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Pourquoi seulement sept athlètes ont été sélectionnés pour les championnats du Monde de Sopot

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Poste Le 26 février 2014 par adminVO2

Toujours aussi loquace, le DTN Ghani Yalouz s’explique sur la sélection française pour les championnats du Monde de Sopot (7-9 mars), des Mondiaux où sept athlètes ont été sélectionnés. Les choix des athlètes privilégiant la saison estivale ou les blessures sont des explications à ce contingent réduit. Mais pas que.
Ghani, pourquoi ne pas avoir emmené des athlètes proches des minima FFA, et qui ont réalisé les minima IAAF, comme Stella Akakpo ou Ophélie Claude-Boxberger ?
«Il y a un niveau de performance exigé. Le niveau de performance n’a pas été atteint. Il y a une règle applicable à tous et il n’y a pas d’exception là-dessus. Les bonnes choses, c’est que les meilleurs ont atteint leur niveau de performance le jour où il fallait. Atteindre leur pic de performance le jour J, c’est ce qu’on va leur demander aux Jeux, aux Monde. Pour faire la sélection, on parle de niveau de performance: on peut parler de quelques centièmes, d’une seconde, mais si on rentre dans cette habitude, on banalise complètement la sélection en équipe de France. On ne rend pas service à l’athlète.Il ne faut pas emmener les gens pour les emmener. On sait très bien que le niveau des championnats du Monde va être méga relevé. »
Si l’on prend l’exemple d’Ophélie Claude-Boxberger, est-ce que ce n’est pas dommageable de ne pas l’emmener, notamment pour l’aguerrir pour les championnats d’Europe, alors que d’autre part le demi-fond féminin souffre (ainsi, il y a 17’’ d’écart au bilan entre Ophélie Claude-Boxbergeret Salome Lecoq, 2e du bilan national) – et la sélectionner constituerait un signe positif pour les autres athlètes?
«Aujourd’hui, tout peut porter à discussion. Ce que je vois, c’est que depuis six ans, on n’a jamais eu de problèmes. On est droits dans nos bottes, on est honnêtes, on ne berce pas les athlètes dans l’illusion. Il n’y a pas de favoritisme. J’en connais plein qui n’ont pas eu de podium pour un centième. Le chrono est parlant, et on ne peut pas tricher avec lui. Mais parfois, un centième suffit pour être champion olympique. J’aurais préféré en emmener 25. Mais les 25 auraient-ils été parfaits? Ce qui a fait un peu le mal de l’athlétisme, c’était les cadeaux, les récompenses. Pour moi, le mot récompense existe uniquement sur le podium. Le maillot de l’équipe de France n’est pas une récompense mais une responsabilité.Ophélie est venue me voir, en disant qu’elle ferait les France de cross, et qu’elle travaillerait pour se qualifier à Zurich cet été. D’autre part, Jérôme Clavier a fait 5,30 m (10e) aux France. On l’a emmené car on applique la règle (Clavier avait sauté 5,76 m le 8 février, les minima étant fixés à 5,75 m). Par contre, si un deuxième Français avait fait 5,75 m aux France, il savait très bien qu’il ne partait pas.Pareil pour Garfield Darien (7’’53 cet hiver, forfait par précaution aux France, il sera en lice à Sopot avec Pascal Martinot-Lagarde, car personne d’autre n’a couru aux France en deçà des minima, 7’’60).»

« Le maillot de l’équipe de France n’est pas une récompense mais une responsabilité »

 
N’est-il pas contradictoire de faire un stage fédéral avec pléthores d’athlètes en Afrique du Sud début janvier, et de ne pas ouvrir davantage la sélection pour les Mondiaux ?
«Le stage, c’est pour préparer. L’objectif, c’est qu’ils se connaissent, qu’ils échangent et qu’ils partagent ensuite ensemble à Zurich. Je ne pense pas à l’instant T. Je veux que ça soit pérenne. Pour que ça continue, cela commence par faire des stages ensemble, d’apprendre à se connaître, partager des moments. On veut inculquer un état d’esprit et des valeurs pour tous.Ce n’est pas paradoxal. Il y a une exigence et est-ce que c’est rendre service à un gamin de porter le maillot pour qu’il se retrouve dernier de la course ou qu’il ne soit pas dans les bonnes conditions? Ce ne sont pas les championnats d’Europe. Il y a l’Afrique dans le demi-fond, il y a les Américains etc…On ne va pas s’amuser. Ça va être une boucherie. Car pour eux (les Africains ou les Américains), il n’y a que ça (c’est le seul championnat du Monde cette année). Je me rappelle qu’on était arrivés à 11 à Istanbul, et on avait ramené 3 médailles (en 2012). Il ne faut pas taper souvent, mais il faut essayer de taper juste. Et pour taper juste, il faut créer un état d’esprit avec des valeurs, du partage, de la proximité pour que ça paye à Zurich, et j’espère surtout à Rio.»
Cette politique là, uniquement basée sur élite, est-elle incompatible avec une politique qui n’est pas basée que sur des athlètes “médaillables“ ?
« Vous êtes journaliste. On vous a pris car vous savez écrire une ligne sans une faute d’orthographe. Est-ce une récompense de mettre quelqu’un parce qu’il est gentil mais par contre il ne sait pas écrire ?
Ce que je regrette, c’est que vous avez la mémoire courte. Aux Mondiaux, les minima ont été abaissés par exemple sur les lancers. Ce qui a fait un peu le mal de l’athlétisme, c’était les cadeaux, les récompenses. En athlé, pour avoir la Marseillaise, il faut monter sur la plus haute marche du podium. Ce n’est pas avant le match comme au hand, au foot…ça se mérite. Pour moi, le mot récompense existe uniquement sur le podium. Le maillot de l’équipe de France n’est pas une récompense mais une responsabilité. »
 

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