Moins de deux heures sur marathon ? La tentative en direct vidéo

C’est ce samedi 6 mai qu’Eliud Kipchoge et ses deux acolytes Lelisa Desisa and Zersenay Tadese tenteront de passer le fol cut des deux heures sur marathon, sur le circuit de F1 de Monza en Italie. Suivez la course en direct vidéo ci-dessous.
Nous y sommes. Le compte à rebours est lancé. Ce samedi 6 mai, aux aurores, à 5h45, Eliud Kipchoge, Lelisa Desisa and Zersenay Tadese et leur essaim de lièvres (18, par groupe de trois, et six lièvres constamment sur le tarmac, nous apprend Let’s Run) vont tranquillement s’ébrouer et tenter de s’envoler vers des contrées encore inexplorées, à 21 à l’heure pendant 42 bornes. Le but? Passer la barrière des deux heures sur marathon, sur le circuit de F1 de Monza en Italie, mesuré officiellement et plat comme une crèpe de 2,4 km (soit 17 tours et demi).
S’il y a trois candidats au départ, seul le champion olympique de Rio Eliud Kipchoge semble pouvoir prétendre être l’heureux élu de cette course effrénée et mercantile. Il affiche en effet d’impressionnantes références (sept victoires en huit apparitions sur marathons, dont six chronos inférieurs à 2h05’00’’), sans même parler de son test réalisé début mars sur ce même circuit : un semi-marathon bouclé sourire jusqu’aux oreilles en 59’17’’, à « 60% » de ses moyens physiques (et dans le vent), comme il l’avait prodigieusement souligné.
Les « artifices » de performance suffiront-ils?
Extrait d’un passage, où nous avons interrogé Grégoire Millet, professeur des Universités à l’Institut des Sciences du Sport de l’Université de Lausanne (ISSUL) en Suisse. « « Effectivement il y a un recours massif au dopage sanguin, y compris chez les Africains de l’Est. Après on ne peut pas prendre la performance comme un témoin des limites humaines. La performance en elle-même n’est pas un marqueur de dopage. Ce qui peut l’être, c’est une progression trop rapide, une rupture de pente. Mais personne ne peut définir les limites de l’être humain ». Pour Grégoire Millet, cette barrière des deux heures sera atteinte à l’orée des années 2035, dans la moyenne des prédictions de pléthore de chercheurs.
Deux paramètres mis en avant par le chercheur seront présents en Italie : les lièvres qui se relaieront comme ils le souhaitent selon un processus rondement réfléchi (ce qui rendra l’éventuel record non homologable, de même que la possibilité de se ravitailler quand ils le désirent, un vélo leur apportant les ravitaillements à la différence d’un marathon officiel) et la chaussure, censée être révolutionnaire, avec une semelle de carbone en forme de cuillère projetant vers l’avant.
Un bond de 2,43% !
Impossible toutefois de vérifier les dires de Nike, la firme américaine indiquant un rendement amélioré…de 4% ! Ce sera toujours mieux que les semelles décollées pendant un marathon entier à Berlin en 2016, ce qui n’avait toutefois pas empêché Kipchoge de l’emporter en 2h04’01’’ !
En dépit des folles statistiques affichées par le Kényan depuis ses débuts sur la distance, avec une performance de pointe établie à Londres en 2016 en 2h03’05’’ – à huit secondes du record du Monde de Dennis Kimetto, passer les deux heures sous-tend un gain (un bond, pardon) de 2,43% ! Cela paraît donc chimérique, et pléthore de physiologistes demeurent sceptiques, à l’instar de l’écouté Américain Ross Tucker, ou de Steve Magness, qui a officié en tant que coach assistant au sein du Nike Oregon Project avant de le quitter avec fracas en mettant en cause les méthodes du (très) controversé Alberto Salazar.
Discutant sur le site américain Let’s run des différents facteurs permettant de tendre vers les moins de deux heures (conditions climatiques, lièvres, les chaussures dont ils ont fortement minimisé le gain potentiel…), Magness a notamment souligné : « Quand vous repoussez les limites, la seule chose qui fonctionne est le dopage. C’est la seule manière que nous connaissons pour accélérer et l’amélioration des performances ».
Tucker ne croit pas à la réussite de ce projet endiablé, principalement car il faudrait passer à la mi-parcours une minute et dix secondes plus vite que ce qui a été fait jusqu’alors…tout en maintenant le même rythme (record du Monde officieux du passage au semi sur un marathon : 1h01’11’’ à Berlin en 2016). « Je penche pour le zéro (en pourcentage de chances). Mais je suis opposé aux points de vue extrêmes, donc je dirais qu’il y a 0,1% ». Même son de cloche chez Magness. « Je dirais qu’il y a une très très petite chance (que cela se produise) ».
Prêt pour le décollage? La course est à suivre sur la page facebook de Nike, à partir de 5h30.
https://www.facebook.com/nike/videos/10154919213913445/
https://www.facebook.com/nike/videos/10154916723568445/
Photo de une : Eliud Kipchoge vainqueur du marathon de Berlin en 2015 (Photo Getty Image).