Route

Courses hors stade : la FFA ne veut pas taxer

Partager
Poste Le 25 mars 2015 par adminVO2

Depuis le début de semaine, le microcosme du hors stade est en ébullition suite à un article paru sur le site internet du Télégramme et titré : « Amsalem veut taxer les courses hors stade ! ». Les réseaux sociaux ont joué un rôle amplificateur (même Kilian Jornet avait tweeté) et une levée de boucliers s’est dressée contre la Fédération (une pétition a été lancée en ligne). Le président de la FFA Bernard Amsalem a clarifié les choses.
Profitant du premier sommet de la course à pied organisé mercredi 25 mars à Paris, le président de la Fédération Française d’Athlétisme (FFA) Bernard Amsalem a réagi à la polémique naissante, suite à un article paru sur le site du Télégramme dimanche 22 mars à l’occasion de l’Assemblée Générale de la Ligue de Bretagne, à laquelle participait le président de la FFA. « Si l’article était conforme à ce que j’avais dit, le titre était lui provocateur. Nous avons eu énormément de retours (mails, tweets etc..) à la Fédé. J’ai pris le soin de répondre aux mails individuellement, sauf les messages injurieux, pour dire que je n’avais jamais dit ça » a-t-il posé en préambule.
« Il n’est pas question de taxer. On n’en a pas les moyens, ni le pouvoir ; c’est l’Etat qui crée les taxes, pas nous. Et ce n’est vraiment pas l’orientation que je souhaite donner à notre stratégie running » a poursuivi Bernard Amsalem, président de la FFA depuis 2001.
Devenir un acteur
Depuis quelques années, la course hors stade en premier lieu, puis dans un second temps le « running » -dans toutes ses formes- sont est en plein essor. La Fédération a mis du temps avant de prendre le train en marche. « Depuis les années 70, on était loin derrière la locomotive. Il y a ce décalage qui fait qu’il y a une difficulté à appréhender le phénomène (du running, ndlr), phénomène qui s’est très nettement amplifié sur les dernières années ».
Un peu plus tard, en petite comité, Bernard Amsalem a apporté davantage de précisions. « Nous souhaitons devenir un acteur du running. La course à pied, c’est de l’athlé. Il y a 9 000 courses en France dont environ 600 organisées par les clubs. Je pense qu’on peut se situer dans ce dispositif, en organisant nous-mêmes des courses ou en coopérant avec des organisateurs ».
Circuit d’Ekiden…
Ainsi, un circuit d’Ekiden (10-12 courses dans l’Hexagone) est en cours « de construction », dans la foulée de l’Ekiden de Paris, organisé par la FFA et dont la deuxième édition a eu lieu en novembre dernier.
Des discussions sont actuellement en cours concernant la création d’un circuit européen « sur les cinq grandes capitales européennes (Allemagne, France, Angleterre, Espagne, Italie) » indique t-il. « On est en train d’essayer d’innover sans embêter ceux qui sont en place ».
et courses d’obstacles
« La Fédération a une délégation de service public, comme toutes les Fédérations sportives. Le ministère nous a demandés de nous occuper de la course à pied sous toutes ses formes, et donc les nouvelles comme les course à obstacles. Le ministère nous a demandés de construire un règlement pour encadrer ces disciplines, sur l’aspect sécuritaire notamment car ça peut poser des problèmes. On va  rendre la copie le mois prochain. Les autres courses à obstacles qui existent déjà continueront à exister, comme les trails ou les courses sur route. Par contre, il y aura un règlement que ces courses seront obligées de respecter, mais sur l’aspect sécuritaire : elles pourront faire la distance ou mettre les obstacles qu’elles voudront. La Fédération a déjà des propositions pour développer un circuit de courses à obstacles ».
Titre de participation, carte de fidélité ? Quel lien entre les non-licenciés et la Fédération ?
La Fédération souhaite établir un lien avec les coureurs non-licenciés, qui représentent la très grande majorité des amateurs de course à pied en France. En somme, capter et attirer dans le giron fédéral les quelques neuf millions de coureurs pratiquants. « C’est faire en sorte que non seulement les gens courent mais continuent de pratiquer le running. Qu’on ne les perde pas en cours de route car ils n’auraient pas été assez encadrés, parce qu’ils n’auraient pas le bon matériel, pas le bon entraînement etc… On est là pour que les gens pratiquent l’athlétisme en ayant toutes les informations pour bien le faire. On est une association loi 1901. On n’a pas d’autres enjeux, ni financiers, ni budgétaires » tient à corriger le directeur de la FFA Julien Mauriat.

KAYL0218
Photo Yves-Marie Quemener
L’article du Télégramme et les réactions qui en ont découlées ont mis en lumière (avec un peu d’avance…) les projets sur lesquels planchent la Fédération, et qui devraient être opérationnels à la rentrée en septembre prochain. « On discute, on fait un état des lieux » glisse Souad Rochdi, directrice marketing et communication de la FFA.
« On est en plein développement sur les cinq secteurs d’activité (haut niveau, piste, santé loisirs, jeunes, hors stade/running) avec des objectifs très précis et publics (1) » explique Julien Mauriat. « Sur le hors stade, l’objectif est de rendre incontournable une adhésion à la FFA et à ses clubs. Incontournable signifie séduire et proposer des services (conseils d’entraînement, de préparation, boutique, inscription aux courses,  covoiturage, santé, assurance etc…, ndlr) qui convaincront, répondront aux besoins du plus grand nombre, que ce soient des coureurs occasionnels, d’autres qui font régulièrement de la compétition etc…C’est une vision à 360 degrés des besoins des pratiquants ». La plateforme « J’aime courir » vient ainsi d’être lancée dans cette optique.
« Gagnant-gagnant »
D’autres pistes sont envisagées, à l’instar d’un titre de participation journalier (2), une carte de fidélité, un nouveau mode de classement, « plus fun, qui parle plus aux jeunes » souligne Julien Mauriat, que le classement VK actuellement en vigueur.
Sans oublier les organisateurs, pour lesquels la Fédération peut apporter « des services, comme des partenaires », comme le relève Bernard Amsalem. « Il faut que ça soit du gagnant-gagnant ».
Julie Mauriat résume : « on ne peut pas obliger (et ce n’est pas notre responsabilité de définir une obligation ; c’est une question qui se pose au niveau de l’Etat, même de l’Europe), mais convaincre les pratiquants qui ne sont pas en club de bénéficier de nos services, et à terme de nous rejoindre en se licenciant dans un club. L’objectif fédéral est de réfléchir uniquement aux services que l’on peut donner, et de séduire les gens.  Autant ces services commencent à être vraiment définis, autant la relation pour faire payer ces services ne l’est pas encore ».
(1) Lire ici : Plan_Developpement_2013-2017 
(2) Le code du sport permet d’avoir soit une licence, soit un titre de participation (lire ici), à l’image du Pass’Running.
Photo : Yves-Marie Quemener

X