Athlétisme

Mondial de Moscou : 20 km marche, Bertrand Moulinet prend un éclat, le russe Ivanov s'impose en 1h 20'58'

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Poste Le 11 août 2013 par adminVO2

Kevin Campion qui abandonne, Bertrand Moulinet qui tente sa chance mais qui lâche prise pour finir 29ème, les marcheurs français ont échoué dans leur désir de bien faire, de bien marcher. Quant aux russes, avec Aleksandr Ivanov, ils répondent présent, un premier titre en poche avec l’espoir de réussir la passe de trois. La Russie est en état de marche. Cette redoutable école, dernier vestige du grand empire qui le dos tourné au communisme d’état, s’est dotée d’une structure moderne. Une nouvelle ère pour un sport pourtant jugé marginal et souvent chahuté. Et très vite les médailles sont tombées, championnat après championnat même si parfois sud américains et désormais les chinois viennent secouer le cocotier.Pour ce Mondial, les marcheurs russes se sont une nouvelle fois préparés dans ce centre de Saransk niché aux abords de cette ville de la Mordovie. Un havre de paix, un centre à la Font Romeu mais en plus moderne, une grande forêt où les routes forestières ont été bitumées pour une quarantaine de marcheurs dont une école de jeunes bénéficient des meilleurs spécialistes tant sur le plan de l’entraînement que des soins lorsque la machine grince et coince sous l’effet des milliers d’impact répétés à l’infini pour trouver le geste et la fluidité nécessaire pour réussir. 2 millions dollars pour faire tourner ces funambules terrestres à la limite de rupture, 3000 $ pour un junior dès qu’il rentre dans cette école dédiée. A faire rêver tout marcheur qui dans son coin, dans la plus dépouillée des solitudes arpentent ces routes de l’impossible en quête de l’absolu.A Moscou, sur 20 km, Aleksandr Ivanov, pur produit de cette école russe a touché cette absolue divinité. La victoire pour lui-même, ce public, son pays, son école. Dans l’ombre, dans le noir, Kevin Campion s’est brisé, victime de ses nerfs qui l’on lâché alors que la machine était huilée, rôdée, aguerrie même. Mais le psy a pris le relais pour gripper la mécanique. Une heure d’attente avant le départ sous une toile surchauffée, à bouillir, à mourir. Puis deux cartons rouges en prime et c’est en 5’30» que le français a échoué sur le bord de la Moskova. Quant à Bertrand Moulinet, il a tenté, il a sauté. Il dit «J’ai pris un éclat» alors qu’il caracolait avec le groupe en chasse. «J’ai perdu mon équilibre respiratoire, d’un coup tu perds 50 puls. Tu n’es pas à fond mais tu ne peux plus accélérer. Tu es bridé». Prendre un éclat, c’est cet état second qui s’installe lorsque la machine monte dans les tours, le marcheur lui en perte de vitesse. Bertrand a le regard sombre lorsqu’il explique: «Je respirai mieux qu’à Londres. Je faisais le même poids, j’étais plus relâché. J’étais serein. Mais j’ai payé cash l’erreur, j’aurai du tamponner. Mais j’ai fait le téméraire. Mon cœur ne m’a rien dit. Je n’aurai pas du rester si près». Il ajoute: «En une demie seconde, il faut ou non décider de partir».29ème en 1h 26’12, il est parti, il a tenu, il a cassé, il est meurtri. Les éclats d’obus font toujours mal.
Texte Odile Baudrier Photo Gilles Bertrand

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