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Run in Lyon : plus de 20 000 coureurs en lice, record battu, mais une faible densité

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Poste Le 5 octobre 2014 par adminVO2

Plus de 24 000 inscrits, 21 412 partants au final, la Run In Lyon, 5e édition du nom et organisée depuis 2013 par ASO (Amaury Sport Organisation) continue de grandir. Si le marathon a vu un triplé kényan avec la victoire de l’euphorique Martin Kosgei (2h11’55’’), l’Ethiopienne Abedech Tsegaye s’est imposée du côté féminin en 2h39’54’’. Mais derrière, comme à Marseille il y a trois semaines, la densité est faible…
Est-ce l’avenir de ces épreuves de masse, où les coureurs Africains trustent les premières places sur le marathon, où l’essor du running est de plus en plus prégnant derrière, mais où la densité de performances de niveau interrégional-national est famélique (voir à ce propos l’analyse sur le marathon et le demi-fond tricolore) ? Il faut dire que le calendrier hors stade propose tellement de rendez-vous hebdomadaires, aux quatre coins de l’Hexagone, que les coureurs ne peuvent pas être partout*. Surtout à une semaine des championnats de France de marathon, et à trois des France de semi…sans compter que les gros cross automnaux arrivent déjà très bientôt.
Toujours est-il que la Run In Lyon poursuit sa mue. Ce dimanche 5 octobre, ils furent plus de 21 000 à prendre le départ de l’une des trois courses au menu (10 km, semi-marathon et marathon, dont les départs ont été donnés simultanément), soit 3 000 coureurs de plus qu’en 2013, année où ASO a repris en main l’organisation (il y avait plus de 24 000 inscrits cette année).
« C’est noir de monde »
A neuf heures, après le premier sas des dossards préférentiels, c’est un long cortège de coureurs, bardés pour pléthore d’entre eux du t-shirt orange offert lors de l’inscription, qui a défilé place Bellecour 45 minutes durant au fil des différentes vagues, suivant les encouragements d’une speakerine à la voix criarde.
« C’est noir de monde » constate, surpris, Yann Cucherat, ancien gymnaste de haut niveau (notamment double champion d’Europe en 2009 et 2010 aux barres parallèles), aujourd’hui directeur sportif de l’équipe de France et adjoint aux sports à Lyon depuis les dernières élections municipales. La grande majorité de coureurs est venue s’inscrire sur le 10 km (limité à 11 000) ainsi que le semi, alors qu’ils furent environ 2 000 à prendre part au marathon, là où la marge de progression est la plus forte.
« Sur le 10 et le semi, c’est un remplissage régional qui est assez simple à faire à partir du moment où l’épreuve vit et a de la notoriété. Sur le marathon, il va falloir refaire notre réputation. C’est un marathon qui a souffert pendant des années (comme l’annulation en 2009, ndlr). Il faut que les marathoniens retrouvent de la confiance en voyant que ça se passe bien » explique Thomas Delpeuch, affable responsable des épreuves grand public chez ASO (course à pied, VTT, cyclisme).
Un marathon qui doit conférer in fine un caractère international à la manifestation lyonnaise. « Il y environ 80-85% de Rhône-Alpins sur le marathon. C’est moins que sur le 10 et le semi mais c’est encore fort. Ça va venir doucement. Il faut dans un premier temps que ça vienne de toutes les régions de France, puis ensuite les étrangers. Lyon une belle ville, attirante ». ASO (qui s’appuie pour organiser la Run In Lyon sur l’association locale Oxygène, à l’origine de l’épreuve en 2010 et organisatrice pendant trois ans) y travaille, renforçant notamment sa présence sur les gros marathons internationaux à l’instar de celui de Berlin.
« Il faut que les marathoniens fassent des envieux »
Mais le départ simultané des trois courses –et la confusion régnant parfois sur l’étroite avenue à l’arrivée- ne nuit-elle pas au marathon lui-même ? « Sur le départ, c’est gérable. Je pense par contre qu’il faut qu’on mette le marathon en avant sur l’arrivée, avec un cadeau supplémentaire, avec une reconnaissance. Il faut que les autres coureurs aient envie d’être marathoniens. Il faut que les marathoniens fassent des envieux, que les autres se disent : “c’est normal qu’ils aient une belle veste, un beau t-shirt, un beau cadeau“ ».
Comme l’an passé, c’est un Kényan qui s’est imposé place Bellecour, alors que les arrivées des participants au 10 et au semi se succédaient sur le côté droit de l’avenue. Martin Kosgei, vainqueur l’an passé à Marseille, l’a emporté en 2h11’55’’ après être parti sur des bases inférieures à 2h10’. La seconde partie de course fut compliquée par une violente averse, qui a secoué les coureurs durant une bonne vingtaine de minutes. « J’ai fait la différence au 28e kilomètre » souffle dans un anglais un brin déjanté le vainqueur, euphorique et titulaire d’un record à 2h11’37’’ (Hanovre cette année).
« Je m’entraîne au Kenya à Kapsabet avec Peter Some (vainqueur du marathon de Paris en 2012, ndlr), Abraham Kiprotich (vainqueur du marathon d’Istanbul en 2012 et contrôlé positif à l’EPO, ndlr) ou Benjamin Bitok (cinq fois vainqueur du marathon de Toulouse, ndlr) ».
« Créer une référence »
Comme à Marseille il y a trois semaines, c’est un fossé qui sépara le trio kényan lauréat des autres concurrents. « Tout ceux qui sont en moins de trois heures vont attendre de voir combien font les Kényans. S’ils font moins de 2h10’, ils vont se dire que c’est roulant, que  c’est bien organisé et que c’est jouable de battre son record. Il faut créer une référence pour attirer des Français en 2h35’, 2h40’, puis en 2h25’-2h30’. La mauvaise réputation du marathon de Lyon –comme Marseille- nous pénalise à ce niveau là. Il faut que ça revienne. Mais c’est doucement que ça va revenir » décrypte Thomas Delpeuch. « A Lyon, il y a deux objectifs : la masse oui, mais également le marathon, qui est une priorité. Que ce soit le marathon “loisirs tourisme“ ainsi que ceux qui s’entraînent pour faire moins de trois heures ».
C’est le prochain défi qui attend les organisateurs de la Run In Lyon, qui se positionne dorénavant comme un rendez-vous incontournable dans le calendrier hexagonal.
* à commencer par ce dimanche même où Bouabdellah Tahri a remporté les 10 km de Paris Centre en 29’24’’, devant Denis Mayaud, 29’57’’ et Brice Daubord, 30’26’’ alors que chez les femmes, Valeria Straneo l’a emporté devant Christelle Daunay pour une petite seconde, 33’36’’ contre 33’37’’.

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