Trail

Razzia tricolore sur les Mondiaux de trail 2015

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Poste Le 30 mai 2015 par adminVO2

Deux titres individuels pour Sylvain Court et Nathalie Mauclair, et deux titres par équipes, l’équipe de France a tout raflé aujourd’hui sur les Mondiaux de raid 2015 disputés à Annecy sur le parcours de la Maxi Race.
Champion de France en 2014, Sylvain Court a complété aujourd’hui son palmarès d’un formidable titre mondial, décroché au terme d’une bataille exceptionnelle avec l’Espagnol Luis Alberto Hernando, le grand favori annoncé. Grâce aux 3e et 5e places de Patrick Bringer et Nicolas Martin, l’équipe de France masculine décroche en outre un titre mondial par équipes, sur le parcours de la Maxi-Race (85km – 5300mD+).
Epuisé par les 8h16 de course disputées sous une chaleur devenue écrasante à la mi-journée, Sylvain Court s’est effondré sur la ligne d’arrivée, assommé par l’émotion et la difficulté de l’effort qu’il venait de s’infliger. « C’est incroyable, jamais je n’aurais pu imaginer pouvoir remporter ce titre mondial » expliquait, dans des sanglots, le coureur Bordelais. « J’en ai ch.. (sic) du début à la fin, je n’y croyais pas, et finalement, je réalise mon rêve, c’est incroyable ».
Sur sa lancée d’une saisons 2014 très réussie (champion de France et 2e aux Templiers notamment), Sylvain Court aura dû livrer une bataille intense pour parvenir à ce bonheur final. Sur un parcours assez roulant, sans trop de grosses difficultés techniques, on savait que l’allure serait rapide. On a été servi, le temps du vainqueur de l’an dernier ayant été battu de près d’une trentaine de minutes (dans des conditions météo et un parcours analogues). Un rythme d’enfer entamé dès 3h30 du matin, heure très matinale à laquelle a été donné le départ. « Franchement, c’est comme si j’avais couru un cross de 8 heures aujourd’hui » dira Sylvain Court. « On n’a eu aucun temps mort, c’est parti très vite d’entrée, ça relançait tout le temps. On n’a pas eu trop le temps d’admirer les paysages, ce qui rend ma victoire encore plus belle. Je me suis surpris, jamais je ne me serais cru capable de tenir un tel rythme aussi longtemps »
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Il faut dire que Luis Alberto Hernando aura proposé une opposition féroce, du début au terme de l’épreuve. Encerclé par l’armada française en début de course (Xavier Thevenard, Sébastien Spehler, Julien Rancon, et déjà, Sylvain Court), Luis Alberto Hernando montrait quelques difficultés à suivre le rythme d’enfer du Jurassien et de l’Alsacien, ce qu’il confirmera sur la ligne d’arrivée. « Je suis sans doute parti trop vite sur les premiers kilomètres, c’est pour cela qu’à un moment j’ai volontairement baissé de rythme. Mes jambes ne suivaient pas, j’ai joué la prudence. La concurrence était terrible, notamment côté français » assurait Luis Alberto, qui tout au long de la journée, n’aura cessé de lutter contre les velléités d’une équipe de France dominatrice, toujours prête à « tomber » sur le coureur espagnol, à l’isoler. Côté tricolore, on avouait ne pas avoir eu de stratégie à « tiroirs » consistant à lancer des premières « flèches » contre l’Espagnol pour l’épuiser, afin de le « cueillir » à la fin. « On n’avait pas vraiment de stratégie de ce type » assurait Sylvain Court. « On voulait seulement réussir sur le plan collectif, remporter cette médaille d’or par équipe, sur notre sol ». Reste aussi que Luis Alberto Hernando n’aura pas forcément été bien protégé et épaulé par ses équipiers, vite débordés dans le massif alpin, et qu’il ne devra rapidement compter sur lui et lui seul pour assumer son statut de champion du monde de Skyrunning, décroché sur un parcours proche, l’an dernier, à Chamonix. Il regrettera, également, de s’être peut être trop donné il y a quinze jours sur la TransVulcania, qu’il remportait en explosant le record de Kilian Jornet. « Je ne remets pas en cause ma préparation, mais peut-être n’aurais-je dû jouer que la victoire sur la TransVulcania, et ne pas m’user à battre le record » reconnaissait l’Espagnol à l’arrivée. « J’ai vite senti que je n’avais pas de super jambes dès que la pente s’élevait, je pense que le début de course m’a un peu « grillé » ».
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Au fil des kilomètres, Xavier Thébvenard, Julien Rancon baissèrent de rythme, Sébastien Spehler abandonnait dans le dernier quart de de course, victime d’un malaise, laissant Court au coude à coude avec Hernando. Un mano à mano qui allait perdurer jusqu’au dernier sommet du parcours, le col du Baron, avant la dernière redescente sur Annecy-le-Vieux. « On est arrivés ensemble au dernier ravito, puis Hernando a attaqué fort » expliquera le nouveau champion du monde. «  J’ai serré les dents, j’ai réussi à recoller, et pendant 3kilomètres on est restés côte à côte. Et j’ai enfin réussir avant la dernière descente ». Plutôt a son avantage dans cet exercice, Court doutera jusqu’à la fin d’un possible retour d’Hernando. «  J’ai dû me retourner 1000 fois dans la dernières descente, pour voir où il était. J’avais trop peur de finir au sprint. C’aurait été terrible. Au final, ce fut une belle bagarre, bien dans l’esprit » conclura Sylvain Court. Une équipe de France formidablement dans l’esprit tout au long de la journée, toujours en vue et à l’offensive, présente sur la 3e marche du podium grâce à un Patrick Bringer opiniâtre et très beau gestionnaire de course. Ludovic Pommeret 5e, Nicolas Martin 7e, Xavier Thevenard 8e, complètent la razzia bleu-blanc-rouge, qui fait oublier l’adversité du jour, rapidement mise sous l’éteignoir, malgré un très beau final de Tom Owens (GBR) 4e, et un Top 10 de l’Américain Alex Nichols (6e). « C’est assurément la course la plus difficile que j’ai faite de toute ma carrière » avouera ce dernier, largement satisfait de cette place d’honneur.

