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Décès du génial inspirateur Ed Whitlock

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Poste Le 14 mars 2017 par adminVO2

Ed Whitlock, qui réalisa 2h54’49’’ sur marathon…à 73 ans, est décédé hier à l’âge de 86 ans.
Ed Whitlock était bien connu des amateurs de running outre-Atlantique. Le marathonien, qui venait de fêter ses 86 ans le 6 mars, est décédé des suites d’un cancer de la prostate hier. Il était devenu le premier septuagénaire à briser la barrière des trois heures sur marathon en réalisant 2h59’10’’ lors du marathon de Toronto en 2003.
L’année suivante, à 73 ans, il porta ce record à 2h54’49’’, toujours à Toronto (une période où il courait les 10 bornes en moins de 40’). Toujours au top de sa forme, il continua sur sa lancée, établissant les meilleures références mondiales des plus de 75 ans, plus de 80 et plus de 85 ans.
En octobre dernier, à Toronto, il avait ainsi parcouru les 42,195 km en 3h56’38’’, à pile 85 ans (soit 38 minutes de mieux que la précédente marque) !
Au total, il avait établi environ 25 records du Monde dans les différentes catégories chez les vétérans, du 1 500 m au marathon.
« Il fera toujours partie de l’identité et de l’esprit de notre course » a souligné le patron du marathon de Toronto, Alan Brookes, cité par Lets’run. « “Ne pas se fixer de limite“ était l’un de ses messages, et nous le suivions. Il nous a donné la vision et l’inspiration de ce que le marathon de Toronto est devenu ».
Ed Whitlock vivait au Canada, à proximité d’un cimetière autour duquel il courait pendant des heures. Non sans humour, il préférait parler « de marche très rapide ».
Coéquipier de Chris Chataway
Né en 1931 à Tolworth en Angleterre, il était un bon coureur, notamment coéquipier de Chris Chataway (5e du 5 000 m aux Jeux d’Helsinki en 1952) à une époque où la distance reine était le mile (dont la mythique barrière des 4e avait été brisée par Roger Bannister en 1956).
Whitlock avait de son côté privilégié ses études. Il avait émigré au Canada, trouvant du travail dans une société minière à l’aube des années 50, et il avait alors dû se résoudre à stopper l’athlétisme.
Parti ensuite à Toronto, ce n’est que vingt ans plus tard qu’il s’y remit, par hasard.
« Ma femme emmenait mon aîné au sport » avait-il raconté il y quelques semaines au site Globerunner. « Elle parle avec un ado qui lui dit qu’il fait de la course. Ma femme dit : “Oh, mon mari courrait“. Il lui dit que son club cherche un entraîneur. Ma femme m’a donc envoyé à ce club…Je me suis dit : “pourquoi ne pas courir autour de la piste ?“ Je n’avais rien pour courir, hormis une paire de chaussures qui convenait plus ou moins. J’ai donc commencé à m’entraîner avec eux (il avait alors 41 ans, ndr), à faire des fartleks. Ils ont monté une équipe pour un relais 4×1 500 m. Un membre de l’équipe s’était blessé, on m’a embarqué dedans : c’était ma première course depuis vingt ans. Je me suis mis de plus en plus à courir, surtout du demi-fond, mais ensuite, le club a délaissé le 800/1 500 et les coureurs, plus âgés, faisaient des longues distances. Je faisais donc du long en hiver, et de la piste en été ».
C’est aussi par hasard qu’il s’aligna, à 45 ans, sur son premier marathon à Montréal en mars 1976, accompagnant son plus jeune fils de 14 ans qui voulait à tout prix courir. Le duo boucla la distance mythique en 3h09’ (« en survêtement » avait-il précisé). Le virus s’était inoculé en lui. Six semaines plus tard, Ed Whitlock courait en 2h58’, puis 2h52’ l’année suivante, avant de réaliser les performances que l’on sait.
« Je ne suis pas celui qui va prendre la parole devant tout le monde et dire : “Vous pouvez le faire“ »
Le Canadien était souvent sollicité au départ ou à l’arrivée des courses, pour prendre des selfies, signer des autographes etc… Une démarche qui l’embarrassait.
« Je ne sais pas comment leur répondre. Comment répondre à ça ?! Je suppose que c’est bien que les gens disent que je les inspire, mais d’une certaine manière, je suis gêné et je ne sais pas quelle bonne réponse leur donner. Je ne me considère pas comme quelqu’un d’inspirant. Je ne suis pas celui qui va prendre la parole devant tout le monde et dire : “Vous pouvez le faire“ ».
Pas besoin de paroles, ses simples foulées parlaient pour lui…Et continuent de parler.

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