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Anaïs Sabrié : « la montagne est un atout »

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Poste Le 12 octobre 2015 par adminVO2

Anaïs Sabrié brille sur tous les terrains : 34e des France de cross sur le long en mars dernier (4ème espoir), 8e des championnats d’Europe de courses en montagne en juillet dernier ; 19e des Mondiaux de la discipline le 19 septembre, l’espoir de 21 ans (quatre sélections chez les seniors en courses en montagne) est montée sur la deuxième marche du podium aux France de semi-marathon à Fort-de-France le 4 octobre (en 1h21’37’’ ; son record est de 1h17’56’’), tout en glanant le titre espoir. Rencontre avec la Lyonnaise, étudiante en Allemagne, qui disputera ce week-end le traditionnel match hors stades jeunes à Crémone en Italie, sur 10 km. « J’aimerais ne pas être loin de mon record (34’56’’). Il y a Jacqueline (Gandar), je vais essayer de l’accrocher le plus longtemps mais je vais vite voir ses baskets de loin » sourit-elle.
Quel était votre objectif aux championnats de France de semi-marathon ?
J’étais plus que satisfaite car je n’étais pas venue pour un temps, mais surtout pour le titre en espoirs, d’autant que je n’avais pas pu participer l’an dernier car je m’étais blessée bêtement quatre semaines avant. Je savais que la course était ouverte,  comme c’était en Martinique. J’ai savouré sur la deuxième partie.
C’est plutôt rare de voir des espoirs qui montent rapidement sur semi-marathon. Qu’est ce qui vous attire ?
Je préfère le long depuis que j’ai commencé l’athlé. Je m’y sens plus à l’aise. Je n’ai pas beaucoup de vitesse : même un 10 km, je trouve çà presque trop rapide. On a en quelque sorte le temps de prendre son temps sur semi. Je suis en fait montée sur semi pour me qualifier au match jeunes sur route (en 2014). Ça m’a tout de suite beaucoup plu.
Vous avez également de très bons résultats en montagne (1) ?
Oui, je m’y sens très à l’aise. C’est un peu comme çà que j’ai commencé l’athlé : j’habite dans les Mont d’Or, je faisais des footings sur les chemins et, dans la région lyonnaise, çà monte très vite. J’ai aussi fait beaucoup de randonnées quand j’étais plus jeune. Il y a ce côté nature qui m’attire. La montagne, ce n’est pas long. Ce n’est pas comme du trail où l’on a tout de suite 30, 50 km voire plus. Et, même si je travaille les descentes, j’aime bien monter : c’est vraiment mon point fort. Quand c’est pentu, j’arrive à accrocher les meilleures.

« Je crois que c’est la première fois que j’étais aussi peu stressée avant un championnat de France »

Vous pourriez mettre l’accent sur la course en montagne, si un podium européen ou mondial était par exemple jouable ?
J’aimerais bien pouvoir faire les deux (route et montagne) le plus longtemps possible. Je privilégierai en tout cas la montagne si jamais il y a des choses à faire un jour. Monter sur un podium européen est dans un petit coin de ma tête. Sinon, à court-moyen terme, je veux essayer d’améliorer ma vitesse, et donc faire un peu de piste si le temps me le permet (ses records : 10 ‘18’’68 sur 3 000 m et 17’20’’98 sur 5 000).
Vous arrivez à passer facilement de la montagne au semi-marathon, et vis versa, car les France de semi avaient lieu deux semaines après les Mondiaux de montagne ?
Les France de semi, j’y suis allée avec mes deux copines de club –on a fait troisièmes par équipes et c’était un truc énorme- et je ne les avais pas spécialement préparés. Je ne l’ai vraiment pas abordé comme une grosse compète : je crois que c’est la première fois que j’étais aussi peu stressée avant un championnat de France.
Je pense que la montagne est plutôt un atout. Au niveau mental mais aussi car çà reste court : il faut être rapide, les séances sur piste se prêtent bien pour la montagne, les côtes courtes permettent d’être puissantes, et d’être ensuite bien sur la route ou sur cross. Je ne pense pas du tout que çà un désavantage, au contraire.

« Je n’avais pas envie de tout sacrifier »

Quelles sont vos conditions d’entraînement ?
Je suis en Allemagne, à Tübingen, dans le Bade-Wurtemberg, à 30-40 km de Stuttgart. Je me suis inscrit dans un club là-bas et je m’entraîne l’hiver environ trois fois par semaine avec ce groupe, et je cours deux-trois fois seule (elle est sinon coachée par Francis Carreras à l’Athlé Calade Val de Saône, ndlr).
J’attaque ma troisième année là-bas, j’y fais mes études de médecine. J’ai la double nationalité de par ma mère. J’ai appris l’allemand à l’école et j’ai fait beaucoup d’échanges, j’aime beaucoup ce pays.
Au moment où je commençais à me dire que j’avais des choses à faire dans l’athlé, j’ai attaqué ma première année de médecine. Je n’avais pas envie de tout sacrifier, de tout arrêter pour l’athlé. Il n’y a pas d’horaires aménagés : je n’avais pas de cours obligatoires jusqu’à maintenant, mais cette année, j’ai pas mal de cours pratiques qui sont importants pour mon futur métier. Je ne sais pas comment tout çà va se passer.  En Allemagne, il y a deux semestres, octobre-février, j’ai ensuite deux mois de vacances, je reprends début avril jusqu’à fin juillet.
(1) Laurence Vivier, cadre technique sportif (CTS) en Provence, et l’une des référentes chargée du suivi jeunes hors stade (10 km, semi-marathon, montagne, cross) à la FFA se souvient : « Il y a deux ans, Anaïs était sélectionnée pour les Mondiaux juniors en Pologne (septembre 2013 à Krynica-Zdroj, ndlr). Il y a eu une erreur de compréhension et nos deux juniors ont loupé le départ de la course. L’organisateur et la WMRA avaient accepté de les accueillir dans la course senior. Anaïs avait donc couru en seniors avait terminé devant Marie-Laure Dumergues (34e), sur un parcours montée-descente. C’était déjà une très belle perf. Cette année, elle a fait des supers Europe, qui n’étaient qu’en montée, là où elle est meilleure : elle a un gros moteur et elle a une foulée qui s’adapte très bien à la montée. A la mi-course, elle est sortie 5e. Ça s’est ensuite raplati un peu et elle a perdu quelques places mais c’était bluffant alors qu’elle n’est encore qu’espoir ».
Photo de une : Anaïs Sabrié (tout à gauche) lors des championnats du Monde de courses en montagne le 19 septembre dernier (Photo Facebook Course en montagne – France).

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