Athlétisme

L’incroyable cavalier seul de Yohann Diniz

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Poste Le 13 août 2017 par adminVO2

Comme à Zurich aux championnats d’Europe en 2014, Yohann Diniz a réalisé un cavalier seul, s’adjugeant à Londres son premier titre de champion du Monde sur le 50 km marche, dix ans après sa première (et jusque là seule) médaille mondiale, l’argent à Osaka. En signant le deuxième chrono de tous les temps derrière son propre record du Monde…et avec une préparation tronquée. Ahurissant.
A force, Yohann Diniz va révolutionner l’entraînement du 50 km marche. Cette saison, le Rémois n’a pu marcher pendant plusieurs semaines en raison de deux fractures aux côtes. Après la natation ces dernières années, place au vélo et une prépa revisitée, donc.
Et le marcheur de 39 ans est arrivé à Londres presque sans compétition, hormis trois 5 000 mètres (deux cet hiver et un autre au premier tour des Interclubs ; il avait abandonné début mars aux championnats de France sur 20 km à La Roche-sur-Yon à cause de l’apparition de ses premières douleurs aux côtes).


Il s’en est visiblement bien accommodé à l’aune de sa démonstration de ce matin sur un 50 km marche décimé par les affaires de dopage et disputé dans un cadre somptueux, aux abords de Buckingham Palace.
Comme à Zurich où il avait étourdi la concurrence en battant comme à la parade le record du Monde (3h32’33’’) avec près de quatre minutes d’avance sur Matej Toth (actuellement suspendu en raison d’irrégularités constatées sur son passeport biologique) et les Russes Ivan Noskov et Mikhail Ryzhov (tous deux actuellement suspendus en raison de contrôles positifs à l’EPO), Yohann Diniz s’est échappé dès les premiers kilomètres (partant seul aux alentours du 6-7e km, augmentant son avance au fil des tours de deux kilomètres du circuit à parcourir à 25 reprises).


Incroyable et surprenant d’aisance et de fraîcheur, le marcheur coaché par Gilles Rocca (qui nous avait expliqué sa façon de l’entraîner après son record du Monde du 20 km marche en mars 2015) n’a jamais connu de temps faible. Finissant sur un rythme affolant, il a tout simplement écœuré ses adversaires, le tout sans passer par l’arrêt au stand qui avait fait tant de buzz à Rio (8e après avoir connu des soucis intestinaux).
Jusqu’à Tokyo?
« J’aimerais montrer autre chose à Londres. Mais j’ai quand même demandé des toilettes tous les cinquante mètres, ça donnera une belle image » souriait le triple champion d’Europe cette semaine.
Yohann Diniz s’est imposé en 3h33’11’’ (s’offrant au passage le record des championnats et les 3h36’03’’ réalisés par le Polonais Robert Korzeniowski en 2003 à Paris) tout près de son propre record du Monde et sans aucune fatigue apparente, donnant l’impression qu’il aurait pu continuer longtemps sur ce rythme là.
En mettant de surcroît un tour à presque tous ses adversaires, et finissant avec plus de huit minutes d’avance sur le duo japonais médaillé d’argent et de bronze !
«C’est un joli dimanche après-midi. Je sais que je ne devrais pas prendre de décision à chaud, mais il me manque encore un titre, et c’est le titre olympique. Ce serait une belle façon de terminer à Tokyo (en 2020) » a t-il souligné.
Les temps de passage de Yohann Diniz : 5 km 22’46 ; 10 km 44’28 (21’42) ; 15 km 1h06’02 (21’34) ; 20 km 1h27’18 (21’16) ; 25 km 1h48’24 (21’06) ; 30 km 2h09’51 (21’27) ; 35 km 2h30’58 (21’07) ; 40 km 2h51’31 (20’33) ; 45 km 3h12’39 (21’08) 50 km 3h33’11 (20’)
Il s’agit donc de la troisième médaille d’or individuelle glanée par l’équipe de France, après Pierre-Ambroise Bosse et Kévin Mayer. Un résultat historique et jamais vu par le passé (1).
(1) En 2003 à domicile à Paris les Bleus avaient remporté trois médailles d’or avec Eunice Barber et les relais 4×100 m féminin et 4×400 m masculin.

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