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Le coup double de Sylvain Court, de retour après une première partie de saison difficile

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Poste Le 29 septembre 2014 par adminVO2

On avait quelque peu perdu la trace de Sylvain Court en cette saison 2014. Impressionnant l’an dernier, le sociétaire de Bouliac Sports Plaisirs (Gironde) a ensuite accusé le coup. Après avoir effectué son footing de récup et avant d’aller savourer « au resto », Sylvain Court, trente ans, est revenu d’une voix calme et posée sur sa victoire dimanche 28 septembre aux championnats de France de trail, sur le format long (60 km). Un succès également synonyme de qualification pour les championnats du Monde 2015, qui se dérouleront le 31 mai prochain à Annecy lors de la Maxi-Race.

Quels sentiments avez-vous ressentis en franchissant la ligne en vainqueur, devant Nicolas Martin et Ludovic Pommeret ?

C’était une grosse émotion. Je me suis jeté dans les bras de Philippe Propage, mon entraîneur, et Adélaide Panthéon, ma compagne. Beaucoup d’émotion, car le titre de champion de France sur un jour, ça a une sacrée saveur. Et la sélection en équipe de France, ça fait presque deux ans que je cours après et c’est enfin réalisé. Faire coup double en une journée, c’est magnifique et c’est le top.

Que représente cette première sélection*, alors que vous étiez justement tout proche de l’obtenir pour les Mondiaux 2013 (il était remplaçant)?

Je n’ai jamais eu cette joie de porter le maillot français. Là, c’est vraiment un honneur et une consécration. C’est vraiment un grand plaisir, qui plus est de l’avoir acquis sur un championnat de France en remportant le titre. C’est vraiment énorme.

Vous ne vous attendiez pas à cette performance ?

Non, mais depuis deux semaines, je sortais de très bonnes séances à l’entraînement. J’ai fait de très bons chronos sur piste, et en montagne, je me sentais assez fort en côte. De là à chercher la victoire, peut-être pas. Car entre Sébastien (Spehler) et Julien (Rancon), c’est du très costaud. Je croyais au podium et à la sélection, mais la victoire, ce n’était pas gagné. Le but au départ était de s’accrocher avec Julien et Sébastien le plus possible.

«Je me suis dit que j’allais passer à la trappe comme à Gap»

Vous avez repensé au scénario de Gap (l’an passé, il avait terminé 4e aux France) dans la dernière descente?

Sébastien est revenu sur moi au moment où Julien a décroché. On est à 13 km de l’arrivée. Je me suis dit que j’allais passer à la trappe comme à Gap (sourire). On arrive au dernier ravito ensemble. Il y a une superbe entente entre nous deux: il m’attend à la sortie du ravito et on décide de faire un bon bout de chemin ensemble. Et on entend qu’il y a des gars 30 secondes derrière. Je vois Sébastien un peu affolé. Il met une très grosse accélération. Je ne peux pas trop suivre car sinon, je n’aurais pas pu aller au bout à ce rythme là. Je prends de suite 30-40’’ de retard. Je me retourne et je vois Nicolas Martin qui nous avait en point de mire.
Je me suis dit de serrer les dents sur les 10 derniers km descendants et d’assurer la 2e place pour la sélection. Puis 2-3 km après, je me retourne, je pensais que c’était Nicolas Martin et c’était en fait Sébastien qui s’était perdu et quirevenait sur moi. Je suis alors très surpris de meretrouver en tête. Il me dit qu’il vaessayer de s’accrocher. J’ai senti qu’il n’était pas au mieux. J’ai essayé d’accéléré un peu et j’ai vu que je faisais progressivement l’écart. J’y ai cru un peu et j’ai essayé de maintenir ce rythme jusqu’à l’arrivée et ça l’a fait.

Il y eu un peu de doute quand Sébastien Spehler est parti et que Nicolas Martin se rapprochait ?

