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VO2RUN 258 – Les Influenceuses – Cœur sur la ville

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Poste Le 29 mai 2019 par adminVO2

VO2 RUN 258 – actuellement en kiosque ou en commande ICI – consacre un très large dossier au Phénomène running qui s’empare de la ville. Du philosophe au sociologue, de l’athlète aux influenceurs, sans oublier l’organisateur d’événement, nous avons échangé avec 6 experts, chacun dans un domaine différent, pour analyser et expliquer ce phénomène.
Attardons-nous ici sur les influenceuses Lily Running et Foutrak, qui savent mettre en lumière les atouts de leur ville respectives, Marseille et Lyon, via le prisme des réseaux sociaux.

Bénéficiant de la caisse de résonance offerte par les réseaux sociaux, le « phénomène Running » est devenu un art de vivre de notre société urbaine et connectée. Si bien que dans une discipline codifiée, historiquement régie par les chronos, se pose désormais une question : faut-il nécessairement être ultra-performant pour se faire un bon ambassadeur de son sport et de sa ville ? Deux influenceuses, Lily Running et Foutrak, nous prouvent le contraire. Entretien « No Filter » pour remettre l’Église au centre du village. Ou de la ville. Leur ville. Lyon et Marseille.
Foutrak ? Lily Running ? Qui se cache derrière ces singuliers pseudonymes ? Les plus belles chances de médailles de l’athlétisme tricolore aux JO de Paris 2024 ? Non. Les deux futures recrues de la marque à la virgule pour la version féminine de son projet Breaking 2 ? Non plus. Il s’agit de Laura et Lisa. Deux coureuses lambda, presque comme tout le monde, surtout comme tout le monde, qui contribuent à leur échelle à la démocratisation de cette discipline magnifique qu’est la course à pied. Influenceuses, souvent considérées pour le nombre d’abonnés qu’elles rassemblent plutôt que pour le nombre de kilomètres qu’elles sillonnent, elles sont devenues, dans une ère urbaine et connectée, deux des meneuses d’allure du « phénomène Running ». La passion de leur sport et l’amour de leur métropole comme moteurs. Le partage comme vecteur. À base de bornes et d’Instagram. N’en déplaise aux aigris des chronos.
 
En quoi la course à pied est un moyen privilégié de découvrir ou redécouvrir sa ville ?
Foutrak : Déjà, mathématiquement, les kilomètres que tu réalises en trottinant sont plus rapides que ceux que tu effectues en marchant. Donc en ce sens, la course à pied est un accélérateur de visite et de découverte puisque tu vois plus de choses… Après, lorsque tu pratiques régulièrement, ne serait-ce que deux fois par semaine, il devient important de casser la routine. À ce moment-là, tu te donnes les moyens pour chercher de nouveaux spots. La curiosité devient la solution pour s’immuniser du risque de lassitude.
Lily Running : Je suis d’accord, mais je ne suis pas certaine que tout le monde soit animé par la curiosité que tu décris… Si la course à pied est aussi populaire, c’est parce qu’elle offre un effort physique accessible et efficace. Certains l’envisagent juste comme une façon de se dépenser ou de se changer les idées sur un laps de temps restreint. Cela ne les dérange donc pas de s’élancer mécaniquement sur la même boucle.
Foutrak : C’est vrai. Mais dans tous les cas, même si tu réalises toujours le même parcours, il y a tellement de facteurs qui influencent ta sortie que forcément, elle ne ressemblera à aucune autre… Les conditions météo, les saisons, l’heure à laquelle tu cours, le contenu de ta séance et tes sensations du jour sont autant de facteurs différents à chaque fois, qui font que chaque sortie est unique !
 
