paris, « propriété » de la FFA.
« Le ministère nous a demandés de définir un règlement pour les obstacles, la sécurité, tout çà » explique Bernard Amsalem. « Nous avons fait des réunions où nous avons associé des organisateurs de Mud Day. Sur la base de ces réunions, nous avons fait des propositions au ministère des sports et nous attendons son retour. Je pense que nous aurons la délégation fin janvier. Et nous serons donc fonder à organiser ce genre de choses (NDRL : alors que des juges fédéraux seront chargés de contrôler si les règlements sont respectés lors de l’ensemble des courses à obstacles, « c’est notre délégation de service publique » dit Bernard Amsalem). Mais nous le ferons d’une autre manière. On ne veut pas se placer dans un cadre concurrentiel là-dessus. C’est aussi une opportunité pour de redévelopper le cross si on l’adapte en fonction des règlements que l’on va pouvoir obtenir de la part du ministère ».
Le président de la FFA rappelle qu’à l’origine, le cross country consistait à faire courir des athlètes sur des hippodromes –à la manière « des chevaux »- avec des obstacles à franchir.
Comment « redonner vie au cross » ?
« A Hyères (aux championnats d’Europe de cross), les buttes, les obstacles, c’est un début de retour aux sources du cross (des buttes sont aussi installées artificiellement sur d’autres cross, ndlr). Si effectivement on va encore plus loin, avec des obstacles plus “carencées“, on pourra apporter quelque chose de nouveau à ceux qui ont envie de courir librement ».
L’objectif est de mettre en place des manifestations l’hiver prochain, « pour redonner vie au cross ». Il ne faudrait pas non plus dévoyer l’esprit originel –car il est inconcevable d’imaginer un gros cross (et à terme un France ou un Europe de cross) où il faudrait ramper sous des barbelés… Les contours de ce « new cross » sont encore flous.
Liv Westphal, Christelle Daunay et le peloton seniors dévalent l'une des buttes aux championnats d'Europe de cross dimanche dernier (Photo Jean-Luc Juvin)
Liv Westphal, Christelle Daunay et le peloton seniors dévalent l’une des buttes aux championnats d’Europe de cross dimanche dernier (Photo Jean-Luc Juvin)
« Je suis d’accord, c’est de la course. Il y a un point de départ et un point d’arrivée et entre les deux des difficultés. Ces difficultés, il faut qu’elles soient convenables, il ne faut pas que ça soit les jeux du cirque. En quelque sorte, on ne se place pas sur le même terrain que les Mud Day. On pourra garantir la sécurité total aux participants, personne n’attrapera de maladie parce que l’eau était polluée » reprend Bernard Amsalem.
Titre de participation (TDP)
Laurent Boquillet : « L’important est de structurer les compétitions de running en France, via les clubs et les Ligues, afin qu’une manière de parler aux runners non licenciés puisse être mise en place, et éventuellement leur donner envie de prendre une licence. Et cela passe souvent par le fait de faire une compétition. Si l’organisation de la compétition est maîtrisée par le club ou la Ligue, via ce qui est mis en place par la FFA et Golazo, c’est plus simple d’essayer de convertir un runner en licencié » relève l’instigateur de la grande Entente au Mans, effective au 1er janvier prochain, et qui obéit aux mêmes principes que la FFA, à une échelle différente : allier l’athlé de haut niveau et l’athlé santé/loisir.
« Oui, il y a au LMA 1 200 licenciés, avec 600 marcheurs nordiques, 200-300 runners et 400 qui pratiquent l’athlé pur. Tous vivent bien ensemble. C’est une question de bien équilibrer les choses, de faire en sorte que l’on porte de l’attention à toutes les familles. C’est faisable et c’est un modèle vertueux ».
Bernard Amsalem lors de la conférence de presse pré-championnats d’Europe de cross à Hyères (Photo Q.G)
Une passerelle va être mise en place entre le coureur non licencié et le coureur licencié, par le truchement du titre de participation (4) (qui avait tant fait polémique en mars dernier). « Chaque coureur paie un droit d’inscription. Dans les courses dont on aura la propriété (NDLR : ou avec lesquelles il y aura un accord), il y aura une petite partie –aujourd’hui on est autour de trois, quatre euros- qui sera le titre de participation et qui permettra à la personne engagée dans la course d’avoir un lien et des services auprès de la Fédération. On a crée J’aime Courir, site dédié à la course à pied (lire ici). Ce site sera accessible gratuitement à ces gens-là. La création d’une carte de fidélité est aussi envisagée pour leur permettre d’avoir des ristournes dans les engagements, des remises sur des achats de produits etc…Tout un tas de services vont être proposés » expose Bernard Amsalem, alors que le coureur licencié dans un club bénéficiera forcément d’une meilleure prise en charge que le runner qui possède seulement le TDP, par le biais des entraînements et des conseils distillés par les entraîneurs de clubs -le but étant que la Fédération capte le plus de coureurs actuellement non licenciés.
« Cela va se mettre en place en janvier et ça sera opérationnel à partir du printemps » conclut Bernard Amsalem.
Comme cela avait été souligné lors du sommet de la course à pied, le marché grandissant du running fait qu’il y a de la place pour de nombreux acteurs. Arrimée à Golazo, l’arrivée de la FFA pourrait cependant en faire frémir quelques uns…
(1) La société Golazo est intervenue « un peu l’année dernière mais pas cette année » dans l’organisation de l’Ekiden de Paris, glisse Laurent Boquillet.
(2) Bernard Amsalem précise : « Nous avons une délégation de service publique, et cette délégation ne concerne pas simplement la délivrance des titres de champions de France.  Cela va au-delà de çà, notamment sur le lien social,  le développement de l’animation sur tous les territoires. Nous souhaitons aller dans cette direction, car il y a à la fois un intérêt de développement, et une posture de nous mettre en face de nos responsabilités, suite à ce qu’il s’est passé cette année. 2015 a été terrible pour toute la société française. En tant que mouvement sportif, il faut que nous fassions des propositions. Il y a eu les attentats de Charlie Hebdo, de l’Hyper cascher, puis le Bataclan, tout le débat sur le régionales autour du Front National, tout ceci nous incite, nous Fédération, à nous impliquer encore plus que ce que nous faisons sur les territoires ».
(3) Golazo intervient déjà en France à travers les 10 km de Paris Centre, ainsi que le semi-marathon de Disney dont la première édition aura lieu en septembre 2016. La FFA n’est pas impliquée dans ces deux courses. En revanche, Golazo Sports France a organisé en tant que prestataire de la FFA l’évènement Paris Perche sur le parvis du Trocadéro, une semaine avant le meeting Areva (désormais meeting de Paris) fin juin 2014.
(4) Le code du sport permet d’avoir soit une licence, soit un titre de participation (lire ici), à l’image du Pass’Running.
Photo de une : Yves-Marie Quemener.

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