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La « bataille » du marathon sévit à Bordeaux

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Poste Le 24 février 2014 par adminVO2

Vendredi 21 février, palais de la Bourse à Bordeaux, conférence de presse en prélude aux championnats de France Elite indoor. Six intervenants (dont le DTN Ghani Yalouz et le président de la FFA Bernard Amsalem) se présentent devant les journalistes. L’adjointe aux sports de la ville de Bordeaux, Arielle Piazza, prend la parole, et annonce la création, samedi 18 avril 2015, d’un marathon de nuit à Bordeaux.A sa gauche, Françoise Carton, représentant la CUB (Communauté Urbaine de Bordeaux, dont le président Vincent Feltesse –PS- sera opposé à Alain Juppé –UMP et actuel maire de Bordeaux-, lors des prochaines municipales), prend ensuite le micro, et met en avant le marathon Bordeaux Métropole, dont la première édition aura lieu le 1er novembre 2014, avant une deuxième édition prévue … les 11 et 12 avril 2015, soit une semaine avant l’autre marathon bordelais !
Troisième intervenant, Stéphane Delpeyrat, de la région Aquitaine, se fend d’un trait d’humour dans son propos liminaire : « Je n’ai pas d’autres marathons à annoncer ». Quelques sourires dans la salle…Explications sur ce bel imbroglio.
« On doit tous le faire ensemble »
Dans la foulée du succès de la course des deux ponts le 17 mars 2013 (pour l’inauguration du pont Chaban Delmas), le président de la CUB Vincent Feltesse souhaite créer un marathon. « Sur la demande de Vincent Feltesse, je travaille sur le marathon depuis juillet » raconte Marco Franchi, directeur de la mission urbanité à la CUB et qui pilote le projet pour celle-ci. « Et j’avais annoncé la chose suivante : on doit tous le faire ensemble. Des courriers sont partis, les mairies susceptibles d’être traversées par la course ont accepté. Sauf Bordeaux, qui a refusé de venir autour de la table, en nous disant qu’il y avait un problème de date. On avait en effet pointé la date du 5 octobre 2014. Mais il y avait plein de courses autour, et on s’est donc décalés en novembre » explique t-il. Le changement de date n’a rien modifié, la mairie bordelaise ne prenant pas part à ce projet. Mais elle a donc été consultée, au contraire de ce que prétendait vendredi 21 février Arielle Piazza.
« Créer une belle dynamique autour de la course à pied sur la métropole »
La CUB a donc poursuivi son projet, et les 1er et 2 novembre 2014, la course à pied sera fêtée à l’occasion du Marathon Bordeaux Métropole (les inscriptions ouvrent en avril), avec plusieurs courses au programme durant tout le week-end. Comme une « Holi Run » (sur 5 et 10 km avec le concept suivant :  tous les kilomètres, les participants traversent des zones de coloriage où l’organisation projette de la poudre d’amidon colorée sur les coureurs), un 30 km, un semi-marathon et le marathon à proprement parler qui aura lieu dimanche 2 novembre, avec un départ prévu au niveau du Pont Chaban-Delmas (un marathon en duo, et un Ekiden seront aussi proposés). « Je travaille beaucoup avec les universités, et on peut arriver à un nombre très élevé sur la Holi Run. Entre 8 000 et 10 000 coureurs, on aura atteint notre objectif. Nous souhaitons aussi faire rentrer l’UFR STAPS dans l’organisation du marathon afin que ça soit un élément de formation pour l’université » poursuit Marco Franchi.
Une co-organisation entre la CUB et la Ligue d’Aquitaine d’Athlétisme
La CUB, qui consacre un budget de 200 000 euros à l’évènement, a sollicité la Ligue d’Aquitaine d’Athlétisme (LAA) pour l’organisation. Un groupe de pilotage a été constitué au sein de la Ligue, coordonné par Daniel Arcuset, président d’honneur de la LAA (il fut président de 1992 à 2004) alors qu’Olivier Gui intervient en tant que prestataire de la Ligue par le biais de sa société, Athletic Impulse. « Nous sommes plus compétents à deux pour piloter une telle organisation » souligne Daniel Arcuset. « La commission régionale des courses hors stade de la Ligue, la commission départementale hors stade de la Gironde sont impliqués, avec le comité départemental. Sur le plan sportif, il y a vraiment une communion. Avec la CUB, tout s’est très bien passé. Tout est réunit pour que l’évènement soit une réussite sur tous les plans ».
