Athlétisme

Pierre-Ambroise Bosse, un gros coup à jouer

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Poste Le 24 août 2015 par adminVO2

Pierre-Ambroise Bosse va disputer ce mardi (14h55 en France) sa deuxième finale mondiale sur 800 mètres. Tout est possible.
« J’aspire à avoir une médaille même si je sais que je ne suis pas le meilleur » soulignait Pierre-Ambroise Bosse jeudi lors du point presse.
Le meilleur et le plus impressionnant cette saison en Ligue de Diamant, c’était Nijel Amos. Mais le vice-champion olympique botswanais à l’allure dégingandée est passé pour quelques centièmes à la trappe, à l’issue de demi-finales couperets.
« C’était l’ultra favori à mon sens. Je suis choqué, sur le cul. Amos a sauté ! » répétait le Gujanais dimanche soir, après sa demi-finale, comme pour mieux s’en convaincre. Lui-même est passé par un trou de souris lors de ces piégeuses demies. Il disputera donc sa deuxième finale mondiale après 2013 à Moscou, où sa 7e place avait laissé entrevoir de larges promesses.
Depuis, en 24 mois, bien des choses se sont passées. A commencer par un record de France étourdissant à Monaco en juillet 2014 (1’42’’53). Suivi par la claque subie à Zurich aux championnats d’Europe, où l’immense pression l’avait asphyxiée à dix secondes du départ (lire ici).
A 22 ans, il connût alors le premier gros échec de sa carrière. Inhérent sur le chemin d’une carrière de haut niveau. Entraînant une remise en question et un début de travail avec la psychologue de l’INSEP, Myriam Salmi. Son hiver fut ensuite annihilé en raison d’une tendinite tenace à l’insertion aux ischios-jambiers -qu’il endigue avec de la kiné- mais qui l’a épargnée depuis.
Sa saison estivale fut en dent de scie, entre un probant 1’43’’88 à New York (qu’il a simplement qualifié de « correct ») et un enchaînement délicat de meetings consécutif à la « fatigue » née du déplacement fin juin lors de la coupe d’Europe en Russie.
Fini aussi les années d’insouciance, où le champion d’Europe espoir 2013 n’avait peur de rien. Il y a quatre jours, l’athlète coaché par Bruno Gajer affichait sa confiance, ciselée lors de phase terminale de sa préparation. Mais avouait aussi ses doutes, entremêlés à cette assurance. « Il y a un truc qui ne va pas. A un moment donné dans la course, j’ai des pensées négatives, beaucoup moins qu’avant mais j’en ai toujours ».
Entre chiens et loups
Tout cela fut dissipé lors des séries. Nonobstant la bousculade aux 600 mètres, il ne s’est pas affolé. « Ça veut dire que je ne me suis pas démonté psychologiquement ».
« Le mental, c’est ce qui me manque le plus. La rage d’y aller quand il faut y aller. Je suis vraiment contre des loups. Et moi je suis un chien » disait-il encore jeudi dernier.
Libéré et pas attendu comme il y a un an, Pierre-Ambroise Bosse a une formidable opportunité, d’autant qu’en sus d’Amos, Mohammed Aman a été disqualifié pour avoir provoqué ladite bousculade. « Maintenant, tout est remis à zéro. C’est un championnat ouvert ». Ouvert pour lui, mais pas que. Qu’on se le dise, les huit finalistes ont la capacité de monter sur le podium.
David Rudisha a montré en demie qu’il était capable de finir (très) très vite après un passage lent au premier tour (54’’). Un atout substantiel dans sa palette. Le champion d’Europe Adam Kzscot sera lui aussi un sérieux candidat. Lui aussi est un vrai loup, à l’instar de sa main lancée en demi-finale sur la ligne d’arrivée pour le propulser en finale.
S’ajoute aussi l’ovni Amel Tuka, complètement inconnu il y a deux mois, leader du bilan mondial, et qui fut une nouvelle fois très impressionnant lors des deux premiers tours à Pékin.
Pierre-Ambroise Bosse devra s’adapter à tout les schémas de course. « Je suis meilleur que l’année dernière dans le sens où j’ai clairement plus d’armes » expliquait-il, donnant l’exemple de sa capacité à changer brutalement de rythme. « Mohammed Aman ne me mettra plus cinq mètres sur une accélération ». 
Bon, en finale ce ne sera pas Aman. Mais s’il pouvait endiguer de la sorte les attaques de Rudisha ou Tuka, ça serait plutôt bon signe. Et le chien (ce n’est pas non plus un caniche comme il peut le laisser sous-entendre) se serait alors mué en prédateur.

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