J’ai un peu stressé sur le moment mais je ne me suis quand même pas trop affolé. J’ai tout simplement maintenu le rythme que j’avais en haussant un peu la vitesse. Peut-être que Sébastien a payé sa violente accélération à la sortie du ravitaillement.Vous aviez repéré le parcours?J’étais venu au mois d’avril avec ma copine. Elle faisait la manche du TTN sur le court. J’en avais profité très tôt le matin pour reconnaître les 15 derniers km.
Je devais faire une reco il y a 2-3 semaines, mais j’ai annulé car ça faisait énormément de frais et de route pou venir de Bordeaux (il est magasinier et aide moniteur au service des sports de l’armée à Mérignac, près de Bordeaux, ndlr). J’ai bien étudié le parcours et le profil et ça m’a suffit. C’était un parcours en relances, avec un rythme assez élevé et usant, moins montagnard qu’à Gap.

«J’étais complètement cuit, littéralement vidé»

Comment expliquez-vous votre première partie de saison laborieuse (victoire au Grand Brassac, puis abandons à Gruissan -sur chute-, à l’Eco Trail de Paris et à la Maxi-Race), à l’opposée de 2013?

Je suis arrivé assez fatigué en fin de saison dernière à partir de Gap (4e des France) et des Templiers (4e également en octobre 2013). J’étais déjà un peu sur les rotules. Et je n’ai pas assez coupé l’hiver, que deux semaines pour vite reprendre aux championnats de France militaires, au lieu de 3 semaines-1 mois. J’ai réattaqué la saison un peu entamé, en ayant pas totalement récupéré de la saison dernière. Et je l’ai payé pendant cinq mois. J’étais complètement cuit, littéralement vidé jusqu’à la Maxi Race (1er juin).
Sylvain Court 3

Comment vous êtes vous remis d’aplomb ?

Le jour même de la Maxi Race, je me suis dit que plutôt de persévérer et s’entêter dans la fatigue, j’ai coupé complètement pendant un mois avec la course à pied. J’ai essayé vraiment de s’aérer. J’ai laissé les baskets au placard. J’en avais un peu ras-le-bol d’être à la ramasse. J’ai ensuite eu une discussion avec Philippe qui était d’accord avec moi. J’ai juste maintenu un peu de marche en montagne, ou un peu de renforcement en salle.
J’ai repris la prépa début juillet, en m’alignant d’abord sur des formats courts. Comme la montée du Nid d’Aigle. Ça été une reprise surprenant car je ne suis pas non plus un super grimpeur. C’était 20 km de montée avec presque 2 000 m de dénivelé. Ça été une grosse joie de gagner car c’est une belle classique de la course en montagne. Ça m’a bien reboosté pour la suite, avec le trophée du Canigou, où j’ai fait 2e derrière Michel Lanne. Je me suis dit que j’étais sur la bonne voie et que ça commençait à sentir bon. Je me suis ensuite aligné à Zermatt sur une manche de coupe du Monde de skyrunning. J’ai un peu ramassé avec de gros problèmes gastriques dès le départ. Ça été une course difficile mais je me suis dit que ça pouvait me servir pour la suite. J’ai fini sans me rentrer dedans pour enchaîner la suite de la prépa France.

Cette période va-t-elle vous servir pour la suite en gérant mieux le programme de compétition ?

Oui, ça m’a bien servi de leçon. J’en ferai moins par la suite. Et aujourd’hui, il y a une telle densité et un tel niveau sur les courses que je pense que l’on ne peut pas se permettre d’enchaîner tous les mois une course de haut niveau, surtout sur de telles distances.

Vous aviez donc complètement changé votre programme initial ?

Oui (un brin fataliste)…Il y avait vraiment des choses qui me tenaient à cœur. Je voulais essayer de franchir le pas sur l’ultra, découvrir au moins une distance au-delà de 100 km. Malheureusement, le contrat n’est pas rempli mais j’avais vu un peu trop gros.

Vous remisez ça pour 2015 ?

Maintenant que j’ai la sélection, tout le début de saison va être dédié à la préparation de ces Mondiaux. Je ne vais donc pas trop trop en faire pour ne pas répéter la même erreur que l’année dernière. L’objectif sera clairement les Mondiaux et après ça sera que du bonus. J’aimerais beaucoup faire un ultra.

D’ici la fin de saison, qu’est ce qui est prévu ?

J’ai d’abord prévu de savourer (rires). Évidemment que les Templiers sont une course qui me fait rêver, comme beaucoup de coureurs. En sachant la forme que j’aie actuellement, j’ai quand même bien envie d’y aller. Et surfer sur la bonne forme actuelle. Ce n’est pas encore décidé mais il y a de bonnes chances.

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