Et si la mairie de Bordeaux mettait son veto en refusant que la course y passe ? « On essaie de faire le mieux possible au niveau du parcours, pour faire valoir tous les lieux et les villes traversés. Pour l’instant, on n’en est pas là. Je ne dis pas que ça ne nous préoccupe pas mais on prépare le meilleur dossier possible » reprend Daniel Arcuset. Le dossier devrait être finalisé en avril-mai. « Je souhaite que d’ici juin, tout soit bouclé pour que l’on soit fin août-début septembre en phase d’opérationnalisation » précise t-il. « Notre objectif est de créer une belle dynamique autour de la course à pied sur la métropole, et que ça soit le mouvement sportif qui en est la charge. Notre métier n’est pas d’organiser un marathon. Notre métier, c’est de soutenir les initiatives, que ce soient le marathon ou le Reggae Sun Ska (un gros festival musical) sur le campus » souligne de son côté Marco Franchi, qui possède une belle expérience en matière d’organisation de grands évènements (il fut notamment régisseur du site Bordeaux pour la coupe du Monde de football en 1998).
« Les élections obscurcissent un certain nombre de choses »
Un Marco Franchi las des considérations politiques qui distendent les compétences au lieu de rassembler. « D’entrée de jeu, notre intention était de proposer à la mairie de Bordeaux de se mettre autour de la table. Si aujourd’hui la mairie de Bordeaux dit : “on se met autour de la table pour travailler“, je ne pense pas que l’on ferme la porte. Je reste concentré sur l’action et sur la mise en place du marathon. Les élections obscurcissent un certain nombre de choses. Il faut sortir de ça. J’évite de rentrer dans la guéguerre, parce que ça va faire perdre l’objectif ». Et l’objectif essentiel est bien la promotion de la course à pied, et la mise en place de ce marathon tant attendu, avec le soutien de plusieurs clubs de la métropole.  Si Marco Franchi laisse la porte ouverte, Arielle Piazza a cependant annoncé vendredi 21 février la création d’un marathon de nuit à Bordeaux –organisé donc uniquement par la ville-, le 18 avril 2015, alors que la deuxième édition du Marathon Bordeaux Métropole (celui de la CUB donc) est prévue les 11 et 12 avril 2015 (« pour l’instant on est là-dessus, mais les choses peuvent bouger sur cette deuxième date » souligne Marco Franchi, le Marathon Bordeaux Métropole entrant alors en concurrence frontale avec le marathon de Paris).
Marathon de nuit et mise en avant du patrimoine
Le marathon de nuit (un semi, un Ekiden, un marathon en duo seront aussi organisés) se veut un « marathon haut de gamme, innovant, exclusif. Bordeaux sera à la disposition des marathoniens. On va se plier en quatre pour eux » annonce l’adjointe aux sports sans ambages. Le départ sera donné à 20 heures pour une fin aux alentours de 2 heures du matin. Le circuit comporterait deux boucles de 21 km, avec un parcours empruntant les grands sites patrimoniaux de la ville et ne sortirait pas du périmètre classé  par l’UNESCO. « On veut mettre en avant ce produit patrimonial. On a envie de mettre en avant l’UNESCO. Et on veut taper fort » souligne Arielle Piazza. Aucun chiffre de participation escomptée n’a été avancé alors que le marathon de nuit compte s’appuyer sur le « soutien » de Bordeaux Athlé, un des clubs phares de la région.
« La perspective de voir en 2015 deux marathons ça interpelle un peu »
La Ligue d’Aquitaine d’Athlétisme serait-elle susceptible d’aider à l’organisation de ce marathon de nuit ? « La ville de Bordeaux n’a pas sollicité la Ligue. Notre préoccupation est surtout de réussir ce week-end du 1er et du 2 novembre. Cette perspective de voir en 2015 deux marathons, un de la ville de Bordeaux, et un de la CUB, sur un plan sportif, ça interpelle et ça interroge un peu. Mais on ne veut pas être distrait de notre objectif de réussite du week-end du 1er et du 2 novembre, dans un contexte un peu particulier (les municipales). On reste sur notre position sportive et technique de préparation de cet évènement. Il sera temps dans un meilleur contexte de réfléchir à cela. Mais il ne faut pas que l’on soit distrait de problématiques qui ne sont pas les nôtres.  On est en phase là-dessus au sein de la Ligue » conclut Daniel Arcuset.

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