Athlétisme

Le double projet de Louis Radius

Partager
Poste Le 25 juin 2015 par adminVO2

Lors du meeting handisports samedi 20 juin à Talence, Louis Radius a établi un nouveau record d’Europe du 1 500 m, catégorie T38 (hémiplégique). Celui qui sera en lice pour une médaille aux championnats du Monde IPC en octobre prochain à Doha au Qatar a pour objectif de rallier les Jeux Paralympiques de Rio en 2016. Il raconte également sa volonté d’attirer davantage de personnes handicapées vers le handisport.
A l’instar du record du Monde de Marie-Amélie Le Fur (lire ici), de belles performances ont été réalisées lors de la quatrième édition du meeting international IPC (1) d’Aquitaine, disputé samedi 20 juin à Talence, près de Bordeaux. En fin de programme, Louis Radius s’est ainsi adjugé le record d’Europe du 1 500 m, catégorie T38 (hémiplégique), bien emmené par le local talençais Erwan Lacampagne.
Le sociétaire de l’EA Pays de Brocéliande a franchi la ligne en 4’12’’, améliorant la précédente marque de près de sept secondes. Il avait déjà en réalité couru plus vite (4’13’’28 lors des championnats de France à Charléty début juin ; son record est à 4’07’’63 en 2010) mais ses performances n’avaient pas été homologuées, faute notamment de juge IPC. Pas la meilleure visibilité –et c’est une euphémisme- pour les profanes du handisport, alors que, même s’il reste du chemin à parcourir, l’image de l’athlé handisport et du sport paralympique de manière globale est de plus en plus valorisée (lire à ce propos l’interview d’Arnaud Assoumani) –samedi, les gradins étaient un peu plus fournis que l’édition 2014.
Prof de sport, politique de handicap et de santé publique
De son côté, Louis Radius, 35 ans, a donc confirmé ses bonnes dispositions actuelles. Prometteur dans l’optique des championnats du Monde IPC (22-31 octobre à Doha au Qatar), où il figure actuellement au deuxième rang sur 1 500 m, et au troisième sur le double tour de piste.
Demi-fondeur patenté, Louis Radius est revenu à ses distances de prédilection. Car pour les Jeux Paralympiques de Londres en 2012, il s’était spécialisé sur le tour de piste (6e Mondial, il n’avait finalement pas été sélectionné), ni le 800 ni 15 n’étant au programme dans sa catégorie.
« A 30 ans, c’était très dur de changer. Ça n’est pas passé, ce n’est pas grave. L’objectif, ce sont les Jeux de Rio, où il y aura cette fois un 1 500 m (mais pas de 800) ».
Licencié depuis 2013 à l’EA Pays de Brocéliande, Louis Radius s’entraine dans les Yvelines. « Je m’entraîne tout seul. Ma compagne m’aide parfois en vélo. Je vais une dizaine de jours par en en Bretagne. J’ai 35 ans, je suis le plus âgé et ça me motive d’être devant et d’être titillé. A l’EAPB, on mêle convivialité et compétition (champions de Bretagne par équipe sur le court ou le long à de nombreux reprises par exemple, ndlr) » poursuit celui qui était parti avec ses acolytes au Kenya en décembre dernier (lire ici).
Louis Radius est professeur de sport rattaché au ministère des sports, et travaille sur « les politiques de handicap et de santé publique ». Parmi ses missions, développer les formations pour les éducateurs sportifs afin que ces derniers puissent accueillir et soutenir des personnes en situation de handicap.

« On a besoin de quelqu’un qui fédère »

Communiquer, également, pour que les personnes handicapées franchissent le pas vers le handisport. « Je lance un appel à chaque fois : tout ceux qui sont en situation de handicap, quel qu’il soit, peuvent courir en valide, comme sur marathon etc…mais il faut se faire reconnaître chez les handisports, ça fait plus de monde. J’ai connu un temps où l’on était huit au départ des championnats de France. Là, on était 25 à Charléty (8-9 juin dernier). L’objectif serait d’atteindre les 50 » souligne qui côtoie très souvent et les pelotons valides et handi, à l’instar des derniers France de cross aux Mureaux (il avait remporté le matin l’épreuve handisport, avant de prendre la 181e place du cross long dans l’après-midi ; record à 32’08’’ sur 10 km ; 31’58’’ à Morlaix sur un parcours trop favorable).
« Je connais par exemple plein de sourds qui ne courent pas en handisport. Pourquoi ? C’est le regard des gens, de la famille, le regard des médias, la manière dont vont être interprétées les choses. Il y a Djamel (Mastouri), qui est sur la pente descendante et qui a marqué le handisport. Il y a des jeunes qui montent et il faut poursuivre. Si je peux être l’ambassadeur du demi-fondeur…On a besoin de quelqu’un qui fédère ».
Les mentalités évoluent, pas à pas. « Sur une année où il y a des championnats du Monde ou des Jeux, on parle du handisport. Après, on oublie. Sur les compétitions, il y a peu de public, ou alors un public connaisseur » glisse le vice-champion d’Europe 2014 du 1 500 m à Swansea. Communiquer, sans cesse et sans relâche, aller chercher le public, le fidéliser, changer les mentalités ; presque une gageure. Comme une qualification aux Jeux Paralympiques, en somme…
(1) Le comité international paralympique.

X