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Marathon de Paris : Karine Pasquier, maîtriser sa propre course

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Poste Le 8 avril 2015 par adminVO2

La vice-championne de France du semi-marathon Karine Pasquier va disputer son troisième marathon, ce dimanche 12 avril à Paris. Dans le sillage d’une prépa bien menée, et notamment ponctuée par une médaille de bronze aux France de cross aux Mureaux, l’athlète coachée par Pascal Chirat (également manager de la marche à la FFA) escompte descendre sous les 2h35’ (son record : 2h37’22’’ en 2013 à Paris).
Pour commencer, ce fut une belle satisfaction de monter sur le podium aux France de cross ?
Oui, ce n’était pas prévu sur le papier. Il y avait des absentes mais il fallait quand même être présente. Ça ne s’est pas joué à grand-chose pour la deuxième place (devancée sur la fin par Aurore Guérin, ndlr), donc c’était un peu frustrant.
Il y avait une déception par rapport à la sélection pour les Mondiaux de cross (les deux premières automatiquement qualifiées) ?
Il y a eu à la fois des regrets et pas de regrets car je n’avais pas du tout regardé les modalités de sélection. Je partais pour faire dans les 10 premières. Je pense que j’y serais allée même si ça ne rentrait pas dans la préparation du marathon. Mais c’est comme ça. Je me suis reconcentrée sur Paris.

« Ce n’est pas parce que j’ai fait 1h13’ que je fais faire 2h34’ dimanche »

 
Vous avez la semaine suivante battu votre record personnel lors du semi de Paris (1h13’30’’ ; ancien record : 1h13’43’’ en 2010 à Lille).
Je ne l’ai pas fait avec de la fraîcheur, mais avec les moyens du moment et tout ce que j’avais dans le ventre à cet instant-là.  Je n’étais pas dans les meilleures dispositions. Mais quand on sort d’une compétition plutôt réussie (les France de cross, ndlr), on est plus motivé pour la suivante. Et je trouve que le fait de faire des kilomètres dans la préparation marathon est bénéfique.

Au cross Ouest-France (Photo Yves-Marie Quemener)
Au cross Ouest-France (Photo Yves-Marie Quemener)
Dans tous les cas, ce n’est pas parce que j’ai fait 1h13’ que je fais faire 2h34’ dimanche. Ça donne des bases, mais il faut rester prudente : des athlètes très performants sur semi ne passe pas forcément sur marathon.  Je suis contente de ce semi, et il faut confirmer ce week-end car c’est quand même l’objectif de la saison.
Tout s’est bien déroulé durant la préparation ?
Oui, je n’ai pas eu de pépins physiques ; j’ai juste eu un passage à vide sur le deuxième cycle de préparation. J’ai fait ma semaine de récup (40 km) la semaine dernière et je suis dans la semaine où je remets un peu de volume pour remettre l’organisme en marche, avant dimanche.
C’est intéressant, la plupart des marathonien(ne)s diminuent progressivement le volume et ne font que de la « fraîcheur » la dernière semaine.
Ça ne me réussit pas (sourire). Avec Pascal, on avait déjà opté pour ça il y a deux ans et on le reproduit. Je vais faire une bonne centaine de bornes cette semaine. Comme des sorties de 20km, avec quelques rappels comme 3x3km à l’allure marathon, un peu de VMA courte. Je vais courir tous les jours, histoire de stimuler l’organisme.
Depuis quand procédez-vous ainsi ?
J’avais remarqué dans la prépa cross il y a deux ans qu’à chaque fois que je faisais de la récup pour une échéance le week-end, je passais au travers. Du coup, on fait une semaine de récup l’avant dernière semaine. Et ça marche bien. Cette année, pour les France de cross, j’avais par exemple fait une semaine de travail. On a voulu continué sur ce format là.

