Athlétisme

Mo Farah, intouchable sur 10 000 mètres

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Poste Le 22 août 2015 par adminVO2

Mo Farah a dépassé Kenenisa Bekele et Haile Gebrselassie en glanant un 6e titre consécutif dans un championnat planétaire sur 5 000 m et 10 000 m. Personne ne l’a battu aux Mondiaux ou aux Jeux depuis 2011. Dingue. Dingue ! 
Il n’y pas plus de mots pour décrire ce que fait Farah. Ou plutôt si, il n’y a que des maux. Dont il n’a cure tant sa démo fut saisissante. Car le Britannique, nonobstant les soupçons pesant sur ses performances et sur son entourage – principalement son coach Alberto Salazar, a une nouvelle fois assommé la concurrence sur cette finale du 10 000 m qui venait clôturer la première journée des Mondiaux de Pékin.
Pour (essayer de) le battre,  surtout ne pas terminer avec lui dans le dernier tour. Tel était le mantra de ses principaux adversaires C’est pourquoi les trois Kényans en lice –Geoffrey Kamworor, Paul Tanui et Bedran Muchiri ont effectué une course d’équipe, mettant uppercut sur uppercut et étirant le peloton dès les premiers hectomètres. En retrait en milieu de peloton, Farah dut faire le fort pour recoller, mais l’effort ne lui fut pas superfétatoire tant sa suprématie est prégnante.

Mo Farah, en milieu de peloton sur la première partie de course - Photo Q.G
Mo Farah, en milieu de peloton sur la première partie de course – Photo Q.G
Une nouvelle fois, il réalisa un dernier tour de folie, dans le tempo des tambours chinois donnant le la devant la tribune principale. Si le champion du Monde de semi-marathon et de cross Geoffrey Kamworor a bien tenté de s’accrocher – en sus des efforts prodigieux qu’il avait fait auparavant- tout comme son compatriote Tanui, Farah les a estoqués dans une dernière ligne droite délirante. 27’01’’13 et un deuxième 5 000 en 13’19’’12, easy, isnt’t !? Sans oublier les 2’28’’81 pour le dernier 1 000 m, fermez le ban !
Et rouvrez simultanément le ban de la suspicion, chancre de l’athlétisme actuel dont le nouveau président de l’IAAF Sebastian Coe va devoir s’atteler avec une vigueur certaine pour restaurer la crédibilité du premier sport olympique.
Mais Farah a fait une erreur regrettable : il n’a pas enchaîné son tour d’honneur dans la foulée de son 10 000 m. Quelques secondes à embrasser la piste et hop !, bien que le Nid soit immense, les spectateurs chinois s’étaient volatilisés à la même vitesse que le dernier 400 mètres du Britannique !
Photo Q.G
Photo Q.G  
En Tuka – le nouvel ovni du 800-, Mo Farah n’a pas été mis au ban de l’athlé, à l’instar d’un certain Justin Gatlin, suspendu quatre ans entre 2006 et 2010. Mais aujourd’hui, celui-ci est sur le banc des acteurs principaux de ce sport. Il continue à engranger les primes d’engagement, d’arrivées, et capter l’attention des médias –il est vrai séduit par l’alléchant duel avec Bolt.
Mais si les caméras le poursuivent, ce n’est rien en comparaison de son adversaire jamaïcain. Qu’on se le dise, le pouvoir d’attraction d’Usain Bolt est intact. L’athlétisme mondial repose bel et bien sur ses épaules. Après une conférence de presse cette semaine dans une salle bondée, le public chinois avait les yeux de Chimène pour l’octuple champion du Monde et sextuple champion olympique.
Bolt l’hypnotiseur
Le Nid d’Oiseau grouillait. Portables, tablettes, appareils photos, il fallait immortaliser l’instant. Coup de feu. Le Jamaïcain met du temps à déployer ses ailes. Un murmure empreint de soupçon parcourt le stade. Et si ?
Mais non, Bolt accélère et s’impose en 9’’96, vent quasi nul. En zone mixte, c’est une véritable mêlée ouverte pour recueillir ses impressions. Il faut mieux avoir été un bon pilier (de bar, ça marche aussi), qu’un frêle ailier pour que le microphone enregistre les paroles sacrées. Un agglutinement assez indescriptible, sans compter sur la myriade de volontaires chinois venu apercevoir la star. Qui distillera quelques mots avant de s’éclipser, pour mieux revenir demain, dans ce que promet être le moment très fort de ces 15e championnats du Monde.
Ces séries du 100 mètres ont en tout cas dessiné  une tendance certaine : ça devrait se courir très vite en finale. Justin Gatlin a mis les watts, 9’’83 (+2,1) ; normal, on y est habitué (il est désormais invaincu depuis 27 courses) et il n’est plus menotté comme il l’a montré devant la caméra, sur son plot de départ.
Les Bleus sont (presque) tous passés
9’’91 pour l’Américain de vingt ans Trayvon Bromell (+0,5), vainqueur de la série 4 alors que Jimmy Vicaut a signé un impressionnant 9’’92 (+0,3) , en dépit d’un départ une nouvelle très perfectible. « Le but était de gagner tranquille, relâché. J’ai fait le job aujourd’hui pour avoir un très bon couloir en demi-finale. Il faudra aller plus vite en demi-finale, faire moins de 9’’90. Il y avait un peu de pression, c’est normal pour une première » a expliqué le co-détenteur du record d’Europe, qui pourrait apporter aux Tricolores la première médaille de ce Mondial. Mais la concurrence sera féroce avec les deux Américains pré-cités, Powell (9’’95, -01) et Bolt, mais pas que. Huit sprinteurs sont descendus sous les 10’’ lors de ses séries.
Photo Q.G
Photo Q.G
Christophe Lemaitre est passé aussi, 3e de sa série et dernier qualifié directement, en 10’’24  (-1,4 ; dernier chrono des qualifiés).
Alors que la Chinoise Lijiao Gong a fait vibrer le Nid d’Oiseau en glanant la première médaille pour son pays –auquel cas les autorités n’auraient pas tardé à sonner le tocsin !- Renaud Lavillenie a patienté des dizaines de minutes avant de lancer son concours de qualification à la perche. Alors que ses concurrents s’escrimaient à des barres inférieures, le champion olympique a attaqué comme prévu son premier essai à 5,70 m – la barre de qualification directe- qu’il a franchie sans sourciller (Kévin Ménaldo, bronzé à Zurich, s’est lui aussi qualifié). La finale, lundi, promet d’être étirée avec 16 perchistes en lice.
A noter également la jolie qualification de Jeanine Assani Issouf, pour ses premiers championnats du Monde au triple saut, avec une 9e place et 14,04 mètres (-0,2). « Le contrat est rempli. Maintenant, ce n’est que du bonus ». Ce qui s’ajoute à celle de Pierre-Ambroise Bosse ce matin (lire ici) alors que Yoann Kowal n’a quant à lui pas eu de réussite (lire ici).
En attendant, Farah, à 22 heures passés, répond à une belle escouade journalistes –notamment anglo-saxons mais pas que- en zone mixte. L’histoire de Mo, mots, maux  ou démo – à vous de choisir- n’est pas près de se terminer. Rendez-vous pour le 5 000 mètres –et un 7e titre consécutif ?- samedi!
Tous les résultats de la première journée : cliquez-ici.
Photo de une : © Getty Images for IAAF

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