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Le marcheur Kévin Campion se rapproche du top niveau européen

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Poste Le 17 avril 2014 par adminVO2

Lors du match international de marche organisé le week-end dernier à Podebrady en République Tchèque, Kévin Campion est pour la première fois de sa carrière descendu sous les 1h21’ (1h20’39’’), terminant quatrième de la course remportée par le Slovaque Matej Toth, 5e des championnats du Monde de Moscou sur 50 km l’an dernier.
Disqualifié à 200 mètres de l’arrivée des championnats de France à Fontenay-le-Comte le 9 mars dernier, Kévin Campion a parfaitement réagi le week-end dernier en République Tchèque, claquant un 1h20’39’’ synonyme de nouveau record personnel sur la distance. «J’avais fait 20 km aux France car on m’avait sorti au 19,8 km. J’étais sur du 1h22’, je savais donc ce que valais la perf. Le but était de refaire au moins ça, de retrouver les mêmes sensations car je m’étais bien senti à Fontenay-le-Comte. Je faisais également de meilleures séances. Philippe (Dolls) et Laurent (Heitz), mes entraîneurs, ont vu aussi que j’étais mieux qu’avant les France».
Parti d’emblée sur du 4’ au kilo (bases 1h20’), la course fut régulière (40’05’’ aux 10 km et 1h00’10’’ aux 15 km). «Je me sentais bien: j’ai un peu lancé le groupe vers les 13, 14e km sur du 3’57’’. Mais ils ne m’ont pas laissé partir. Ça a piqué un peu sur la fin, j’ai fini en 4’06’’ au kilo». Davantage que le chrono, c’est aussi la manière qui est à mettre en exergue dans la performance de Kévin Campion. Puisque le champion de France du 5000 mètres n’a récolté aucun carton (ni jaune, ni rouge l’athlète est disqualifié après trois rouges) après sa déconvenue vendéenne.
Pourquoi un tel différentiel à un mois d’intervalle?

Techniquement, «il n’y avait pas photo»

Kévin Campion a eu une démarche pleine d’a-propos. «J’ai parlé avec les juges qui m’avaient jugé aux France. Je ne leur ai pas demandé pourquoi j’ai été disqualifié mais ce que j’avais à corriger. Ils ont été sympas car ils m’ont expliqué. Ils m’ont dirigé sur les axes à travailler même si on ne change pas la technique d’un marcheur en quatre semaines» narre t-il. «Je faisais de trop grandes foulées: j’allais chercher le sol un peu trop loin, et c’est ce qui fait que j’étais en suspension. J’ai donc rétréci un peu les foulées. J’avais les épaules un peu trop hautes et crispées: j’ai donc fait des étirements du dos pour avoir le haut du corps détendu. J’ai revu un juge en République Tchèque qui m’avait mis un rouge aux France. Il m’a dit qu’il n’y avait pas photo. C’est un point très positif car en 2013, j’ai terminé quasiment toutes mes courses avec deux rouges. Je suis content mais il faut que je continue à travailler» poursuit posément Kévin Campion, qui avait changé d’environnement cette année.

«Je reste prudent»

Auparavant sur Lyon, il a trouvé un job en Normandie, à La Poste, après une période d’essai à la fin 2013. « J’ai signé mon CDI début 2014 et je bénéficie du CIP (Contrat d’Insertion Professionnel), le détachement des sportifs. Je travaille donc à 50%». Donc des conditions idoines pour s’entraîner, en dépit de la distance qui l’a obligée à stopper sa collaboration avec Marc Foucan pour la préparation physique.
«On a fait un gros travail qui m’a bien servi pour la fin d’année. J’avais fait de gros progrès sur le physique et la position de marche. Il en a été le grand artisan et je l’en remercie encore. Pour la technique de course, ce n’est pas facile, mais ma copine me filme sur mes séances de piste. Et j’envoie les vidéos à mes coaches. Mais j’ai ma paye, j’ai de quoi vivre et je peux me concentrer sur l’entraînement».

«150 marcheurs au départ, c’est impressionnant»

Le marcheur licencié à Feyzin-Venissieux demeure humble par rapport à sa probante performance. «Le top niveau? Je me rapproche mais je n’y suis pas encore. Il faut refaire ce chrono, et c’est quelque fois plus dur. Je ne m’enflamme pas. Zurich, c’est un championnat, donc tous les compteurs sont remis à zéro. J’ai envie de briller. A Moscou, après mon 10000 m aux France (38’37’’02, record de France aux France Elite à Charléty), j’avais envie d’y briller. Mais j’ai pris une grosse claque (abandon). Je reste donc prudent» signale Kévin Campion, qui entend prendre davantage de recul avant l’échéance.
«J’essaierai de prendre ça avec moins de stress, car à Moscou, je me suis carrément mis la pression. Je ne ferai pas les mêmes erreurs». Il aura l’occasion de travailler la tactique de course le 4 mai prochain lors de la coupe du Monde de Taïcan en Chine. «La Coupe du Monde, c’est l’endroit où il a la plus grosse densité de marcheurs. Au lieu d’avoir trois Russes et trois Chinois comme aux Mondiaux, il y en a cinq. On est maximum cinq par nations et ça fait un peloton de 150 marcheurs au départ. C’est impressionnant. Ça ne va pas forcément aller vite. Mais ce sont des courses tests où on se regarde tous. Les meilleurs se cachent un peu. Ça va être une course intéressante. Ce sont ces courses là qui permettent d’apprendre au plus haut niveau».
Et se se rapprocher un peu plus des tous meilleurs…
Photo : Gilles Bertrand.

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