Courir permet-il de voir sa ville sous un angle différent ?
Lily Running : (Du tac au tac) Totalement ! La raison principale est que tu cours à des horaires très précis, en décalage des heures auxquelles tu pourrais te promener. Je ne flâne pas dans Marseille à 7h du matin, par contre, c’est le créneau que je préfère pour m’entraîner. Or Marseille à l’aube ou Marseille en pleine journée, ça n’a strictement rien à voir… Tu as ce sentiment d’être privilégiée, comme si la ville t’appartenait. Personnellement, je n’apprécie guère le Vieux-Port l’après-midi, lorsqu’il est noir de monde. Mais au matin, lorsqu’il est calme et serein, il est d’une quiétude magique. C’est la même chose lorsque tu montes à la Bonne-Mère et que tu es la seule Marseillaise à contempler le soleil se lever sur la cité endormie. Courir, et surtout l’heure à laquelle tu cours, conditionnent énormément la vision que tu as de ta ville !
Foutrak : Au-delà de l’heure, il ne faut pas oublier les spots auxquels tu peux avoir accès grâce à tes baskets. À Lyon, on a un exemple très concret avec la piste de la Sarra. Une butte où ne poussent jamais les promeneurs car un peu trop excentrée mais toujours peuplée de runners locaux. Pourquoi ? Car c’est un super terrain d’entrainement et qu’en prime il t’offre l’un des plus beaux panoramas sur la métropole. Quand je suis là-haut, je rejoins totalement Lily sur la notion de privilège : la course à pied rend accessible ce qui ne l’est pas au citadin lambda !
 
Est-ce une véritable fierté de valoriser ainsi votre ville grâce à la course à pied et aux réseaux sociaux ? De faire de votre passion une vitrine de votre lieu de vie ?
Lily Running : Moi carrément ! Je suis hyper fière… D’autant plus que Marseille est un cas assez particulier au sens où elle n’a pas forcément une super image. Les gens qui écoutent les « on-dit » ou passent en coup de vent ont souvent un a priori négatif de la cité phocéenne. C’est un moteur que de me dire qu’à ma petite échelle, je peux contribuer à lutter contre ces préjugés et montrer mon Marseille à moi, celui que je kiffe, sous son plus beau jour ! Rien ne me fait plus plaisir que d’entendre que j’ai pu donner envie à certains de venir !
Foutrak : C’est vrai qu’à Lyon, on souffre moins de cette image négative, même si certains la considèrent comme un peu froide et bourgeoise. Le running ramène un peu de chaleur ! C’est un discours qui manque certainement d’objectivité mais pour moi, Lyon est la ville idéale pour courir. Les possibilités sont infinies. C’est inépuisable. Tu peux courir seul ou avec des « teams », sur du plat ou en montée, sur les quais ou dans la nature, sur du béton ou dans les chemins… et tout ça dans un cadre magnifique !
 
Vous semblez avoir fait de la course à pied un moyen d’écrire une lettre d’amour à votre ville. Pourtant, vous revendiquez également une passion pour le trail, cette discipline un peu bohême dont l’essence même vous enjoint à s’extirper du tumulte urbain… N’est-ce pas paradoxal ?
Lily Running : Ce n’est pas contradictoire ! Moi, je m’épanouis dans les deux… Surtout qu’à Marseille, on bénéficie avec les Calanques d’un terrain de jeu assez technique à quelques encablures seulement du centre-ville. (Un temps) Bon après, plus ça va, plus je dois reconnaître que je préfère courir dans les chemins… Désormais, pour prendre du plaisir sur la route, il faut que je retrouve ce côté convivial de la sortie en groupe ou que je travaille un point spécifique, en escaliers ou sur une séance de vitesse. Pour m’amuser en ville, je dois trouver une plus-value au simple fait de chausser les baskets !
Foutrak : Courir en ville, c’est la facilité, l’entretien quotidien de son sport, alors que le trail est vraiment lié au plaisir pur. C’est la cerise sur le gâteau, ta sortie longue du week-end ! Quand tu as un rythme de vie « urbain », le trail a cette saveur appréciable de la rareté. Je connais peu de personnes qui ont la possibilité de crapahuter dans les chemins pendant leur pause-déjeuner. Les deux se complètent en fait !
(…)
Recueilli par Baptiste Chassagne
 
L’INTEGRALITE DE L’INTERVIEW A LIRE DANS VO2 RUN 258 DISPONIBLE EN KIOSQUE OU EN COMMANDE ICI

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