Cross Country Interviews

Vincent Luis, athlète du week-end

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Poste Le 15 février 2016 par adminVO2

ATHLETE DU WEEK-END. Le triathlète, 3e mondial en 2015, a dominé avec aisance l’inter Nord de cross dimanche à Fourmies (Nord-Pas-de-Calais), à l’instar des triathlètes Simon Viain dans le Centre-Est et de l’espoir Maxime Hueber-Moosbrugger dans l’inter Nord-Est. Déjà qualifié aux Jeux de Rio sur le triptyque (11e à Londres en 2012), Vincent Luis, 26 ans, pourrait bien être présent le 6 mars au Mans aux France de cross.
Comment s’est déroulée la course dimanche ?
Le parcours me convenait bien, c’était assez cool. Je n’étais pas forcément confiant car je revenais d’un stage perso de douze jours (entre les régionaux et les inters) en Guadeloupe et je ne savais pas trop où j’en étais. Mais ça roulait bien au final.
Vous n’avez pas fait les France de cross depuis vos années juniors (7e à Vichy en 2007, 11e à Laval en 2008). Vous y serez cette année ?
Je ne sais pas encore. Je vais décider d’ici deux trois jours. Il y a quand même de grandes chances que j’y aille. Un objectif ? Je ne sais pas trop, ça sera un peu l’inconnu. Je n’ai pas la prétention de dire que je peux faire dans les dix ou dans les cinq, mais j’irai jouer devant si je peux. Dans tous les cas, que je sois devant ou 10-15e, je bosserai car je sais que ça me servira plus tard.
Vous n’avez pas couru aux France de cross depuis 2008 essentiellement car la date s’entrechoquait avec le début de la saison de triathlon ?
Oui. Comme je jouais le ranking mondial, j’étais obligé de courir de début mars à fin septembre. En fait, comme j’ai déjà ma qualif pour les Jeux (grâce à sa 2e place au Test Event à Rio en août dernier, ndlr), je n’ai pas besoin d’aller dans l’hémisphère sud en début d’année (là où se déroulent les premières manches du circuit mondial WTS). Ça libère du coup le mois de mars.
« J’adore le cross »
Vous faîtes beaucoup de cross. Vous aimez ça?
J’adore le cross. Ce sont des courses qui sont dures. D’ailleurs, je suis un peu déçu de la tournure que prend le cross, qui tombe un peu en désuétude. (notre dossier sur le sujet ici, ndlr)Je trouve ça dommage. Je m’en sers pour préparer l’hiver, et je pense que je continuerai quand j’arrêterai le triathlon. L’athlé m’a toujours attiré. Après, c’est compliqué pour nous triathlètes de jouer les sélections (en athlé, et notamment les sélections en cross, ndlr), car cela amputerait une partie de nos coupures hivernales. C’est pour ça que j’ai toujours fait le choix de favoriser le triathlon dans mon calendrier.
La course à pied représente quel volume dans votre entraînement global ?
Je cours à peu près entre 100 et 120 km par semaine, je nage environ 25 km par semaine et je roule à peu près 400 km (pour un total de 30-35 heures d’entraînement).  Aux Jeux de Londres, le triathlon s’est gagné en 29’07’’ sur 10 km, avec un premier 1 000 m en 2’40 – 2’45’’. Alistair Brownlee (le champion olympique) a couru un 10 000 m sur piste il y a deux ans et il a fait 28’30’’ (28’32’’49  à Palo Alto en 2013, ndlr). On sait les références qu’il faut avoir pour espérer une médaille olympique, ou gagner. Et on ne va pas se mentir, si on veut faire 28’30’’, il faut courir comme un mec qui prépare le 10 000 m en athlé.
Vous estimez en être loin ?
Je pense que je m’en rapproche. Après, c’est toujours la même chose : on a fait le choix avec mon coach Farouk Madaci (1) de ne pas courir les 10 km au début de l’hiver, dans l’idée de se frustrer et de laisser un peu une part d’interrogation sur les vraies capacités. Mais les séances que je fais me laissent penser que je tourne autour des 29’, à plus ou moins 15 secondes.
Que de la course à pied après le triathlon ?
Sur quoi devez-vous progresser en course à pied ?
Sur les changements de rythme, éviter de subir les allures des autres et les à-coups. C’est pour ça que je m’entraîne beaucoup en nature et que je fais beaucoup de fartleks, et aussi les cross. Plus que sur la piste avec des références données. En triathlon, il faut encaisser les premiers kilos qui partent vite, il y a beaucoup de changements d’allures, et ça finit souvent au sprint.
Dans votre préparation olympique, allez-vous intégrer un gros 5 000 ou 10 000 m sec ?
Hormis aider mon club sur 3 000 m, non, je ne pense pas. On se dit (avec son coach) : pas de référence chronos, car le triathlon reste une course où l’important c’est de gagner et pas de faire un temps. Mais, c’est déjà envisagé pour l’après Jeux, préparer les cross de sélection, et le 5 000 – 10 000.
Vous comptez faire une année de transition, plus axée sur la course à pied ?
C’est une option. Après, ça va beaucoup dépendre des résultats aux Jeux. Je l’avais déjà dit et c’est toujours d’actualité. Si je suis champion olympique, j’arrête le triathlon et je passe à autre chose ; tenter l’expérience un peu ailleurs et essayer de voir autre chose. La natation, c’est trop tard. Le vélo, ça pourrait être envisageable de passer pro. Des équipes m’ont contacté, mais quand on a été top mondial en triathlon, porter des bidons pour un leader, c’est pas évident…Il n’y a que la course à pied où je pourrais peut-être avoir une sélection et partir sur un gros évènement. Même si je ne suis pas dupe du niveau international dans le demi-fond et du niveau que je pourrais atteindre avec toute la bonne volonté du monde.
Pour revenir à l’intégration d’un gros 5 000 ou 10 000 m en vue des Jeux, ça pourrait être un plus au niveau de la confiance ?
Je ne marche pas trop comme ça. Je sais que je suis capable de faire chaque séance, aussi dure soit-elle, et chaque séance me rassure. On avance, on a notre rythme de conduite, on sait ce que valent les séances sur le papier, mais préparer un 5000 ou un 10 000 -on en a déjà un peu parlé avec Farouk-, c’est pour faire un gros chrono. Et qui dit gros chrono dit repos, et qui dit repos dit des entraînements perdus pour les Jeux.
(1) Il s’entraîne en course à pied sous la férule de Farouk Madaci à l’Efs Reims depuis l’après JO de Londres.
Texte : Quentin Guillon.
Photo : Facebook Vincent Luis (régionaux de cross).

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