Athlétisme

Liv Westphal, records de France en série

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Poste Le 7 avril 2015 par adminVO2

Après avoir battu deux records de France indoor cet hiver, Liv Westphal a réalisé une rentrée tonitruante sur 5 000 m, vendredi 3 avril à Stanford (Californie), claquant 15’33’’33, record de France espoir amélioré de près de vingt secondes !

Les NCAA en cross :

Dans le sillage d’un excellent début de saison dans les labours, Liv Westphal escomptait se rapprocher du top 10 à l’occasion des championnats nationaux universitaires, remportés par Kate Avery. Après sa 17e place en 2014, l’athlète de l’As Saint-Junien s’était finalement classée 30e le 22 novembre dernier.
« C’était décevant. J’étais hors du coup. Casser ma main trois semaines avant n’a certainement pas aidé. Et je me suis sentie fatiguée. Hors, la densité américaine ne pardonne pas. Tu ralentis d’une seconde, dix filles te passent. J’ai réussi tout de même à accrocher le titre “All-American” pour la deuxième année consécutive mais loin du top 10 espéré » glisse l’étudiante en marketing et communication à Boston (Massachusetts), jointe par Messenger.

Premier record de France :

Elle avait alors souligné avoir besoin d’une « petite coupure mentale ». Après « tout simplement une semaine de vacances (quatre jours a Thanksgiving), pour retrouver du jus », Liv Westphal claque 15’31’’62 lors du meeting indoor de Boston, record de France senior amélioré.
En février, elle abaisse le record de France espoir du 3 000 m indoor, le portant à 9’08’’99. « Mis a part mon 15’31 en décembre, je ne pense pas que j’ai réussi à totalement m’exprimer en indoor. Ce fut un hiver convenable, mais sans plus -j’aurais voulu me rapprocher des 9’02/9’05. Et les NCAA indoor furent assez décevants avec une 9eme place (le 13 mars sur 5 000 m ; 16’00’’56, ndlr) ».

Des conditions d’entraînements dantesques :

« Je ne me fixais donc pas d’objectifs monstrueux pour ce début de saison » reprend Liv Westphal, dont l’entraînement fut perturbé ces dernières semaines. « Nous avons eu un hiver extrêmement compliqué à Boston, en raison de conditions climatiques déplorables. 2,80 m de neige en deux mois, quatre tempêtes de neige en quatre semaines, des températures constantes a -20 » énumère l’athlète de 21 ans coachée par Randy Thomas.

Liv Westphal lors de sa 6e place aux Europe de cross espoirs en 2013 à Belgrade (Photo Gilles Bertrand)
 
« Bref, ce n’était pas évident de s’entrainer dehors dans ces conditions. Même si on a accès à la piste indoor de Harvard, nous n’avons pas pu faire de fartlecks corrects ou des travaux de résistance comme nous avions eu l’occasion de le faire cet automne. Ce n’était aussi pas facile d’avoir de bonnes sensations en footing avec ce genre de climat. Et je crois que ça m’a fait perdre la résistance que j’avais construite en cross : j’avais du mal à terminer mes courses correctement, et aux Etats Unis, vu la densité et le niveau, ça ne pardonne pas ».

La marque de Joalsiae Llado effacée : 

C’est pourquoi, vendredi dernier à Stanford (Californie), « un petit 15’55’’ » lui aurait fait plaisir. Il en sera tout autrement, Liv Westphal estoquant le record de France espoir de Joalsiae Llado, 15’52’’39 (1996), qu’elle avait dans le viseur depuis de longs mois.
« Je suis partie sans m’enflammer,  ne sachant pas où j’en étais question forme. Comme les NCAA indoor n’avaient pas été a la hauteur de mes espérances, mon coach m’avait dit de partir sur des bases de 15’50, voire 16’ pile, pour être fraiche lors de la 2eme partie de course. Au vu de la densité et de la présence d’athlètes professionnelles en quête des minimas mondiaux, il ne m’avait jamais effleuré l’esprit de prendre les devants! » raconte t-elle.

« C’est passé si vite ! »

« Une fois dans le peloton, j’ai vite vu que j’étais sur des bases de 15’35 mais je me sentais vraiment bien et nettement mieux que lors de mes dernières courses indoor. Le fait de passer de 25 tours en indoor à 12 et demi en outdoor a aussi facilité le mental : c’est passé si vite! » poursuit Liv Westphal, finalement 9e en 15’33’’33 d’une course remportée par Gabriele Gurnewald en 15’19’’01 (résultats ici). « Je suis aussi contente de ne pas être loin derrière des athlètes du calibre de Kate Avery (6e en 15’25’’63 ; la Britannique s’est imposée sur lors des NCAA en cross en novembre dernier et fut ensuite vice-championne d’Europe de cross à Samokov, ndlr) et Emma Bates (7e en 15’32’’46 ; championne NCAA du 10 000m l’année dernière) ».

« Aux portes » du haut niveau :

Liv Westphal se rapproche ainsi du haut niveau senior. « Oui, je sens que je suis aux portes. Mais juste aux portes. 15’33 est correct mais ce n’est pas grand chose au niveau international, donc il y a encore du travail. A 21 ans, je pense surtout à garder la tête sur les épaules car, maintenant, descendre le chrono sera de plus en plus dur – mais je suis motivée!  Je ne pourrai pas éternellement baisser mon record de 30 secondes sur 5000m par an, comme je l’ai fait depuis 2011 (1) ! Si je ne me blesse pas et continue à avancer petit a petit, j’espère avoir ma place en équipe de France senior assez vite » explique celle qui connu une saison 2014 ponctuée par de nombreux pépins (lire ici).

NCAA, Europe espoirs et MBA :

Prochaines courses pour Liv Westphal : les Penn Relays fin avril, peut-être sur 3 000 m, les Regionals fin mai sur 5 000 m, avec en point de mire les NCAA (10-13 juin) à Eugene (Oregon), puis les championnats d’Europe espoirs à Talinn (Estonie, 9-12 juillet). « Combiner les deux saisons ne m’inquiète pas plus que cela. J’ai couru quatre fois en équipe de France depuis que je suis aux Etats-Unis et j’ai réussi jusqu’à présent à être au point le jour J, même avec une saison NCAA dans les jambes » souligne Liv Westphal, qui coupera quelques jours en juin, et qui poursuit avec brio son double projet. « J’aurai ma graduation le 18 mai avec chapeau carré et cérémonie a l’américaine, ce qui clôturera mon Bachelor de quatre ans. Dès le jour suivant, je commencerai mon Master en Business Administration, toujours à Boston College, que je finirai, si tout va bien, fin mai 2016. Après, c’est le gros point d’interrogation : mon niveau sportif à ce moment donné sera probablement un facteur décisif dans ce que je déciderai de faire une fois ce master en poche ».
(1) : 16’57’’51 en 2011 (junior) ; 16’30’’48 en 2012 (junior) ; 16’03’’69 en 2013 (espoir) ; 15’31’’62 en décembre 2014 (indoor) ; 15’33’’33 en 2015 (espoir).

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