Athlétisme

Pierre-Ambroise Bosse : « La suite me fait peur » 

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Poste Le 9 août 2017 par adminVO2

Tournée médiatique générale pour Pierre-Ambroise Bosse, qui est revenu auprès de la presse sur son titre de champion du Monde, hier soir à Londres !
On vous disait samedi dernier que l’orage ne tonnera plus suite à l’ultime cent mètres en individuel d’Usain Bolt. Bon, d’un point de vue autocentré, côté Français donc, il gronde quand même sévère depuis hier soir et cette fulgurante attaque de Pierre-Ambroise Bosse, lui ayant permis de décrocher le premier titre mondial d’un Français en demi-fond.
D’ailleurs, le ciel londonien ne s’y est pas trompé : des hallebardes tombent depuis ce matin, alors que la pluie avait jusque là épargné ces championnats du Monde, même si le temps restait maussade.
Des hallebardes qui tombent également sur la tête de Pierre-Ambroise Bosse. Sollicité par pléthore de médias, ce titre va à coup sûr changer son statut.
Vu par près de six millions de téléspectateurs hier soir, sa finale a marqué l’esprit. Et pas seulement comme à Rio, où son interview post-course et sa saillie sur Rab’s avait fait le tour des réseaux sociaux –et de certains médias qui n’ont que ça à traiter.
Des réseaux sociaux d’ailleurs hyper actifs : le natif de Nantes n’a-t-il pas gagné près de 20 000 « fans » sur Facebook depuis hier soir ?
Vous avez des petits yeux…
J’ai moins bu que prévu ! J’ai bu deux bières, une avec mes parents et mes potes, et une deuxième qui a suivi car il fallait quand même trinquer.
J’ai des petits yeux, car mon tonus musculaire est hyper élevé,  je suis très nerveux depuis des heures et des heures. Je peux confirmer qu’on est plus nerveux après une victoire qu’une défaite. C’est la panique totale à l’intérieur. On ne réalise pas vraiment, ça me tombe dessus. Je réalise, car
les gens autour sont là pour vous faire réaliser que ce qui se passe, c’est bien la réalité. Ce n’est plus un bluff. Je suis vraiment champion du Monde, ça fait peur.
Qu’est qui vous fait peur ?
La suite me fait peur. Je fanfaronne et tout, mais il faut me connaître dans la vraie vie. J’aime bien mon petit confort, je dors beaucoup comme les chats. J’aime les gens, mais pas tout le temps. J’aime beaucoup être seul. J’ai passé un cap (avec ce titre). Je vais arriver dans un bar, quelqu’un va vouloir faire une photo. Je vais avoir un rendez-vous galant, quelqu’un va le raconter. Ce sont des petits détails comme ça. Je ne dis pas que je suis une super star, loin de là, mais pendant quelques semaines, ça risque d’être ce genre de choses.
« J’ai des accoudoirs avec mon staff »
Mais vous n’êtes pas seul ?
J’ai des accoudoirs avec mon staff, je le sais maintenant. Je peux tomber mais ils sont là pour me retenir. Vous savez, après la course, on a débriefé avec l’équipe qui m’entoure. J’ai regardé Alain Lignier droit dans les yeux et je lui ai dit : “je ne me sens pas prêt…“. Il m’a dit : “On s’en fout, nous, on est là pour t’accompagner“.
Comment vivez-vous le jour d’après ?
C’est bizarre de susciter autant d’intérêt. J’ai eu le malheur de regarder Twitter dans la nuit. Je n’arrivais pas à dormir, et vers 6 heures du matin, je suis allé voir mes messages. Il y a marqué “chargez plus“ (sur Twitter pour faire défiler les messages, ndlr), et  je n’ai jamais autant appuyé. Je me suis cru sur Tinder. Mais comme tout ne chargeait pas, j’ai abandonné en tombant de fatigue sur ma chaise…

Comment étiez-vous avant la course? 

Je n’avais pas peur de gagner. Je n’avais pas peur de perdre non plus. Je n’avais pas peur de courir, et c’est le plus important. Ça fait toujours bizarre de courir un 800 m. On ne s’y habitue jamais vraiment, et encore moins en championnats du monde. Je me suis dit juste avant : « Ces adversaires, tu les as tous déjà battus une fois ». Pourquoi pas les battre dans la même course  ?
Vous avez déclaré avoir gagné avec le cœur mais est-ce suffisant pour tenir trois tours ?
Il  ne faut pas détourner la réalité. Des gens ont twitté : “ah Bosse médaille d’or avec deux mois d’entraînement, c’est beau !“ Deux mois, ils sont gentils. Ça fait au moins cinq ans que je m’entraîne à très haut niveau. Je ne me dope pas et je m’envoie des séances très dures. Plus dures que certains.
Ce titre va changer quoi dans votre existence ?
Le futur proche me fait peur. Quand on a une médaille mondiale en athlé, ça change tout. Moi, j’aime bien être discret, prendre le métro et aller chez le kiné en jogging. Et ne pas être bien coiffé. Après, tu ne peux plus faire ces choses-là au quotidien.

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