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Course féminine  – Mauclair conserve son titre
L’épreuve féminine des Championnats du monde de trail a offert également un match France-Espagne tout au long des 85km de course. Et surtout un match fratricide entre Françaises, avec Nathalie Mauclair et Caroline Chaverot en principales actrices. La tente du titre 2013 (Nathalie Mauclair), n’arrivait pas à Annecy en totale confiance, comme elle l’expliquera. « J’ai passé 15 derniers jours à cogiter, à me préparer à laisser filer mon titre mondial décroché au Pays de Galles, à compter les petits bobos qui au final disparaissent comme il sont venus… ». Et surtout une crainte, en filigrane, qui parfois tourne au complexe pour la Sarthoise : le caractère « montagnard » de l’épreuve, qui ne scierait pas à la coureuse du Mans, peu habituée aux entraînement élevés en dénivelé, mais qui a quand même brillé sur l’UTMB (3e l’an dernier), ou sur le Grand Raid de La Réunion (deux victoires). Avec un peu d’auto-persuasion et de recul, la tenante du titre arrivera finalement décomplexée sur l’épreuve, avec l’envie d’en découdre, avec ses qualités, et surtout après une très bonne préparation, comme elle l’expliquera. « J’ai fait beaucoup de travail de qualité, des fractionnés, du dénivelé, et finalement, je suis arrivée sans pression à Annecy. »

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Caroline Chaverot aura été également une formidable adversaire aujourd’hui. « Je suis partie dans un rythme de confort sur les 40 premiers kilomètres » expliquera Caroline, très à l’aise sur cette première partie de course, la moins sélective il est vrai, comparée à la seconde. « Du coup, je me suis demandée si j’étais partie assez vite, si la marge de sécurité sur mes adversaires était assez grande. J’avais pourtant l’impression de faire une belle course ». Pas assez visiblement, face à la détermination de Nathalie Mauclair à conserver sa couronne. « Je ne suis pas allée chercher Caro, mais une fois que je l’ai passée, c’est vrai que je n’ai pas voulu lâcher ma première place » reconnaîtra N. Mauclair. « Je ne pouvais pas lâcher, tous les sacrifices que j’avais faits pour en arriver là, il fallait que ça aille au bout » souriait la désormais double championne du monde. Caroline Chaverot parviendra à conserver sa place de première dauphine, malgré un moral en berne. « Quand Nathalie m’a passée, ça m’a mis un gros coup au moral. Je me suis même demandé: à quoi bon souffrir comme ça si c’est pour finir 2e ? Mais j’ai persévéré, la forme est revenue, mais un peu trop tard. Mais je n’ai absolument aucun regret » précisera la Française, arrivée 2’22 minutes après Mauclair et 6’15 devant l’Espagnole Maite Mayora. Grâce à Maud Gobert 7e, l’équipe de France féminine remportait elle-aussi le titre mondial par équipes et clôturait de la plus belle des façons ce samedi tricolore !

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Luc Beurnaux – Photos Yves-Marie Quémener

 

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