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Mondial de Moscou : Bertrand Moulinet, pour changer de braquet ?

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Poste Le 30 juillet 2013 par adminVO2

Après d’excellents JO de Londres (8e sur 20 km en 1h20’12, record personnel, et 12e sur 50 km en 3’45’’35, RP), Bertrand Moulinet escompte se rapprocher des podiums planétaires.
Cela semble toutefois ardu pour Moscou, le marcheur amiénois ayant connu une année 2013 compliquée, avec de multiples pépins. Chez lui, en contrebas de Font Romeu où il possède sa maison et sa propre salle de musculation, il revient sur cette saison chaotique et ses futures ambitions : les 20 km de Moscou donc (dimanche 11 août, 17 heures, 15 h en France), puis sa volonté de faire les minima en octobre sur 50 km en vue des championnats d’Europe 2014 de Zurich. Font Romeu, où le marcheur habite à l’année. «Les services publics déneigent bien donc c’est praticable» tient à t-il préciser lorsque l’on demande si ce n’est pas difficile de s’entraîner l’hiver.
Pour commencer, pouvez-vous revenir sur votre saison depuis les JO ?
Après Londres, j’ai passé deux mois et demi où je ne faisais pas plus d’une heure de vélo ou une demi-heure de footing pour récupérer. Ça allait bien. J’ai repris ensuite progressivement la marche. Je faisais 15 km maxi mais je me suis fait une tendinite en octobre puis une contracture au quadriceps dès ces premières sorties. Mon corps ne m’envoyait même plus de signaux de fatigue, ça cassait direct. De 2009 aux JO, je me suis vraiment entraîné beaucoup pendant 4 ans. J’avais toujours des douleurs. Quand tu fais des longues distances, tu as toujours des douleurs quelque part et si tu t’arrêtes quand tu as mal, tu ne fais rien. Je marchais sur ces petites blessures. Ça passait mais par contre cet hiver, ça cassait net. Je me suis déchiré l’ischio en stage en janvier. J’ai attrapé la grippe, j’ai eu un accident de voiture, j’ai eu la gale… Début juin, sur les 250 jours qui précédaient, j’ai eu 150 jours où j’étais blessé où malade. J’ai eu trois mois où j’ai pu m’entraîner, mais pas consécutivement. En ce qui concerne les Interclubs, je les ai fait blessés.
A quoi attribuez-vous tous ces pépins physiques?
Depuis 2009, j’ai vraiment fait des entraînements très durs. J’ai marché sur de grosses fatigues. Le corps a stoppé tous les signaux de douleurs car de toute façon je marchais dessus. Je suis arrivé aux JO plus ou moins pété. J’avais mal après le 20 km, j’avais des “tape“ (strapping, ndlr) partout pour récupérer. J’ai fait le 50 km, je termine juste parce que je suis sur mon record car je ne me suis jamais fait aussi mal. J’avais bien récupéré en surface mais j’avais pas mal de séquelles en profondeur. Et ça a pété dès que je repris l’entraînement. Après le doublé des JO, il a fallu un an pour récupérer. Je pensais même que je n’allais plus jamais m’entraîner.
Comment se passent les dernières semaines (ou premières!) de préparation?
Ça se passe bien. Je ne peux pas faire grand-chose car on est proche des championnats du Monde. Mais j’arrive à bien m’entraîner, à faire pas mal de kilomètres. Je récupère bien. Je suis en bonne santé donc ça va. Le seul truc que je sais, c’est que si je suis en bonne santé, je serais au moins au niveau des minima (1h21’50). J’ai les mêmes sensations que celles avant les JO. Je me sens bien à l’entraînement, j’ai perdu du poids.

