Marathon : quel ravitaillement et quelle hydratation?

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Poste Le 2 mars 2016 par adminVO2

CONSEIL DE LA SEMAINE. Le ravitaillement –et surtout l’hydratation- sont déterminants dans la performance sur des efforts de longue durée, tels que le marathon. A quelques semaines des marathons de printemps, c’est la période idoine pour tester ces ravitaillements sur vos sorties longues. Nos conseils.
Quel type de ravitaillement ?
Cela dépend déjà de la durée d’effort. « Physiologiquement parlant, en dessous de quatre heures, il est principalement question de boisson » explique le nutritionniste Anthony Berthou. « Les gels ou autres, ce sont des produits qui sont hypertoniques, trop concentrés en sucre, et qui vont manquer en minéraux, en particulier de sodium. Nous ne sommes pas encore dans des périodes de haute chaleur (lire ici nos conseils sur le marathon et la chaleur) mais c’est un élément important. Il faut une boisson de qualité complète : isotonique ou légèrement hypotonique (pour savoir ce qu’est recouvre le terme «boisson isotonique, lire ici), qui apporte un certain nombre de minéraux, de glucides avec une assimilation progressive, ainsi que des BCAA (des acides-aminés) ».
Ce type de boisson est « plus adapté qu’un apport massif de sucres sous une faible quantité, comme les gels. Physiologiquement parlant, je ne suis pas partisan des gels liquides ». Pour les coureurs désireux de se ravitailler en « solide», mieux vaut alors privilégier « une demi-banane bien mûre, une pâte de fruit voire une pâte d’amandes, mais celle-ci est plus riche en graisses et qui va demander plus de temps de digestion. C’est plus adapté sur une faible intensité générale, plutôt que pour des personnes qui sont davantage focalisés sur le chrono, où il faut mieux éviter ».
Quand s’hydrater et se ravitailler ?
Il faut globalement boire un demi-litre toutes les heures (500 ml), avec une hydratation qui doit être la plus fractionnée possible. L’idéal est de boire « régulièrement tous les 7-8 minutes, par petite gorgées pour optimiser le confort intestinale » décrypte Anthony Berthou. Chose importante à noter : il faut commencer dès le début de la course/de la sortie longue (« tout ce qui est perdu est perdu, on ne rattrape pas »).

Cette prise de liquide, primordiale, « peut éventuellement être associée à 15-20g de solide. Mais encore une fois, la boisson suffit pour ceux qui sont sur moins de quatre heures ». Pour un effort supérieur à quatre heures, manger du « solide » (demi-banane, pâte de fruit) par intervalle de 45 minutes -1 heure représente « une bonne fréquence ».
On peut commencer à boire durant l’effort à partir de sorties d’1h15-1h30’, « surtout si on est a jeun pour éviter l’hypoglycémie ».
Tester vos ravitaillements à l’entraînement !
C’est là un point essentiel, afin de trouver quelle boisson vous conviendra le mieux et donc d’éviter tous les désagréments le jour de la course. « Il faut adapter son estomac à la prise de liquides. C’est une question d’habitude – physiologiquement, on est plus habitués à respirer qu’à déglutir. Il faut s’y entraîner, c’est comme la PPG ou le renforcement en course à pied ».
Tester son repas d’avant-course sur une longue sortie (avec un écart de temps similaire entre la fin du repas et le départ de la course) est aussi conseillé.

Il existe de nombreuses boissons sur le marché, tels que Hypropsport, Ergyspor, Nutrathletic etc…Il est aussi possible de « fabriquer sa propre boisson » à partir de jus de raisin, d’eau et d’un peu de sel etc…Anthony Berthou donne des recettes sur son site). « Cela peut-être adapté en hiver, dans la mesure où il y a peu de transpiration et de pertes de sodium. Maintenant, sur des transpirations importantes, ou l’été, par rapport à l’ensemble des apports (nécessaires), s’il y a investissement à faire -au regard du prix d’une paire de chaussures ou d’un vêtement-, c’est sur une boisson de qualité pour la course. On peut tout à fait se passer des gels, du malto, des boissons d’attente avant la course, mais l’investissement dans une boisson de qualité est quand même justifié ».
Attention au ravitaillement en course
Le ravitaillement en course, « c’est pour moi du bricolage » sourit Anthony Berthou.  « Des gens qui se sont entraînés pendant des mois pour faire un marathon, et qui ne cherchent pas optimiser leur alimentation, c’est comme courir avec de vieilles chaussures, ou l’inverse des chaussures toutes neuves que l’on va tester le jour de la course. Même si le porte-bidon peut paraître encombrant au départ, il ne faut pas oublier qu’il n’y aura pas de perte de temps au ravitaillement, que le poids diminue dans le temps, et que cela permet d’optimiser et de maîtriser son ravitaillement, donc de gérer le confort digestif, d’éviter les hypoglycémies et la déshydratation ».
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Pour les adeptes du schéma classique, à savoir les coureurs qui prennent leurs gels sur eux et s’hydratent en eau sur les ravitaillements prévus à cet effet sur le parcours (généralement tous les cinq km), « ce n’est pas l’idéal, même si ça peut le faire pour des gens qui ont une bonne résistance intestinale. Sinon, on peut se ravitailler avec une demi-banane bien mûre, voire se ravitailler avec la boisson de la course. Même ce n’est pas ce que je conseille, sauf si on connaît bien la boisson ».
Pour en savoir plus, le site d’Anthony Berthou : http://www.sante-et-nutrition.com/.
Texte : Quentin Guillon.
Photos : Yves-Marie Quemener.

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