« Là, tu te forges le mental »

 
Vous allez partir sur quelles bases ?
J’ai fait 2h37’22’’ (en 2013 à Paris pour son deuxième marathon ; son premier date de 2011 à Berlin, 2h39’10’’, ndlr) donc l’idée est forcément de battre le record. Je suis mieux qu’il y a deux ans au niveau des entraînements. On a plutôt travaillé des allures autour de 2h34’-2 h35’. Après, il faudra être à 100 % dimanche.
Vous disiez que vous avez eu un petit temps faible sur la deuxième partie de la préparation ?
J’ai fait une semaine de récup après le semi de Paris, puis et on a remis du gros volume. J’ai fait toute la préparation seule, et il faut s’imposer de grosses sorties. La plus grosse, c’était 2 fois 13 km à l’allure marathon, par palier, intégré dans un volume de 35 bornes. C’était un peu tendu et ça a laissé des traces. J’étais seule, avec les bidons sur moi.
J’ai fait ma prépa, pas dans de mauvaises conditions, mais je me dis que ça sera plus facile dimanche (sourire). Je pars du principe que si tu veux réussir ton marathon, il faut être ton propre chef. Tu peux avoir des lièvres mais plus on est capable de maîtriser sa course seule, plus on est capable de la réussir, selon moi. Je pense que si on l’a fait à l’entraînement, ça passe ensuite plus facilement en compétition. Alors que l’inverse est difficile.
Il faut quand même puiser loin mentalement sur ce genre de séance ?
Oui, je me dis que j’ai fait le plus dur à l’entraînement. Là, tu te forges le mental. Après avoir éprouvé tout ça, quand il y aura un petit creux sur le marathon, il faudra que je pense à ça. Ça doit être une force.
Ce n’est pas trop compliqué de mener de front votre travail (elle est responsable qualité-sécurité-environnement dans une industrie cosmétique) et une préparation marathon ?
Ça été un peu tendu à une période. J’ai pris une semaine de vacances en mars pour assimiler la charge. Je suis malgré tout habituée à ce rythme. Maintenant, la récup et le sommeil, ça été un peu plus compliqué. J’ai intérêt à emmagasiner du sommeil d’ici dimanche !

« Le stage au Portugal ? C’est du bénéfice à 100%. Je ne fais que m’entraîner, je récupère mieux, j’ai des soins kiné »

 
Les minima pour les Mondiaux sont fixés à 2h32’. C’est dans un coin de la tête ?
C’est à chaque fois la cerise sur le gâteau. Ça dépend des modalités, qui changent assez souvent (1). Avec 2h37’, et même 2h32’, on ne rivalise pas au niveau international. Je me dis que si j’arrive à faire un bon chrono avec une prépa qui est ce qu’elle est, il y a une marge de progression, même si elle est limitée. Je prendrais ce qu’il y a à prendre et j’irai pour donner le meilleur.
Vous avez pris part au stage hors stade fin janvier-début février au Portugal. Il y avait du coup de l’émulation.
Oui. Je regrette qu’il n’y en ait pas eu un 2e au mois de mars (rires). Je pense que l’on n’était pas suffisamment nombreuses. On s’entraînait au contact de Sophie (Duarte), avec Alexandra Louison, qui s’est malheureusement blessée, et Elodie Navarro. C’était super bien. Ça permet de voir les filles qui ne font que ça, de s’immerger dans un monde qui n’est pas celui dans lequel je vis tous les jours. Pour moi c’est du bénéfice à 100%. Je ne fais que m’entraîner, je récupère mieux, j’ai des soins kiné.
Justement, ça ne vous donne pas envie de franchir ce pas, sur une certaine période afin de franchir un cap ?
Jusque là, j’ai réussi à faire mes performances en menant de front ma vie. Après, on ne claque pas non plus un moins de 2h30’ comme ça. Il faut quand même avoir des qualités que je n’ai peut-être pas. J’ai essayé de mettre en place des petits plus, avec un suivi kiné, je fais attention à la nutrition. C’est plus la partie récupération qui me manque. On verra après Paris ce qu’il se passe. Il faut déjà faire un chrono.
(1) en 2013, la première Française au marathon de Paris, Carmen Oliveras (2h35’57’’), avait été qualifiée pour les Mondiaux (il fallait également réaliser les minima IAAF : moins de 2h43’). Pour les Mondiaux de Pékin 2015, un minima seul a été fixé à 2h32’.

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