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Championnats d’Europe : à 29 ans, le début d’une autre carrière pour Antonin Boyez

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Poste Le 6 août 2014 par adminVO2

Antonin Boyez sera en lice –avec Kévin Campion- sur le 20 km marche mercredi 13 août (9h20) aux championnats d’Europe à Zurich. A 29 ans, ce sera le premier grand championnat pour celui qui a réalisé les minima lors de la coupe du Monde à Taicang en Chine début mai (1h22’21’’, record personnel pour des minima fixés à 1h22’30’’). Et sans doute pas le dernier pour Antonin Boyez, au parcours fort singulier et qui entame désormais « une nouvelle carrière ».
Antonin, comment s’est déroulée votre préparation?
«Tout va bien. Après les championnats de France (3e du 10000 m à Reims en 40’58’’12), il y a une montée en puissance logique. Je ne suis pas parti en stage car je travaille. Mais j’ai posé des congés de manière à pouvoir m’entraîner le matin et travailler ensuite l’après-midi. »
Quel va être l’objectif à Zurich?
«Le but sera d’essayer de rentrer dans les douze meilleurs. J’avais le 15e temps européen à la coupe du Monde à Taicang. Si vraiment les choses se passaient bien, pourquoi pas aller chercher une place de finaliste, dans les huit. Je ne peux pas être plus ambitieux avec un chrono de 1h22’. L’enjeu pour moi était d’abord de se qualifier. Je vais essayer d’améliorer mon record si les conditions s’y prêtent, pourquoi pas descendre sous les 1h22’. Je me sens en forme, ça sera peut-être possible. »

«De 2008 à 2014, sept déménagements dans sept villes différentes»

Vous aviez fait 1h23’25’’ à Podebrady en 2010, votre précédent record avant Taicang : que s’est-il passé entre temps?
«Le changement, c’est surtout en terme d’organisation de vie. En 2008, je suis encore étudiant en troisième année de médecine. J’ai fait le choix d’arrêter ces études et j’ai repris un cursus en STAPS (Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives). De 2008 à aujourd’hui, il y a eu en sept ans, sept déménagements dans sept villes différentes. Cela explique les difficultés car il a fallu formaliser un projet d’insertion professionnel.»
Vous avez stoppé la médecine, c’était pour vous consacrer au sport?
«Oui c’était impossible de concilier les deux. C’était soit l’un soit l’autre. Il a fallu ensuite reconstruire un autre projet, qui était d’ailleurs discutable. J’ai fait des études que je n’ai pas forcément choisies, sans pouvoir vraiment m’exprimer sur le plan sportif. Il y a eu quelques années un peu difficiles. J’ai repris ”ma marche en avant“, c’est ce qui compte.En février 2008, je deviens champion de France senior sur 5000 m (à Bordeaux en 20’01’’00). Là, je me dis que quelque chose va peut-être démarrer.
En 2009, j’étais surveillant à mi-temps dans un collège pendant un an pour ne tenter que le sport. Sauf que je suis retourné dans la ville de mes parents, et au niveau de l’entraînement, il n’y avait rien de structuré.Après, je me suis dit que j’avais un potentiel sur le plan intellectuel. J’ai donc repris STAPS en L3 en allant au Creps de Reims. J’ai fait 1h23’25’’ (il avait gagné la coupe d’Europe à Podebrady), et j’ai du coup pu intégrer l’INSEP. J’y ai été interne pendant un an, en 2010-2011.
J’ai obtenu un contrat avec la gendarmerie qui a duré deux ans. Je suis champion de France du 5000 m (19’47’’86 à Aubière), du 20 km (1h26’07’’ à Saint-Renan), 9e de la coupe d’Europe(1h25’21’’ à Olhao): je me suis alors dit que le projet sportif allait se concrétiser. D’ailleurs, j’ai appris que j’allais être reclassé 8e car le Russe Stanislav Emelyanov a été suspendu (irrégularités dans son passeport biologique, il était champion d’Europe du 20 km à Barcelone en 2010 mais va être déclassé).

«J’ai arrêté la marche pendant six mois, j’étais un peu perdu»

Mais suite à cette année, à un an des Jeux, je sors des listes de haut niveau et je ne suis pas reconduit à l’INSEP en 2012. Il y a eu une année vraiment compliqué. J’ai arrêté la marche pendant six mois, j’étais un peu perdu. J’ai quand même réussi à terminer mon Master 2 à Créteil.Et ensuite, j’ai travaillé durant 15 mois à la direction jeunesse et sport à Chalon-en-Champagnes en tant que contractuel, et j’ai préparé tout seul à côté le concours de professorat de sport, que j’ai obtenu.
Depuis janvier, je suis en poste à la direction régionale jeunesse et sport à Besançon.Pendant toutes ces années, je me suis surtout attaché à continuer. J’étais présent tous les ans en coupe d’Europe et en coupe du Monde en équipe de France, mais je n’ai pas encore pu percer à haut niveau. Avec 1h22’, ça ne sera pas suffisant pour exploser au plus haut niveau.
Mais à Zurich, ça sera un premier grand championnat, et je pourrais vraiment profiter de la super dynamique qu’il y a avec pas mal de leaders. J’y vais pour apprendre et pour pouvoir participer à l’aventure collective.»

«Ce n’est que le début»

Vous réussissez à vous préparer sereinement pour Zurich tout en travaillant à côté?
«Paradoxalement, c’est mon année la plus lourde sur le plan d’investissement au niveau du travail. Mais le fait d’être enfin posé, d’avoir une situation professionnelle stable, de me retrouver dans une ville qui me plaît, à Besançon, où il y a des circuits pas mal pour s’entraîner, ça me permet de pouvoir commencer à m’exprimer. J’ai aussi conscience que les 1h22’, c’est une étape essentielle, mais ce n’est que le début.
A 29 ans, il y a une nouvelle carrière qui peut commencer. N’étant pas sportif de haut niveau, je ne bénéficie pas d’aménagements, je suis un sportif amateur qui travaille et qui essaie de s’entraîner quand il peut, sachant que la marche est une discipline extrêmement chronophage et énergique. J’ai réussi à faire 1h22’ dans ces conditions, je me sens capable de faire 1h21’ l’an prochain et 1h20’ l’année des Jeux.»
Sur quoi devez-vous progressé à l’entraînement?
«Je n’ai pas vraiment pu travailler le foncier sur le long terme, c’est-à-dire faire des semaines à 180-200 km sur la durée. Par exemple, cet hiver, j’ai passé le concours de professorat, et j’ai arrêté la marche durant trois mois pour le préparer. J’ai repris l’entraînement début janvier, il a fallu se réathlétiser. Je suis même un peu surpris de la saison que j’ai faite avec cette préparation perturbée. Sinon je suis autour de 130-160 km cette année, ce qui encore insuffisant. Je suis très autonome dans mon entraînement, je me fais mes séances etc…
J’échange beaucoup avec Denis Dugast, qui est à Paris, et qui est là en accompagnement, en conseil, ce qui est essentiel. Mais cette année, avec la distance, toutes les sorties de 25 bornes, je les fais tout seul. Avoir une vraie structure d’entraînement, c’est un secteur de progression. Par exemple, j’ai vu une seule fois un kiné cette année. Je n’optimise rien en termes de récupération. Il y a un certain nombre de choses à améliorer.»

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