Trail

Adeline Roche en or aux championnats du Monde de trail

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Poste Le 10 juin 2017 par adminVO2

Adeline Roche, championne de France de marathon en 2010, a décroché le titre ce samedi midi aux championnats du Monde de trail à Badia Patraglia en Italie, devançant de trois petites secondes Amandine Ferrato, sur un format qui seyait à ses qualités (50 km et 3 000 m D+ environ). 
L’équipe de France féminine a été élue à la majorité absolue un quinquennat durant aux Mondiaux de trail. Pour la cinquième fois d’affilée (dans la foulée de Maud Gobert en 2011, Nathalie Mauclair en 2013 et 2015, et Caroline Chaverot l’an passé), une traileuse tricolore est devenue championne du Monde de la spécialité.
Si elle faisait partie des favorites –« j’avais pronostiqué qu’elle terminerait première Française, et quand on sait que la France a l’habitude d’être sur le podium…» souriait Jean-François Pontier, manageur du hors stade à la Fédération -, il ne faut pas non plus oublier qu’Adeline Roche est une novice sur une discipline qu’elle apprivoise progressivement, dans le sillage d’une carrière menée sur la piste et le cross puis sur la route (2h38’31’’ sur marathon en 2010 lors de son titre national ; elle a eu par le passé deux sélections seniors et onze chez les jeunes sur piste, cross et route).
L’athlète de 32 ans, qui avait glané sa sélection au Ventoux en mars dernier, a pris les commande de la course peu après le premier pointage au 9e kilomètre. Talonnée de près par l’Américaine Ladia Albertson et par Amandine Ferrato, qui fêtait elle aussi sa première sélection en trail – la première même de toute sa carrière, à 36 ans.
A mi-parcours au ravitaillement, Adeline Roche affichait une bonne minute d’avance, écart qui continuait de croître dans la montée suivante, où la sociétaire du Ca Roannais faisait forte impression, courant là où certains athlètes masculins marchaient.
« Cela a encore plus de saveur de partager cela avec Adeline »
Mais « des problèmes au ventre » l’empêchait de donner la plénitude de ses moyens en descente, et c’est ainsi qu’Amandine Ferrato recolla en fin de parcours, d’autant qu’Adeline Roche, déstabilisée par ces soucis, chuta dans l’ultime descente, à quatre kilomètres du but. « Jamais je n’aurais imaginé me battre avec Adeline » réagissait après coup, radieuse, Amandine Ferrato. « J’avais un conflit dans ma tête. Je me disais : ce n’est pas possible que je passe devant elle. Je me suis dit que si je revenais sur elle, on finirait main dans la main ».

Elle semblait en mesure de le faire, lui objecta t-on. « Oui ! » fit Amandine Ferrato, émue aux  larmes et tenant à particulièrement remercier son coach Christophe Malardé, comme si elle n’avait pas osé, inconsciemment, déborder sa coéquipière. « Je suis trop contente. Cela a encore plus de saveur de partager cela avec Adeline » poursuivit-elle dans sincère bonheur partagé, en enchaînant les photos à deux.
A ses côtés justement, poche de glace posée sur le genou par le kiné, Adeline Roche entonnait un refrain similaire. « On a vraiment sympathisées depuis le stage. Arriver toutes les deux premières, je ne pouvais pas rêver mieux. A la fin, il fallait serrer les dents. Je savais qu’Amandine était là, je continuais d’avancer car je ne savais pas où l’on en était par équipes. Et depuis le début, le staff nous disait : « il faut y aller pour le chrono » (qui est pris en compte pour le classement par équipes, ndlr), alors on débranche et on y va pour le chrono ».
« La gériatrie ne tient plus debout mais tient toujours ! »
Après avoir clamé un vibrant « Bravo championne ! » à Adeline Roche, l’épatante et toujours aussi opiniâtre Nathalie Mauclair (« une bête de course » résumait dans l’aire d’arrivée Jean-François Pontier), 46 ans, s’est penchée sur sa 5e place, sur un format et un parcours loin de lui être favorables…. « Je suis très contente. C’était mon objectif, même si je me disais que c’était très difficile à atteindre car l’équipe était complètement rajeunie et les filles courent vite. Je ne savais pas du tout ce que ça pouvait donner sur un format court comme cela. Après le barrage (au 25e), sur le terrain qui me convenait le plus, j’ai remonté et je suis rentrée dans ma course. Je ne me suis plus posée de questions (je me disais auparavant que j’étais à la ramasse : je ne me trouvais pas trop à ma place et j’étais déçue de ce que j’étais en train de faire) et je me suis dit : “Go, go, go“. J’ai ensuite vu que c’était plus lié à la difficulté du terrain qu’à ma forme. Le titre par équipes, c’est super. Si on m’avait dit ça avant le départ, j’aurais signé de suite ».
Puis, radieuse en montrant les marques de sang sur sa jambe droite, stigmates de trois chutes : « La gériatrie ne tient plus debout mais court toujours ! »
Au final, ce quinquennat (cinq éditions en sept ans, en vérité) aura vécu une ribambelle de remaniements, de Maud Gobert à Aurélia Truel en passant Caroline Chaverot (absente pour cette édition), mais les renouvellements successifs opérés (trois des six sélectionnées à Bada di Prataglia fêtaient leurs premières caps, lire notre dossier ICI) n’altèrent en rien le succès et la dynamique de cette équipe de France féminine, dont l’alchimie entre ministre d’Etat –et d’honneur- (Nathalie Mauclair) et « novices » à ce niveau, sont l’une des clés de ce cinquième titre consécutif par équipes.
Le top 5 :

  1. Adeline Roche, 5h00’44’’ ; 2. Amandine Ferrato, 5h00’47’’ ; 3. Silvia Rampazzo (Italie), 5h11’07’’ ; 4. Ragna Debats (Pays-Bas), 5h14’16’’ ; 5. Nathalie Mauclair, 5h16’10’’ ; 6. Céline Lafaye, 5h19’17’’ (…) 8. Lucie Jamsin 5h21’08’’ (…) 16. Sandra Martin 5h29’44’’. Abandon : Anne-Lise Rousset.

Tous les résultats ici. 
Texte et photos : Quentin Guillon.

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