Des championnats d'Europe historiques à plus d’un titre ?
Les 22e championnats d’Europe s’ouvrent à Zurich mardi 12 août. Durant cinq jours, l’athlétisme français devrait faire montre de sa vitalité face aux meilleures nations continentales. Jusqu’à améliorer le record de médailles de Barcelone de 2010 (18 dont huit en or) ?
C’est le moment de concrétiser. Il y a tout juste quatre ans, en terre catalane, sur la piste bleue du Stade de Montjuic, s’amorçait la dynamique actuellement à l’œuvre: 18 médailles dont huit en or, dans la foulée d’une jeune génération décomplexée et symbolisée par Christophe Lemaitre, auteur d’un historique triplé 100, 200 et relais 4×100 mètres. Cette génération éclot progressivement au niveau mondial. En atteste la présence française cette saison dans les meetings estampillés Diamond League, présence qui s’est matérialisée par des podiums sur ces plus gros meetings mondiaux. Avec en chef de file un Renaud Lavillenie qui tire tous ses coéquipiers vers le (très) haut, après avoir tutoyé les sommets cet hiver à Donetsk en effaçant Serguei Bubka des tablettes (6,16 m).
L’affaire Bigot est toutefois venue refroidir cette approche sereine et l’enthousiasme ambiant. Si cela va sans nul doute alimenter les conversations en début de championnat –ce fut d’ailleurs le cas lors du point presse-, les premières compétitions et médailles devraient la reléguer au second plan. Seulement, ce contrôle positif montre qu’il faut rester constamment vigilant et rappelle avec acuité que le dopage ne s’arrête pas aux frontières de l’Hexagone.Toujours est-il que sur papier, cette équipe de France a fière allure. Un potentiel à concrétiser dans ces championnats d’Europe, beaucoup plus accessibles que les championnats du Monde, sur lesquels les Bleus sont en progrès (quatre médailles à Moscou l’an passé, alors qu’actuellement, ils sont également quatre à figurer sur le podium au bilan planétaire *).
Deuxième au tableau des médailles en 2010 (comme en 2012 à Helsinki mais à quelques semaines des JO, certaines leaders, autant Français qu’étrangers, avaient fait l’impasse), les Tricolores ont les moyens de rivaliser avec les Russes, Allemands et Britanniques. «Notre objectif est de faire aussi bien qu’à Barcelone. On en a les moyens, nous avons même plus de possibilités que par rapport à Barcelone. Si on a de la réussite, ça pourrait vraiment être la grande fête» résume le président de la FFA Bernard Amsalem.
Imprimer leur marque
Individuellement, ils sont plusieurs à être en mesure d’imprimer leur marque dans le livre athlétique continental. A commencer par Christophe Lemaitre, qui a l’occasion de devenir l’athlète européen ayant glané le plus de médailles dans l’histoire des championnats d’Europe (il en possède actuellement cinq **), même si la prouesse est facilitée par le fait que ces Europe se disputent désormais tous les deux ans, depuis 2012. L’Aixois pourrait aussi devenir le 3e athlète à s’imposer à trois reprises consécutivement sur 100 m (après Valerie Borzov en 1969, 1971 et 1974 et Linford Christie en 1986, 1990 et 1994).
Horizon similaire pour Renaud Lavillenie, double champion d’Europe 2010 et 2012 (seul Wolfang Nordwig a réalisé le triplé, en 1966, 1969 et 1971). Au steeple, personne n’a enchaîné trois succès d’affilée: Mahiedine Mekhissi en a la possibilité cette semaine. Tout comme Yoann Diniz (après 2006 et 2010, il n’y avait pas eu de 50 km en 2012, année des Jeux), dans l’une des disciplines, le 50 km, des plus traumatisantes, alors que Pierre-Ambroise Bosse pourrait devenir le premier Tricolore à l’emporter sur le double tour de piste.
Théâtre de 25 records du Monde, le fidèle et connaisseur public du Letzigrund pourrait peut-être en apprécier un 26e, avec un très joli duel à la hauteur entre le Russe Ivan Ukhov et l’Ukrainien Bogdan Bondarenko. Toujours à la hauteur, le retour de Blanca Vlasic au premier plan sera à suivre avec intérêt. Dans un tout autre registre, Mo Farah aura-t-il retrouvé ses finish dévastateurs sur 5000 et 10000 m?
Toujours côté étranger, l’éclectique Néerlandaise Dafne Schippers, 22 ans, a l’occasion de se révéler aux yeux du grand public, sur 100 et 200 m. Les autres têtes d’affiche? Elles sont tricolores. A Zurich, la piste est ocre. Mais ses propriétés chromatiques pourraient bien prendre quelques accents bleus au cours de la semaine…
* Renaud Lavillenie à la perche (1er), Pascal Martinot-Lagarde sur 110 m haies et Pierre-Ambroise Bosse sur 800 m (2e), Eloyse Lesueur à la longueur (3e).
** Les Britanniques Roger Black (400 m et 4×400 m entre 1986 et 1994) et Linford Christie (100 m, 200 m et 4×100 m entre 1986 et 1994), l’Allemand de l’Est Harald Schmid (400 m haies et 4×400 m entre 1978 et 1986) ainsi que l’Italien Pietro Mennea (100 m, 200 m et 4×100 m entre 1 et 1978)ont tous les trois remportés six médailles.