Cross Country Route

« Une atmosphère pesante »

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Poste Le 16 novembre 2015 par adminVO2

A la suite des attentats de Paris, de nombreuses rencontres sportives ont été annulées, alors que d’autres se sont maintenues.
Ce fut le cas pour la course à pied, avec l’annulation du semi-marathon de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) où plus de 8 000 coureurs étaient attendus, de même qu’au cross de Nîmes (Gard), alors que la plupart des autres rendez-vous ont eu lieu –que ce soient dans les labours ou sur le macadam.
A Boulogne-Billancourt, les organisateurs n’ont pas eu le choix, la totalité des manifestations sportives ayant été annulée en Île-de-France par le comité interministériel de crise.
« L’organisateur, l’ACBB (Athlétisme Boulogne Billancourt) prend ses directives de la préfecture de police, qui a décrété par un arrêté tombé samedi matin qu’aucune manifestation ne se déroule sur la voie publique » détaille Jean-Charles Perrin, directeur général d’Eco Trail Organisation (le semi-marathon de Boulogne Billancourt est organisé par l’ACBB avec le soutien de la mairie de Boulogne Billancourt, Eco Trail Organisation intervenant en tant que prestataire).
Depuis l’annulation samedi, de multiples réunions ont été organisées pour tout ce qui trait à la logistique inhérente à l’organisation (partenaires, quid du remboursements des dossard etc etc…), alors que l’épreuve était sur les rails (le village avait ouvert vendredi matin) et que la majeure partie du budget était dépensée etc… « A 24 heures de l’évènement (l’annulation la veille de la course), la latitude n’est vraiment pas très grande » glisse Jean-Charles Perrin.
Les coureurs, compréhensifs dans leur très grande majorité, devraient être informés dans la semaine sur la suite.
Yannick Perroteau, agent chargé du plateau élite, a organisé en lien avec les managers des coureurs élite le retour prématuré de ces derniers.
« Les Kényans qui parlent anglais ont vite compris ce qu’il se passait. Pour les Ethiopiens, hormis un qui parlait un peu anglais, ils ne comprenaient pas bien pourquoi la course était annulée, à cause de la barrière de la langue. Au vu des conditions idéales et du plateau, on a des regrets. Mais ce n’est rien par rapport au drame qui touche la France ». 
Le marathon d’Orléans a aussi été annulé, également sur décision administrative. « Nous avons eu connaissance de cette décision à 11h30 ce matin et sommes contraints de nous y soumettre » peut-on lire sur un communiqué, alors que certaines critiques sur les réseaux sociaux se sont révélés plutôt excessives à l’aune de l’actualité.
Comme à Orléans, le cross de Nîmes n’a pas eu lieu, là aussi sur décision préfectorale.
« Ne pas courir, ça aurait été leur donner raison »
A Jarnac (Charente), le marathon du Cognac s’est déroulé, à l’instar de la plupart des cross ou autres courses dans le reste de l’Hexagone. « On avait démarré la pasta party (vendredi soir), et avec les réseaux sociaux, on a très vite été alertés » explique l’un des co-présidents de l’organisation, Olivier Joly. « J’étais en lien jusqu’à trois heures du matin, avec les quotidiens La Charente Libre et Sud Ouest, qui étaient en contact avec les instances préfectorales ».
Car le marathon du Cognac se disputait samedi matin, et non dimanche. La manifestation fut finalement maintenue. « On a senti tout au long du week-end qu’il y avait de la retenue ; la joie était timorée. On a senti que les gens avaient besoin de se regrouper, de discuter plutôt que de faire la fête » relève Olivier Joly.
Le dimanche matin, environ 500 personnes ont pris part à la traditionnelle marche post-course. « On a annulé l’apéritif festif à l’issue de celle-ci. On a chanté la Marseillaise ensemble à l’arrivée » glisse Olivier Joly. « Si le marathon avait lieu dimanche, on aurait été plus modéré. Je pense qu’on aurait pas fait le feu d’artifice du départ, que l’on avait mis en place pour la 15e édition ».
Emmanuel Prioux a remporté cette 15e édition. « Comme beaucoup de gens, j’ai forcément été touché. Je n’ai pas beaucoup dormi de la nuit. Je suis dégouté. Mais ne pas courir, ça aurait été leur donné raison (aux terroristes), quelque part. Je suis un passionné de sport, donc c’est un peu un échappatoire. Mais je n’avais pas trop l’esprit à çà » souligne celui qui a franchi la ligne d’arrivée en vainqueur, après 2h36’43’’ d’effort.
« Il n’y avait pas d’expression de joie en franchissant la ligne d’arrivée. Les gens étaient dans la retenue. On voyait bien que l’atmosphère était un peu bizarre et pesante. En France, on a une qualité de vie. Il y a la liberté d’expression, beaucoup de culture (spectacles, concerts etc…). Dans certains pays, il n’y a pas tout çà. C’est une chance que nous avons et que l’on essaie de nous enlever. Il faut qu’on garde tout çà  ».
Photo de une : départ du marathon du Cognac (Photo organisation).

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