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Florian Carvalho, le retour aux sources

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Poste Le 18 décembre 2014 par adminVO2

Florian Carvalho évoque sa 4e place inattendue aux championnats d’Europe de cross à Samokov, et ce que celle-ci peut modifier (ou pas) dans la suite de sa carrière, tant au niveau de l’entraînement que de ses objectifs.
Florian Carvalho est revenu aux « sources » comme il le rappelle lui-même. Les labours, là où il glana ses premières médailles internationales. En 2007 d’abord avec une médaille d’argent en individuel à Toro en Espagne (et l’or par équipes). Suivront ensuite le titre junior l’année suivante à Bruxelles (aussi par équipes), puis le titre espoir à Velenje en 2011 (bronze par équipes). Au total, sur ses six médailles internationales individuelles, il en a remportées quatre dans les champs de cross. Depuis trois ans, il n’y avait plus remis les pieds, et vient de le faire avec brio à Samokov en Bulgarie, pour sa première chez les seniors.
Une 4e place inattendue
D’emblée, le trio vainqueur s’est détaché du reste du peloton. « J’étais devant sans trop puiser. Puis ça a commencé à être un peu dur avec l’altitude et tout ça. Je me suis accroché dans le dernier tour car l’Anglais (Ross Millington) avait pas mal de réserves. Je voulais absolument gagner le sprint et je me suis dit que c’était impossible que je le perde en étant un coureur de 1 500 ! » sourit Florian Carvalho.
« Devant, reprend-il, ils étaient imbattables. J’aurais pu les suivre au départ. Mais j’aurais explosé et je ne n’aurais pas fini 4e. C’était plus judicieux de rester derrière pour l’équipe. Le fait que deux ex-Kenyans et un ex-Ethiopien soient sur le podium ? Plusieurs athlètes m’ont dit que c’était moi le champion d’Europe. Pour moi, non. Il ne faut pas commencer à rentrer là-dedans (lire également ici). Je suis content d’avoir apporté ma part à l’équipe » poursuit celui qui se focalisait avant la course sur un objectif collectif et non individuel.
La tendinite en voie de guérison
Si en début de saison, le rendez-vous continental constituait bien une échéance à part entière –dans le but de prendre des repères avant l’édition 2015 organisée en France– une tendinite au genou, et en corollaire une préparation tronquée sont venues contrarier ses desseins. Après avoir failli remiser ces ambitions européennes, sa performance au cross sélectif (6e et 2ème Français à Allonnes) l’a incité à se rendre en Bulgarie.
« Depuis Allonnes, j’ai réussi à courir une fois par jour, et je doublais avec le vélo. Le genou va de mieux en mieux et je ne sens quasiment plus rien ».
L’indoor, pas la priorité
La saison hivernale ne représente pas « l’objectif prioritaire de la saison », qui sont les Mondiaux 2015 à Pékin. Quelques sorties en salle sont prévues, notamment un 2 miles à Birmingham en février. Pour les Europe indoor à Prague ou les France de cross –« avec le club, on a une petite motivation de qualifier l’équipe sur le court »-, rien n’est encore acté.
Le 5 000 m attendra
D’aucuns verraient bien Florian Carvalho s’essayer sur 5 000 mètres, fort de ses performances en cross et sa base de vitesse. « Je n’ai pas une attirance particulière sur le 5 000 m. J’aime le 1 500 m et je n’ai entre guillemets pas été assez dégoûté du 15. Pour l’instant, la passion a toujours pris le dessus sur la déception ». Après son échec en séries cet été à Zurich, Florian Carvalho compte bien rebondir sur sa distance de prédilection. « J’ai fait une finale mondiale où j’ai fini 11e (2013) et je pense que faire un top 8, un top 6, est vraiment envisageable. Quand on voit les finales mondiales ces dernières années, il y a des surprises, ça se joue à l’emballage etc…En tout cas je m’entraîne pour ça. Et je pense que je peux faire 3’32’’00 (son record : 3’33’’47 en 2013). Moins de 3’30’’ c’est autre chose ».

« Dans la rivière, je finirai avec les rotules en bas du dos ! »

S’il ne ferme pas la porte aux 12 tours et demi – « j’en ferai forcément mais je ne sais pas quand », la chambre d’appel du 3 000 m steeple est elle fermée à double tour. « J’ai une raideur exceptionnelle et je dois faire 10 kg de plus que les coureurs de steeple. La barrière ça irai, mais la rivière, je finirai avec les rotules en bas du dos » se marre le sociétaire de l’Ua Nemours Saint-Pierre.
Les cross, un rendez-vous annuel ?
Une chose est sûre, les Europe 2015 à Toulon-Hyères seront un objectif pour Florian Carvalho. Souhaite t-il en faire un rendez-vous annuel ? « J’espère. Mais si ça ne se marrie pas dans la saison, je préfère louper le championnat d’Europe de cross que le championnat estival » résume t-il. « Ma préparation a été difficile. Mais est-ce que ce n’était pas un mal pour un bien ? Si je m’étais entraîné comme d’habitude, est-ce que j’aurais fait la même perf ? On ne sera jamais » s’interroge t-il.
Un entraînement modifié ?
Justement, vont-ils avec son coach Gérard Sautret modifier la planification (le débriefing était prévu dans la semaine), en y intégrant également du vélo ou de la natation ? « Ça m’a permis de me maintenir en forme, mais le travail effectué les années précédentes a aussi été bénéfique. Je ne sors pas de nulle part. Je pense que ça y joue » débute avec raison le vice-champion d’Europe du 1 500 d’Helsinki en 2012. « Je faisais déjà un peu de vélo pour la récup. Mais sur des allures rapides comme sur 1 500 m, je pense qu’il n’y a rien qui remplace la course ».
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1 500 m et cross requièrent un entraînement bien différent. « Sur des périodes foncières avec des volumes de travail aérobie importants, ce n’est en effet pas incompatible de faire du vélo et de la natation. Florian le démontre de façon flagrante » glissait Philippe Dupont, le manageur du demi-fond français.
« Pour le foncier, oui ça peut être bénéfique » estime Florian Carvalho. « Après, il faut aimer le vélo. Il y a des fois où je ne prenais vraiment pas de plaisir à monter sur le home trainer pour faire la séance. Je le faisais car je voulais revenir. J’ai un objectif cet été et je n’avais pas le choix ».
Les cross, une autre ambiance
Le champion de France de cross court sortant le concède, ces Europe de cross lui ont fait « du bien. Je n’y vais pas en touriste, mais ce n’est vraiment pas la même pression que la piste. Ce n’est que du bonus, ce n’est pas l’évènement majeur de la saison. Tout ne se joue pas sur le départ, on a le temps de voir venir et les sensations changent. Ce n’est pas le même stress. Et dans la chambre d’appel, tu n’es pas tout seul. Il y avait une cohésion fort sympathique ».
Un esprit d’équipe également mis en exergue par Timothée Bommier (à lire dans le prochain mag) –et à rebours de ce que soulignait Philippe Dupont– matérialisé par une vidéo mise en ligne sur les réseaux sociaux, à laquelle « tout le monde a participé » glisse Florian Carvalho. « C’était un bon trip et tout le monde était focalisé sur le même objectif ». A savoir une médaille par équipes, alors que les Bleus ont terminé au pied du podium à l’image des deux années précédentes. Pour l’édition 2015?
Florian Carvalho a de son côté à lui pris ses marques pour le rendez-vous varois…

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