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Grosses surprises au marathon de Dubaï   

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Poste Le 23 janvier 2015 par adminVO2

Abandon de Kenenisa Bekele, victoire de l’inconnu Lemi Berhanu en 2h05’28’’ (il affichait un record personnel de 2h10’40’’ avant la course !!), le marathon de Dubaï disputé dans la nuit de jeudi à vendredi a été riche en surprises. Chez les femmes, troisième victoire d’Aselefech Mergia, gros chrono à la clé (2h20’02’’).
Décidemment, le marathon de Dubaï a le don de couronner et de mettre en avant des coureurs totalement inconnus (il faut remonter à 2010 et la victoire d’Haile Gebrselassie pour retrouver la trace d’un vainqueur estampillé favori). On se disait qu’avec le plateau 2015 –et Kenenisa Bekele en tête d’affiche, mais pas que- l’hypothèse d’une victoire d’un marathonien aux références ignorées était particulièrement saugrenue. Et pourtant !
Lemi Berhanu, 21 ans d’après sa fiche IAAF, affichait avant ce vendredi 23 janvier un meilleur chrono de 2h10’40’’, établit au marathon de Zurich en avril dernier. Le jeune Ethiopien a fait volé en éclat cette marque, de plus de cinq minutes (5’12 » précisément !).
Un groupe très conséquent figura d’emblée aux avant-postes. Ils furent ainsi 29 ( !!) à passer dans le même temps au 15e km (passage en 44’12’’, soit des bases de 2h04’20’’ au final). Si le rythme « ralentit » quelque peu par la suite (14’39’’ aux cinq premiers km puis 14’43’’ – 14’50’’ – 14’57’’ – 14’54’’ entre les 20 et 25e – 14’59’’), la tête de course se disloqua progressivement.
Abandon pour Bekele
A commencer par Kenenisa Bekele, décramponné au 28e km et qui allait abandonner aux alentours du 31e. Visiblement blessé, comme le laissait entendre son agent Jos Hermens sur les réseaux sociaux. Après des débuts étincelants et victorieux à Paris en avril 2014 (2h05’04’’) puis une 4e place à Chicago en octobre dernier (2h05’51’’), l’homme aux seize titres mondiaux n’a pas terminé le troisième marathon de sa carrière, en dépit d’une meilleure préparation selon ses dires. Et Jos Hermens soulignait avant que la course qu’un « petit 2h04’ serait bien ».
« Je suis content de sa préparation si l’on considère les problèmes auxquels il a dû faire face. (Il a contracté) une inflammation à un tendon d’Achille. Jusqu’à mi-décembre, il a renoncé à plusieurs séances » a indiqué dans L’Equipe du 22 janvier Renato Canova, l’illustre coach italien qui a pris les rennes de la préparation de Bekele à l’issue du marathon de Chicago. Un Renato Canova qui a également distillé au cours de la même interview concernant l’avant-Chicago : « Ce n’était pas de la vraie prépa marathon ! »
L’actuel double recordman du Monde du 5 000 et 10 000 m et triple champion olympique (10 000 m en 2004 ; 5 000 et 10 000 m en 2008) a peut-être de nouveau ressenti ce tendon d’Achille au cours de la course. Il doit disputer le marathon de Londres le 26 avril prochain.
Ce sont donc cinq coureurs qui se sont détachés à moins de dix kilomètres du but, avant qu’un mano-a-mano ne se joue entre Lemi Berharnu et Lelisa Delisa, celui-ci vainqueur à Dubaï en 2013, puis Boston et vice-champion du Monde l’été 2013 à Moscou. Le premier claqua un improbable 2’45’’ entre les 41 et 42e km pour lâcher Delisa, également 2ème à New York en novembre dernier, et l’emporta ainsi en 2h05’28’’ (contre 2h05’52’’ pour Desisa) alors que c’est un autre Ethiopien, Deribe Robi, qui s’est adjugé la 3e place (2h06’06’’).
Très grosse densité chez les femmes 
Du côté féminin, Aselefech Mergia a signé un retour gagnant. Après avoir donné naissance à une fille en juillet 2013, l’Éthiopienne, lauréate à Dubaï en 2011 et 2012, n’avait plus couru depuis marathon depuis l’été 2012 (42e aux JO à Londres). « Si tout va bien, je peux courir sous les 2h20’ et battre le record de la course. Je suis aussi forte qu’avant ma grossesse » avait-elle annoncé.
A l’issue d’une dernière ligne droite à suspense, Mergia s’est imposée d’une petite seconde, en 2h20’02’’, glanant ainsi les 200 000 dollars promis à chaque vainqueur (ce qui représente le plus gros prize money pour un marathon). Soit un chrono à quelques encablures de son record personnel, 2h19’31’’, qu’elle avait justement établi à Dubaï en 2012, et qui constitue le record de l’épreuve.
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Victoire au sprint pour Aselefech Mergia (Photo organisation)

Elle a devancé d’une toute petite seconde la championne du Monde du semi-marathon, Gladys Cherono, qui effectue ainsi des débuts tonitruants sur marathon (2h20’03’’), alors que la Kényane Lucy Kabuu a complété le podium en 2h20’21’’.
Ce fut une course féminine assez incroyable (lancée sur des bases 2h18’ sous l’impulsion de Tigist Tula, qui possédait près d’une minute d’avance à mi-parcours sur le reste du peloton avant de ralentir, d’être rattrapée puis d’abandonner) puisqu’au final dix marathoniennes ont réalisé un chrono inférieur à 2h24’.
 
Kenenisa Bekele
 

Kenenisa Bekele en souffrance (Photo organisation)

Les résultats : cliquez-ici.

Actualisation : « Kenenisa a souffert de problèmes aux ischios. Mais je pense que le vrai problème, ce sont ses tendons d’Achille. Nous avons dû réduire l’entraînement fin novembre à cause de cela. Le record du Monde (2h02’57’’) n’était pas un objectif mais courir en 2h04’ semblait réaliste. Quand je l’ai vu dans la course aujourd’hui, il n’était pas relâché. Il avait l’air crispé. C’est pourquoi il a eu des soucis aux ischios. Mais je reste très confiant pour la suite de sa carrière sur marathon. Je pense qu’il va briller » a souligné auprès des organisateurs Renato Canova à l’issue du marathon.

 

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