«Peut-être que les huit mois de repos m’ont fait du bien, m’ont permis de couper»

Des sensations similaires alors que vous avez été blessé huit mois au total, comment l’expliquez-vous?!
J’ai envie de dire que c’est le talent (il éclate de rire). J’ai quand même 26 ans. Je vois bien la différence par rapport à il y a trois ans. Je ne suis plus un enfant, je me sens en pleine force, je m’entraîne super bien. Pendant ma blessure, j’ai fait du vélo, pas mal de canapé aussi. J’avais tellement mal certaines fois que je ne pouvais rien faire. Peut-être que les huit mois de repos m’ont fait du bien, m’ont permis de couper. Je me sens bien. Je suis heureux car j’ai la possibilité de m’entraîner. Je ne suis pas un invalide dans son fauteuil toute la journée qui ne peut pas se lever. Je prends plaisir à faire ce que je fais.
Sur quoi mettez-vous l’accent à quelques encablures du championnat du Monde?
Sur un peu tout. Je ne peux pas vraiment axer sur le spécifique car j’ai repris l’entraînement il y a six semaines exactement (début juin, ndlr). J’ai un peu marché, je faisais 15 kilomètres tous les jours. J’ai passé les France comme ça (3e sur 10000 m en 39’50’’03).Pour Reims, j’étais dans le bon jour d’altitude. Je suis redescendu juste pour le meeting à Amiens (22 juin, 5000 m en 19’39’’53) et 6 jours après pour Reims (28 juin, 18’57’’23, record personnel). J’ai quand même fait 1h20 sur 20 km donc j’ai un certain niveau de base. J’ai fait ça sur mes acquis. Il me suffit juste d’être en bonne santé et ça tourne. Et là, j’ai progressivement augmenté le kilométrage.
J’ai fait 185 km la semaine dernière (du 15 au 21 juillet) et cette semaine 195 km (du 22 au 28 juillet). Aujourd’hui (jeudi 25), j’ai fait 50 bornes en deux fois 25. Je fais beaucoup de kilomètres mais je récupère bien. Je marche en endurance à peu près tous les jours. Je fais de temps en temps un peu de vitesse. Sur des 30’’-30’’ par exemple et le lendemain je fais des séances de rythme, à allure intermédiaire, au seuil, comme 3×6 km. L’objectif, c’est la santé. J’espère être bien et faire une belle course aux Mondiaux. Ça va faire un an que je n’ai pas fait de 20 km, un an sans compétition.
Vous devriez toutefois manquer de repères…
Oui je pense que ça va être raide de ce côté-là. Mais je n’ai pas le choix. Les repères sur 20 km, ce n’est pas compliqué. Il y a une heure où il faut s’accrocher aux meilleurs et puis après, accélérer si on en est capable, sinon essayer de maintenir l’allure. Il faut juste être en super forme. Autant sur 50km, on peut marcher un peu moins vite si on est moins bien, autant sur 20, si tu n’es pas au maximum de tes capacités, ça ne passera pas.
Vos performances à Londres vous ont-elles ouvert de nouvelles perspectives?
Des perspectives financières ou matérielles, non. Ça ne m’a rien ouvert (rires). Par contre, les ambitions sportives oui. Je fais 8e à 25 ans, ça sert à quoi de s’entraîner pendant quatre ans pour faire la même chose à Rio? La prochaine étape, c’est essayer de faire la médaille. A Moscou, faire finaliste risque d’être compliqué. Il y aura quatre Russes, trois Chinois, il reste une place et il y a 6-7 mecs pour une 8e place. J’espère déjà faire un bon 20 km et m’amuser. J’espère consolider mon état de santé.
Quelles sont vos conditions d’entraînement?
Pour le moment je m’entraîne seul. Je n’ai pas d’entraîneur. Ça risque de changer l’an prochain et je devrais rejoindre un groupe d’entraînement à l’étranger pour pouvoir m’entraîner avec d’autres personnes.
C’est-à-dire?
Des marcheurs qui viennent d’un peu partout dans le monde. Ce n’est pas encore sûr. Je vais rencontrer la personne qui s’en occupe à Moscou. Ce n’est pas un groupe français. Je fais mes plans tout seul et je les fait vérifier par cet entraîneur (il ne souhaite pas dire le nom). Je me connais et je me suis entraîné pendant quatre ans avec Gérard (Lelièvre), j’essaie de reproduire ce qui a marché pour moi.

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