Paul Lalire, "du plaisir du 1 500 m au marathon"
Paul Lalire est l’une des bonnes surprises de l’année 2015. Il enchaîne les bonnes performances et vient notamment de courir en 1h04’48’’ sur semi-marathon à Reims. Portrait.
A 27 ans, on peut encore progresser, oui. Et ce quand bien même on n’a pas brillé dans les jeunes catégories ! Paul Lalire incarne l’archétype de cette trajectoire. « J’ai commencé en minimes 2, puis en cadets le demi-fond. Je n’étais pas forcément un athlète très performant et avec beaucoup de potentiel. J’ai recherché un peu, je valais 4’42’’ en cadet 1 et 4’37’’ en cadet 2 sur 1 500 m. Il n’y avait rien d’exceptionnel. Par contre, ça me plaisait vraiment et je voulais m’investir dans la course à pied » rappelle celui qui travaille à la direction départementale de la cohésion sociale de Côte d’Or en tant que conseiller à la jeunesse et sports (notamment en charge des subventions pour les clubs du département financées par le CNDS ainsi que des aides à l’emploi pour les clubs, à l’instar de Timothée Bommier).
Son ascension vers le top niveau français fut linéaire. « Il y a eu une progressivité ces dix dernières années avec bien sûr une augmentation de la charge de travail, avec encore un petit cap de passer ces deux-trois dernières années à ce niveau là. Il n’y a jamais eu de changement brutal mais toujours une continuité et une persévérance dans ce que j’ai pu faire, » explique celui qui fut coaché depuis ses débuts par Jean Theurel (ce dernier le conseille toujours un peu) et qui s’entraîne désormais seul, fort de ses connaissances. « J’ai un peu de libertés pour faire ma planif : c’est quelque chose qui me tient à cœur et j’entraîne à côté depuis 5-6 ans d’autres athlètes. Après, je m’entraîne au sein du club trois fois par semaine, et le reste du temps seul ou bien avec d’autres amis coureurs, comme (les Dijonnais) Alexis Miellet ou Fabien Palcau, régulièrement avec Emmanuel David ou avec Adrien Alix ».
Plus que les chronos –il a mis une claque à tous ses records personnels cette année- ce sont ses résultats aux championnats de France de cross sur le long qui disent sa progression : 96e en 2010, 62e en 2011, 50e en 2013, 33e en 2014 et 15e l’hiver dernier à Lignières-en-Berry (des résultats qu’il liste d’ailleurs de mémoire sans se tromper).
« Ça été un peu le déclic. Voir que j’ai été capable de rentrer dans les 30 et même dans les 15 m’a fait vraiment plaisir. Je me suis dit qu’il fallait enchaîner et qu’il n’y avait pas de complexes à avoir pour progresser » glisse t-il à propos de ces France de cross, qui furent intégrés à une prépa marathon, où, après deux « tentatives » en 2012 et 2013 (2h32’12’’ les deux fois) où il glana in fine de « l’expérience », il réalisa 2h22’56’’pour son troisième 42,195 km au marathon de Paris en avril dernier. « J’étais plus sur les chronos que j’envisageais, en dessous de 2h25’ ».
« La piste m’a permis de gagner en vitesse. J’étais dans cette spirale positive. A chaque fois que je faisais une compète, ça se passait bien et j’atteignais les objectifs que je me fixais » dit-il, sans forfanterie aucune.
« J’ai bien profité des cinq derniers kilomètres. C’est rare sur des courses de pouvoir ce ressenti là »
Et c’est surtout cet automne que le discret Paul Lalire a impressionné (« Je voulais repartir sur un semi-marathon. Je ne voulais pas refaire un deuxième marathon dans l’année, même si l’épreuve me plaît vraiment »). D’abord à Paris-Versailles, où il s’est adjugé la 7e place (50’38’’) de la classique. Avant de briller sur le macadam rémois, et de réaliser le 6e chrono français de l’année sur semi-marathon (1h04’48’’).
« Ma progression personnelle me pousse à m’investir »
Ces deux probantes performances lui ouvrent-elles des perspectives particulières, avec notamment le maillot tricolore dans un coin de la tête ?
« Je n’ai jamais eu d’objectifs précis, même en ce moment (avec ses récents chronos). Ce qui me plaît à continuer à m’investir dans ma pratique sportive, d’années en années, c’est que j’ai toujours envie de progresser vis-à-vis de moi-même : chercher à battre mes records, de battre mes places sur un France de cross. Et çà dans un bon esprit, car ça fait dix ans que je suis licencié dans le même club : il y a un groupe d’entraînement autour de çà, et ce sont des moments de partage avec des amis d’entraînements, avec qui je m’entends très bien. Là, on commence à titiller des chronos intéressants, donc on se dit pourquoi pas. Mais bon, pour le moment, il n’y a rien vraiment de formaliser, ni même dans mes objectifs ».
« A la différence près qu’il n’y aura que quatre semaines entre les France de cross et le marathon de Paris. Ça reste à voir, mais j’aimerais pouvoir faire les deux » relève celui qui va travailler en tant que conseiller technique auprès de la Fédération Française de Triathlon à partir de janvier 2016. « J’aurais peut-être un peu moins de facilités qu’actuellement pour m’entrainer. Mais j’ai toujours fait mes choix par rapports à mes objectifs professionnels plutôt que sportifs. Je m’adapterai ».
Et tant que le plaisir est là…